Dessinateur et graveur (★ Weill, Souabe, 1640 † Paris 1710). Un acte de naturalité enregistré en 1689, conservé aux Archives nationales, confirme cette origine. En effet, bien qu’il ait été longtemps considéré comme Alsacien et intégré dans les études concernant cette province, cet acte et les recherches récentes ont définitivement prouvé que Ertinger n’est pas né à Colmar, et permettent de faire le point sur la nature – limitée – des liens de son œuvre avec l’Alsace. Fit son apprentissage à Anvers ; reçu à la guilde de Saint-Luc en 1677/1678. Après un hypothétique voyage à Rome, s’installa à Paris, peut-être appelé par Van der Meulen ou Nicolas Pitau. En 1692, devint graveur attitré du Mercure Galant. En 1707, mentionné comme « graveur du Roy ». Œuvre importante en nombre, mais de qualité médiocre. Plusieurs dessins conservés à l’Albertina de Vienne (Noé se préparant à entrer dans l’arche), et à la Bibliothèque municipale de Colmar (scènes mythologiques). Il grava de nombreuses vignettes à caractère de frontispice (31 à la Bibliothèque municipale de Colmar) : suite pour œuvres de Molière et suite pour le répertoire de l’opéra français. L’essentiel de son œuvre est la reproduction de tableaux de La Fage, Histoire des Comtes de Toulouse, Noces de Cana, Bacchanales, de Jos. Werner, Métamorphose, de Rubens, Histoire d’Achille et Vie d’Alexandre, de Poussin, de Van der Meulen, ainsi que des vues de plans de villes et de batailles souvent d’après A.-F. Baudoin, Leclerc ou Baulieu. La présence de plusieurs de ses œuvres à la bibliothèque de Colmar n’est due qu’aux hasards de la constitution de collections d’estampes.
Foltz, Souvenirs historiques du Vieux Colmar, suivis d’une courte notice biographique des hommes distingués de cette ville, 1887, p. 246 ; J.-B. Fleurent, « Peintres et dessinateurs de Colmar pendant le XIXe siècle », Bulletin de la Société Schongauer, 1893-1903, p. 86 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 458 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XI, p. 15 ; R.-A. Weigert, Inventaire des Fonds Français. Graveurs du XVIIe s. de la Bibliothèque Nationale de Paris, t. 4, 1961, p. 84-85 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, p. 1406 ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, IV, 1976, p. 191 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2849.
Michèle-Caroline Heck (1987)
