Editeur-libraire, (Pr) (∞ ? † Strasbourg 1564).
D’origine vraisemblablement française. La première mention qu’on a de lui date de Genève, juillet 1552. Le 13 mars 1555 il obtint à Strasbourg le droit de bourgeoisie par mariage avec Jeanne, fille de Gilles de Metz, qui s’était réfugié dans la cité rhénane pour cause de religion. Tant par zèle évangélique que par affairisme, Estiard développa une intense activité commerciale entre Genève, Lyon, Bâle et Strasbourg. Toujours à l’affût d’ouvrages d’actualité historique ou théologique, il chercha à en assurer coûte que coûte la diffusion, fût-ce en outrepassant les consignes de la censure ou en empiétant sur les droits de tel ou tel confrère, suisse notamment. On arrive mal à cerner sa production, car lui-même n’a signé que deux ouvrages. C’est à lui cependant qu’on doit les seuls gros in-octavo édités à Strasbourg en français au XVIe siècle, à savoir l’Histoire de l’estat du Païs Bas de Francisco de Enzinas (1558), les Cent sermons sur l’Apocalypse de Fienri Bullinger (1558), l’Histoire de l’estat de la religion et republique sous l’empereur Charles cinquième de Jean Sleidan (1558), et L’estat de l’Église dez le temps des apostres iusques à l’an présent de Jean de Hainaut (1564). Dans le monde des affaires E. était connu comme un activiste toujours à la limite de la légalité. Cette réputation était si bien établie qu’après sa mort d’autres éditeurs soucieux de protéger leur anonymat utilisèrent son nom comme couverture, et cela jusqu’en 1597.
Ritter, Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace aux XVe et XVIe siècles, p. 363-365 ; R. Peter, « Les premiers ouvrages français imprimés à Strasbourg », Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, VIII, 1978, p. 22-70 ; J.-M. Arnoult, « Pierre Estiard, imprimeur-libraire, 1552-1597 ? », Cinq siècles d’imprimerie genevoise, Genève, 1980-81, t. I, p. 151-169.
Rodolphe Peter (1987)