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FISCHER Charles Frédéric

Céramiste, (Pl) (★ Strasbourg 29.6.1821 † Oloron-Sainte-Marie 26.10.1882). Petit-fils de Melchior Fischer, menuisier (★ 1759 en Wurtemberg, Allemagne) immigré en 1770, et d’Anne Marie Renchert. Fils de Jean Frédéric Fischer, brasseur (★ Strasbourg 1 floréal an II – 21.4.1794 † Strasbourg 4.12.1837), créateur de la célèbre brasserie Zum Fischer («Au Pêcheur») de la rue du Jeu-des-Enfants, et d’Amélie Rosalie Granier (★ Colmar 13.5.1799), orpheline, fille adoptive de Charles Hubert Granier, officier retraité, et fille de Marie Madeleine Hatt († Colmar 1819). ∞ 23.10.1852 à Strasbourg Marie Laborde dite Sévignacq (★ Oloron-Sainte-Marie 29.7.1825), fille de Jean Laborde dit Sévignacq, maître-charpentier à Oloron-Sainte-Marie, et de Marie Monique Lousteau. Héritier insouciant d’une assez belle fortune, Fischer ne sut préserver son patrimoine après la mort de son père. Il quitta l’école de Droit pour tenter de créer, avec ce qui lui restait, et d’après ses propres plans, un domaine rural au Teufelsloch (Trou du Diable); mais, avant même qu’elle fût achevée, la ferme devint la proie des créanciers. Ruiné, il décida de mettre à profit ses goûts artistiques, et s’orienta vers la poterie. Les éphémérides alsaciennes le signalèrent en 1847 à Soultz-sous-Forêts, dirigeant un atelier de production. Le 13 juillet 1850, la préfecture du Bas-Rhin lui accorda une autorisation pour la construction d’un petit four à poterie d’art à Strasbourg, ce qui régularisa la construction que, sans attendre, il avait déjà faite, puis une autre le 31 octobre 1851, dans l’ancien atelier de forge Bertinat. Vers la fin des années 50, il dirigea la fabrique de poteries d’art de la Montagne-Saint-Honoré, dans le Morvan, créée dès 1847, et qui produisait des céramiques dans le genre d’Avisseau, ou peintes, renommées pour leur qualité et leur beauté. En 1859, il sollicita un passeport pour Saint-Sébastien et Grenade, envisageant alors de s’installer en Espagne. Toutefois, c’est à Oloron-Sainte-Marie, pays de sa femme, qu’il créa en 1861, dans cet ancien centre faïencier du XVIIIe siècle, une petite fabrique de faïence artistique. Son opiniâtreté et son habileté furent couronnées de succès, car, dès 1866, ses œuvres et celles de sa femme furent exposées à l’Exposition pour l’agriculture, l’industrie et les beaux-arts d’Oloron-Sainte-Marie à laquelle figuraient: à la section de l’industrie, une collection de poteries artistiques pour l’ornementation de salles à manger, salons et chambres; à la section des beaux-arts (vitraux, émaux): un bouquetier, couleurs au grand feu; à la section sculpture: une statuette de Sainte-Odile. De sa femme: un autoportrait; les bustes de son mari, de son père; un Ossalois; une Ossaloise; un bas-relief figurant une chasse au sanglier; un Saint Vincent de Paul (plâtre). Et pour les objets d’art et de curiosité: un groupe d’animaux, en céramique émaillée; un poussah chinois; un grès représentant des fleurs de glycine. En 1870, un marché passé avec Blanc, le fermier des jeux de Monaco, lui assura pendant 10 ans l’écoulement de ses meilleurs produits, d’une production orientée vers les pièces décoratives aux émaux polychromes: coupes, vases corbeilles à fruits, cache-pots, aiguières, surtouts de table, fontaines d’appartement, plats Palissy et Henri II. De nouvelles médailles s’ajoutèrent à celles de vermeil et d’argent que lui et sa femme reçurent à Oloron, et le récompensèrent aux expositions qu’il fit à Pau, à Bordeaux, à Toulouse, en Espagne et à Vienne. Fischer retrouva dans son intérieur à Oloron, l’aisance perdue pendant vingt ans. Il était reconnu pour être un homme généreux, et un artiste doué, et, à sa mort, le Glaneur d’Oloron parla du «céramiste distingué dont le talent honorait l’industrie artistique de cette ville». Sa petite fabrique continua plus d’une dizaine d’années après lui, sous la direction de sa femme, avant l’extinction définitive des fours.
Archives municipales de Strasbourg, état-civil, registres de la population; Archives municipales Oloron, état-civil et reg. pop.: 2F3/1; Archives départementales du Bas-Rhin 5M206; Livret de l’Exposition d’Oloron-Sainte-Marie (agriculture, industrie, beaux-arts), Oloron, octobre 1866; Revue alsacienne, 13e année, 1890, p.318-319; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.1, 1909, 501; Tardy, Poteries et faïences françaises, édit. 1957/1960, t.2, p.1062 et t.3, p.2147; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1399; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p.3003.

Jean-Paul Minne (1988)