Saint, premier évêque de Trêves, selon la liste épiscopale. Le nom grec ne permet aucune conclusion sur l’origine ethnique du prélat. Une inscription, composée vers 455 par Cyrille, évêque de Trêves, autrefois conservée à Saint-Mathias de Trèves, associe le souvenir d’Euchaire à celui de Valère, son successeur à l’épiscopat ; c’est dans cette église que se trouvait la sépulture des deux premiers évêques. A la suite d’une translation de reliques de Cologne à Trêves entre le VIe et le VIIIe siècle, une abondante légende associa aux deux premiers, saint Materne, premier évêque de Cologne en 313. Ainsi, à partir du VIIIe siècle, le culte des trois saints, Euchaire, Valère et Materne, est indissolublement associé à Trêves. Au Xe siècle la Vita des trois saints présente au lecteur la légende des trois disciples de saint Pierre, qui partirent de Rome pour évangéliser la Gaule et la Germanie ; à Ehl (près de Benfeld), Materne mourut ; les compagnons retournèrent à Rome, où saint Pierre leur donna son bâton pour ressusciter le défunt. Puis les trois saints se dirigèrent sur Trêves pour y prêcher l’Évangile et y occuper successivement le siège épiscopal. Cette pieuse légende survécut jusqu’au XXe siècle, où les fictions furent enfin séparées des réalités historiques : Euchaire et Valère dirigèrent l’un après l’autre l’église de Trêves durant la seconde moitié du IIIe siècle. Tout ce qui dépasse cette affirmation ne relève plus de l’histoire, mais de la littérature hagiographique.
Bollandus, et a., Acta Sanctorum, Januarius III, Bruxelles, 1863, p. 533-537 ; L. G. Gloeckler, Geschichte des Bistums Strassburg, I, Strasbourg, 1879, p. 17-29 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 463-464 ; L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, III, Paris, 1915, p. 34 et 178 ; A. M. Burg, « La christianisation de l’Alsace et l’église de Trêves », Archives de l’Église d’Alsace, 24, 1957, p. 1-19; Lexikon für Theologie und Kirche, III, 1165-1166 ; Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, XV, 1963, 1319-1320 ; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1971, 232-233 ; Lexikon der christlichen Ikonographie VI, 1974, 172-173.
André-Marcel Burg (1987)
