Premier médecin-physicien et bourgmestre de la ville de Sélestat, avocat au Conseil souverain d’Alsace, médecin-spécialiste à Paris, connu par sa tisane anti-syphilitique (★ Sélestat 6.2.1701 † Paris 12.12.1761). Fils de 1. ∞ I ? Marie Madeleine Riffelmann († Sélestat 10.1.1746), sans enfant. ∞ II 27.6.1746 à Sélestat Anastasie Weiber (★ Sélestat 14.3.1721 † Sélestat 12.11.1780), fille de Jean Weiber, conseiller, et d’Ursule Joachim. Trois fils. Après des études chez les Jésuites, il s’inscrivit à la faculté de Médecine de Strasbourg le 20 décembre 1720 et présenta le 21 octobre 1721 une thèse de doctorat sur L’air, modérateur de la vie et de la santé, dédiée au Magistrat qui lui accorda une gratification de 150 livres. En 1723, Fels occupa la place de médecin devenue vacante à la suite de la mort du Dr André Heffter, survenue le 20 juillet 1720. Au cours des années 1724 et 1725, Fels remplit effectivement les fonctions de second médecin-physicien de la ville, à côté du Dr F. Antoine Brunck ©, physicien et bourgmestre. De 1726 à 1734, Fels n’exerça pas ses fonctions, il fut même absent de Sélestat. Ce ne fut qu’après la mort de Brunck qu’il reparut pour recevoir le 7 janvier 1735 la charge de physicat. En tant que médecin de la ville, Fels jouissait d’une bonne renommée. Le jésuite Dominique Roos ©, tout en lui trouvant une ambition démesurée, parle de lui avec beaucoup de considération et d’estime. Le 21 mars 1740 Fels se fit immatriculer à la faculté de Droit de Strasbourg en tant que docteur en philosophie et en médecine, archiâtre et – par anticipation sans doute – consul de la ville de Sélestat.Il fut en effet élu bourgmestre le 29 septembre 1740. Fels s’inscrivit comme avocat au barreau du Conseil souverain, après avoir, le 26 avril 1746, remis sans motif connu sa démission de médecin-physicien. En octobre 1760, où l’intendant d’Alsace de Lucé © «lui intima de continuer les opérations commencées (traitement de malades), l’intention du Roi étant que Fels retournât au plus tôt à Paris». Sa démission du physicat lui avait permis de se consacrer davantage à sa méthode thérapeutique anti-syphilitique et à sa clientèle à Paris, où il s’installa dans le quartier des Halles. Par une procédure au-devant du Magistrat, on sait que Fels avait déjà administré son spécifique à Sélestat avant 1754. Mais le premier rapport officiel concernant la tisane de Fels fut l’arrêt du Conseil d’État du roi du 23 août 1760 auquel se réfère l’Almanach général d’indication qui, dans les remèdes et secrets approuvés, fait l’éloge du remède; «le sieur Fels, rue Quincampoix, premier médecin et bourgmestre de Schelestat, autorisé par lettres patentes de sa Majesté et par privilège exclusif, vend un spécifique anti-vénérien qui guérit radicalement, en vingt-quatre jours, les maladies les plus invétérées et dont les succès admirables lui méritent de plus en plus la confiance publique». Une preuve de la popularité de son remède, dont «la cure valait six louis d’or», est relatée dans un entrefilet de la Gazette de Médecine, faisant état de l’appel de Fels en consultation auprès d’une malade grave par le célèbre Bordeu. La renommée de la tisane de Fels fut telle que sa veuve obtint à son tour, par arrêt du Conseil d’État du 30.4.1762, «le privilège exclusif de continuer de composer le remède et de le faire administrer par ses préposés…». Cet arrêt fut confirmé par lettres patentes du 3 décembre 1762. Deux avis élogieux parurent également dans le Mercure de France en août 1762 et février 1763. Enfin, on peut noter que la formule de la tisane de Fels «apozème de salsepareille composé» figurait encore dans la 21eédition de l’officine de Dorvault en 1982.
Archives nationales, E 2388, pièce n°87; E 2399, pièce n°132; série 01, volume n°106; Bibliothèque nationale Paris, V 25-838; Archives municipales Sélestat, CC 153, p. 15-16, Reg. Aud. Mag., 1734-1739, 25 v, 216 v; 1754-1755, 228, 239; Bibliothèque municipale Sélestat, MS 265 ; Annonces, affiches et avis divers du 11.2.1761; Gazette de médecine, t. 2 du 3.8.1761; Mercure de France, août 1762, p.138-142; février 1763, p.203-208; D. Roos, Namhafte Leute und Haeuser von Schlettstatt, 1793 (notice Fels); G. Knod, Die Matrikeln der Universität Strassburg, 1897-1902, t. 2, p.38, 579; M. Bouvet, «Histoire des vieilles spécialités pharmaceutiques, La tisane de Feltz», Paris médical du 16.6.1928; Dr M. Kubler, «Le Dr Bernard Joseph Fels (1701-1761) et sa tisane», Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1960, p.99-117; Formulaire pharmaceutique de J. Leclerc, Paris, 1965, p.1712; L’officine de Dorvault, Paris, avril 1982, p.1700.
Maurice Kubler (1988)