Réformateur strasbourgeois, (C puis Pl) (★ Haguenau vers 1490 † Strasbourg 1545, probablement avant 12.7). Fils de? (serait-ce le teinturier Hans Fyrn de Haguenau, qui acheta le droit de bourgeoisie à Strasbourg le 22.5.1486 ?). ∞ 9.11.1523 à Strasbourg Catharina N, qui était sa gouvernante et concubine depuis au moins cinq ans. Immatriculé à l’Université de Fribourg en Brisgau le 30.9.1506, il y obtint la maîtrise ès arts à la mi-décembre 1510. Chapelain à l’hôpital de Haguenau, puis de 1519 à 1521 curé de Saint-Étienne à Strasbourg, il devint curé de Saint-Thomas le 23 juin 1521. Gagné à la Réforme et se sentant soutenu par le nouveau prévôt de Saint-Thomas, W. Capiton ©, il se mit à prêcher ouvertement à la luthérienne à partir de juin 1523 malgré l’opposition de son doyen, Nicolas Wurmser ©, et acheta le 12 du même mois le droit de bourgeoisie de Strasbourg. Bien plus, il fut le premier prêtre alors en fonction dans cette ville à se marier: le 18 octobre 1523 il annonça du haut de la chaire qu’il allait épouser sa gouvernante, et le 9 novembre suivant fit bénir son mariage à la cathédrale par le curé de Saint-Laurent, le réformateur M. Zell ©, dont le sermon fut immédiatement imprimé chez W. Kœpfel ©. L’affaire fit sensation : le chapitre de Saint-Thomas lui signifia son renvoi, mais, soutenu par ses partisans et par l’attitude de prudente bienveillance du Magistrat, Firn se maintint à son poste, n’hésitant pas à chasser de la chaire et du chœur de Saint-Thomas ceux qui devaient le remplacer. Cinq autres prêtres se marièrent à leur tour fin 1523/début 1524, de sorte que Firn ne fut plus le seul à être cité le 20 janvier 1524 devant l’évêque Guillaume de Honstein ©, puis excommunié par lui le 14 mars/3 avril 1524 : contre cette mesure il signa avec ses collègues l’appel au concile du 10/12 avril 1524. Mais comme l’évêque laissa finalement tomber l’affaire, Firn garda sa paroisse, où il introduisit, à l’exemple de Zell dès le 19 février 1524, la messe en allemand et la cène sous les deux espèces. En avril 1529 le Magistrat lui adjoignit Martin Bucer ©, puis le muta fin septembre 1531 à Saint-Nicolas, où en fin de compte Joh. Marbach © lui succéda le 12 juillet 1545. Entre temps ses relations avec ses collègues étaient devenues moins cordiales: au synode de 1533 ils lui reprochèrent de ne venir ni aux réunions bimensuelles des pasteurs, ni aux cours d’exégèse biblique et de se singulariser dans l’administration des sacrements ; lui de son côté, critiquait leur façon de prêcher, leur reprochait de s’occuper plus de leurs publications savantes que de leurs sermons et demandait que lors de la cène on fasse un appel en faveur des pauvres.
Actes le concernant: Archives municipales de Strasbourg, spécialement IV 701 a/13, et Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, en particulier 192 (protocole de Nic. Wurmser, années 1520-1524).
Centuria epistolarum theologicarum ad Joh. Schwebelium, Deux-Ponts 1597, p.36-37; A. Jung, Beiträge zu der Geschichte der Reformation, II, Strassburg, Leipzig, 1830, p.138-145; T.W. Röhrich, Geschichte der Reformation im Elsass, I, Strassburg, 1830, p.179-187; A. Baum, Magistrat und Reformation in Strassburg, 1887, p.33-49; «Annales de Brant», Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 2es., 19 (1897-1899), p.70-78; J. Ficker et O. Winckelmann, Handschriftenproben, II, Strassburg, 1905, n°63; A. Hanauer, Le protestantisme à Haguenau, Strasbourg, Colmar, 1905, p.53; H. Mayer, Die Matrikel der Universität Freiburg i. Br. 1460-1656, Freiburg im Breisgau, p.172; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.1, 1909, p.498-499; J. Adam, Evangelische Kirchengeschichte der Stadt Strassburg, Strassburg, 1922, p.59-66; Ritter, n°431, 2257, 2513, 2515; Ch. Wittmer et J. Ch. Meyer, Le livre de bourgeoisie de la ville de Strasbourg 1440-1530, II, Strasbourg 1954, n°3780 et 7259; Bopp, Die evang. Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n°1381 et p.604; Quellen zur Geschichte der Täufer, VIII / Strassburg 1533-1535, bearb. v. M. Krebs et H. G. Rott, Güttersloh, 1960, p.48-52; W. S. Stafford, Domesticating the clergy, Missoula, 1974, p.151-166 et 274-276; Correspondance de Martin Bucer, publiée p. J. Rott, I, Leiden, 1979, p.208-209.
Jean Rott (1988)
