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FILLIGER (FILIGER) Charles

Peintre du groupe des impressionnistes et symbolistes, (C) (★ Thann 28.11.1863 † Brest 11.1.1928). Fils de Martin Filliger, dessinateur à la fabrique de tissus imprimés Scheurer-Rott en 1870 (★ Habsheim 9.11.1816 † Thann 7.11.1895), et de Justine Chicherio (★ Thann 12.12.1825 † Thann 11.2.1891). Après avoir fréquenté les premières classes du collège de Thann, Filliger fut envoyé en 1873 au collège libre de Lachapelle-sous-Rougemont, puis alla étudier le dessin à Paris à l’atelier Colarossi. En juillet 1888, il prit contact avec Pont-Aven. L’année suivante, il s’installa au Pouldu avec Gauguin et Sérusier à l’hôtel de la Plage où devait naître le groupe des Nabis, animé par «le symbolisme pictural». Sans produire beaucoup, Filliger participa désormais, vers la fin du siècle, aux expositions des peintres impressionnistes et symbolistes. Il exposa également aux Salons de l’ordre de la Rose-Croix fondé par Joséphine Peladan et contribua, en même temps, à l’illustration de l’Imagier de Rémy de Gourmont et d’Alfred Jarry ainsi que du journal Le Cœur fondé par le comte Antoine de La Rochefoucault. Mécène généreux, ce dernier fit bénéficier Filliger pendant une dizaine d’années d’une rente en échange de certaines œuvres. Son originalité picturale, inspirée de l’art byzantin et des primitifs italiens, ne fut appréciée que de rares connaisseurs, tels Alfred Jarry. Filliger resta ainsi un artiste méconnu pendant des décennies. Les dernières années de son existence solitaire et pauvre ne furent plus qu’une continuelle errance à travers les hameaux de la terre bretonne. Il n’avait pourtant pas oublié son origine alsacienne comme le prouvent les armoiries thannoises sur une gouache rehaussée d’or et l’image de saint Thiébaut «en souvenir de ma mère et du pays de ma naissance». Dans un souci de simplicité, Filliger supprima une lettre de son nom et signa ses créations du nom de C. Filiger. Un tiers de l’œuvre laissée par Filliger est constitué par ce que les historiens de l’art appellent les « notations chromatiques » et qu’ils comparent à des projets de vitraux. Ce sont des recherches personnelles, des « morceaux d’enluminures » créés au début du siècle. Après sa période de Pont-Aven, sa vie, solitaire et misérable, s’est achevée le 11 janvier 1928. Il fut découvert dans une rue de Plougastel, les veines entaillées. Le même jour, il décéda à l’hôpital de Brest. Il est enterré au cimetière de Plougastel-Daoulas. Son nom n’est pas inscrit sur la stèle. En 1981 fut ouvert au musée départemental du Prieuré à Saint-Germain-en-Laye, une exposition: Symbolistes et Nabis – Maurice Denis et son temps. Grâce à des dons et des prêts, Filliger y est largement représenté par des dessins, des gouaches, des aquarelles. Le catalogue, richement illustré, dû à Marie-Amélie Anquetil contient une bibliographie exhaustive.
J. Baumann, « Charles Filliger, ami de Gauguin, un peintre originaire de Thann », ALS du 11.11.1962; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1974, 1336-1337; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs… Paris, IV, 1976, p.363; New Encyclopaedia Britannica, t.8, 1979, p.112; M. Cottaz, Les Nabis à Saint-Germain, Réalités – Le Spectacle du Monde, janvier 1981; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècle, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, Edit. Oberlin, II, 1985, p.96; François Lotz (en collabor. avec J. Fuchs, L. Kieffer, R. Metz), Artistes-peintres alsaciens de jadis et de naguère 1880-1982, Pfaffenhoffen. 1985, p.190, n°209.

Joseph Baumann (1988)