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FELS Marie Émile Étienne

Industriel, historien de l’art et archéologue, (C) (★ Hielle, Commune de Rupt-sur-Moselle, Vosges, 27.11.1900 † Strasbourg 24.2.1970). Fils de Marie Louis Xavier Fels, industriel († 26.10.1954), et de Marie Magdeleine Louise Walter. ∞ I 28.2.1924 à Rupt-sur-Moselle Marguerite Imbert, fille d’Iwan Imbert, et d’Hélène Schmerber; ∞ II 18.9.1943 à Paris (16e) Marie Edmée Irène Tessier. Les grands-parents de Fels avaient quitté l’Alsace au lendemain de la guerre de 1870/71 et transféré leur entreprise textile de Schirmeck dans la haute vallée de la Moselle au lieu-dit Hielle. Fels fit ses études secondaires à Paris à l’école Gerson, puis au lycée Jeanson-de-Sailly et prépara l’entrée à l’École Centrale où il fut admissible, mais renonça à se présenter à l’oral pour passer une licence ès lettres, suivie d’un diplôme d’études supérieures sur la collégiale Saint-Thiébaut de Thann. Reçu en 1923 au concours d’entrée à l’École des Chartes, il en sortit en 1928 avec une thèse sur L’architecture religieuse en Alsace à l’époque romane, et le diplôme d’archiviste-paléographe. Le décès de son frère aîné l’avait obligé à s’occuper de l’entreprise familiale à partir de 1925 ce qui ne l’empêcha pas de réserver par la suite le meilleur de son temps et de son énergie à promouvoir les recherches archéologiques. La sûreté de ses connaissances, le sens qu’il avait de l’histoire et l’étendue de sa culture, alliés à une étonnante facilité d’expression verbale lui permettaient d’aborder les problèmes les plus complexes de l’architecture du haut Moyen Âge et de l’époque romane. Il a publié les résultats de ses recherches dans de nombreux articles et communications à la Société française d’archéologie où l’avait introduit François Deshoulières, et surtout à la Société des Antiquaires de France. Dès sa sortie de l’École des Chartes, Fels se lia d’amitié avec le chanoine Joseph Walter ©, bibliothécaire de Sélestat, auquel il succéda en 1953 comme président des Amis de la cathédrale de Strasbourg, et avec le professeur Hans Reinhardt © de Bâle dont il fit son compagnon de voyage privilégié pour l’étude sur place des monuments qui retenaient leur attention commune. Dès 1932, Fels publia un important article sur le transept de la cathédrale de Strasbourg, point de départ du colloque de 1968. En 1933 et en 1937 Fels et Reinhardt publièrent dans le Bulletin monumental deux articles essentiels sur « Les églises-porches carolingiennes et leur survivance dans l’art roman », qui bouleversèrent quelque peu les données traditionnelles de l’histoire de l’architecture pré-romane et romane en France. En 1933, lors du congrès de la Société française d’archéologie dont Fels fut toute sa vie un membre actif, il publia d’importantes études sur la cathédrale de Verdun et les églises de Dugny et de Mont-devant-Sassey. Alliant les méthodes archéologiques françaises avec les apports de l’érudition allemande, Fels démontra le caractère « impérial » et « ottonien » de l’architecture lorraine romane. Une autre étude, parue en 1939 dans le Congrès archéologique de France, reprit à propos de Saint-Sever-sur-l’Adour les mêmes méthodes pour montrer les rapports entre l’architecture de l’Empire et celle du Midi atlantique français dans le traitement du chœur et du transept. Ainsi futprouvée la filiation entre des milieux historiques différents. À partir de 1946, Fels se dévoua plus particulièrement à la Société des Amis de la cathédrale de Strasbourg. Fels fut à l’origine des fouilles entreprises aux cathédrales de Chartres, Reims et Strasbourg, destinées à vérifier les hypothèses qu’il avait émises sur les « églises-porches » et sur les façades romanes. Il publia successivement: La cathédrale carolingienne de Reims et ses rapports avec l’église abbatiale de Saint-Riquier, 1947; Les origines du plan bénédictin en Allemagne, 1948; La cathédrale de Strasbourg élevée par l’évêque Wernher, 1960: nouvelles recherches sur la façade dans laquelle Fels voyait le dérivé du type de Marmoutier et le modèle de celle de Saint-Thomas; Les églises carolingiennes en Basse Saxe (Westphalie), 1954/55. La dernière entreprise de sa vie d’archéologue fut le colloque qu’il réunit à Strasbourg en 1968 avec pour objet l’étude des influences dont le transept sud de la cathédrale et plus particulièrement le pilier des Anges portent la marque. Des historiens de l’art français, allemands et suisses y échangèrent des vues nouvelles sur l’histoire de ces sculptures, leur style et leur iconographie. Le compte rendu du colloque fut publié dans le Bulletin monumental de 1971 et dans le Bulletin des Amis de la cathédrale de Strasbourg en 1972 en hommage à l’archéologue passionné et désintéressé que fut Fels. «La cause des Amis de la cathédrale de Strasbourg lui fut sans doute la plus chère parce qu’elle s’accordait à ses origines familiales comme au sens qu’il avait du poids de l’histoire quand elle se veut sans frontières» (Michel François). Fels entretint des rapports suivis avec l’administration des Monuments historiques, chargés de l’entretien et de la restauration de la cathédrale. Fels fut chevalier de la Légion d’honneur (1950), des Arts et des Lettres et du Mérite agricole. Il fut en outre inspecteur général de la Société française d’archéologie et membre résident de la Société nationale des Antiquaires de France, membre de la Commission de l’Art sacré du département des Vosges.
Cahiers de civilisation médiévale, t. 13, 1970, p.183-184; Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 1970, p. 189-190; Bibliothèque de l’École des Chartes, t.128, 1971, p.517-521; Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1972, p.10-11; Bulletin des Amis de la cathédrale de Strasbourg, t.9, 1970, p.6-7; et t.10, 1972, p.8-9; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1975, 975-976.

François-Joseph Fuchs (1988)