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FISCHBACHER Charles Guillaume

Editeur parisien, (Pl) (★ Strasbourg 25.12.1840 † mai 1919). Fils de Charles Guillaume Fischbacher, tonnelier († 26.7.1847), et de Frédérique Caroline Bauer. ∞ 8.9.1868 à Strasbourg Marie Emma Roth (★ Strasbourg 5.5.1847), fille de Jean Roth, boulanger, et d’Élisabeth Bender. Après ses études à Strasbourg, il vint à Paris en 1868 comme fondé de pouvoir des éditions Cherbuliez; cette maison protestante genevoise possédait une importante succursale à Paris. Elle y éditait plus particulièrement des ouvrages protestants de tendance libérale (hostile, donc, au mouvement du Réveil), entre autres les livres du pasteur Athanase Coquerel, l’un des pasteurs réformés les plus connus de la capitale et ceux de son fils (dit Athanase fils) ou le monumental recueil des frères Eugène et Émile Haag consacré aux protestants célèbres, et intitulé La France Protestante (1846-1858). Aidé par un associé, Fischbacher racheta ce fonds en 1872 pour fonder la maison Sandoz et Fischbacher, installée au 33 de la rue de Seine où elle se trouve encore, dont il devint peu après l’unique propriétaire, la maison s’appelant simplement librairie Fischbacher. Plus tard il racheta également deux autres maisons d’édition protestantes parisiennes, la librairie Grassart et la librairie Charles Meyrueis, qui éditaient plutôt des ouvrages protestants de la tendance orthodoxe ou évangélique, cela lui permit de devenir le principal éditeur protestant de la capitale, publiant sans aucune exclusive des ouvrages représentatifs des diverses tendances doctrinales se partageant alors le protestantisme français, bien qu’il appartînt lui-même à la tendance libérale. La venue à Paris d’un nombre non négligeable d’Alsaciens refusant de devenir Allemands à la suite de l’annexion de 1871 le conduisit, par ailleurs, à resserrer ses liens avec le milieu intellectuel strasbourgeois; ne fit-il pas imprimer nombre de ses publications par l’un de ses anciens condisciples du Gymnase, l’imprimeur Fischbach © ? Cela l’aida aussi à développer ses activités. En 1877, en effet, après de nombreux débats et atermoiements, la Faculté de Théologie protestante de Strasbourg fut officiellement transférée à Paris (devenant alors une faculté luthéro-réformée). Ceux de ses professeurs qui le souhaitaient y retrouvèrent leur chaire; ce fut le cas de Frédéric Lichtenberger (1832-1899) et d’Auguste Sabatier (1839-1901). Et, peu à peu, la faculté de Théologie de Paris devint un centre intellectuel de renom dont la librairie Fischbacher se mit alors à éditer une bonne partie des publications, ainsi que celles d’autres intellectuels protestants s’intéressant aux questions religieuses. Citons, parmi ceux-ci: Albert et Jean Réville, Samuel et Philippe Berger ©, Edouard Reuss ©, Frédéric Godet (dont les commentaires sur les Évangiles firent longtemps autorité dans le camp évangélique), Eugène Ménégoz et Auguste Sabatier (les deux fondateurs de l’«École de Paris», dite aussi «symbolo-fidéiste»), Edmond de Pressensé, Charles Wagner ou Wilfred Monod. Il fut aussi l’éditeur de la grande Encyclopédie des sciences religieuses, dirigée par F. Lichtenberger © (13 vol. 1877-1882) et de la révision de La France protestante des frères Haag par Henri Bordier (interrompue en cours de publication, 6 vol. parus entre 1877 et 1888). Il est plus particulièrement connu dans le public protestant pour avoir fait paraître, à partir de 1880 un Agenda protestant (signé Frank Puaux) devenu, après le rachat de la librairie Grassart, qui publiait un Annuaire protestant, Agenda-Annuaire protestant, puis, tout simplement Annuaire protestant.
L’Alsace française du 5 mars 1933; H. Dartigue, Un centenaire Charles Guillaume Fischbacher, s. l., 1940; J.B., «Guillaume Fischbacher, éditeur alsacien à Paris», Alsace et Moselle, 1953, n°17; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1975, 1399.

André Encrevé (1988)