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ERNST Charles Félix Marie Camille

Préfet, (C) (★ Sélestat 29.9.1900 † Paris XIIIe 1.9.1983).

Fils de Marie Joseph Anatole Ernst, négociant, et de Marie Mathilde Sorg. ∞ 11.8.1941 à Effiat, Puy-de-Dôme, Yvonne Marie Madeleine Isabelle de Moroges. Issu d’une famille alsacienne de vieille souche, Ernst fit ses études aux lycées de Haguenau et de Strasbourg, puis à la faculté de Droit de Paris. Licencié ès lettres, admissible à l’agrégation d’allemand, ses études le conduisirent à se diriger vers l’enseignement : il fut professeur de langues vivantes à l’École Alsacienne de Paris de 1924 à 1928. À cette date, il s’orienta vers une carrière administrative et devint rédacteur à la présidence du Conseil (services d’Alsace et de Lorraine). Affrontés après 1924 aux problèmes du mouvement autonomiste, les gouvernements modérés aux affaires durant la législature 1928-1932 choisirent de confier des fonctions administratives et, en particulier, des postes de sous-préfets à d’authentiques Alsaciens formés, après la guerre de 1914-1918, dans les universités françaises. Ernst fut de leur nombre et appelé le 4 novembre 1930 à la sous-préfecture d’Erstein. Ce choix se révéla heureux ainsi qu’en témoigne la brillante carrière qu’il accomplit. Il resta 6 ans dans cet arrondissement à caractère mi-rural, mi-urbain. Il se familiarisa avec le domaine administratif, assurant de précieux contacts entre le représentant de l’État et les élus locaux. Il quitta l’Alsace en 1936 pour occuper le poste de secrétaire général de l’Orne, puis de la Meuse (1939), et de l’Hérault (1940) où il rendit de nombreux services aux réfugiés d’Alsace et de Moselle. Conseiller de préfecture à Marseille (1943), il seconda son collègue et ami Pierre Barraud dans l’administration de cette grande ville jusqu’à sa déportation en Allemagne le 2 juillet 1944. Dans ces postes, il assura également très efficacement la sauvegarde de nombreux juifs réfugiés. Cette attitude courageuse lui valut ultérieurement la médaille des Justes, haute distinction conférée par le gouvernement d’Israël.
Libéré grâce à l’action des armées alliées en Allemagne, rentrant de Dachau, il se vit confier de nombreux postes de préfet : Ardennes (1945), Aisne (1946), Alger (1947), Seine-et-Marne (1950), Alpes-Maritimes (1953), pour accéder à la charge d’inspecteur général de l’Administration en mission extraordinaire. Appelé en cette qualité à la préfecture régionale d’Ille-et-Vilaine à Rennes le 11 juillet 1955, il termina sa carrière comme directeur général des affaires politiques et de l’administration du territoire au ministère de l’Intérieur (mai 1960). En janvier 1963, il bénéficia du congé spécial et prit sa retraite avec le titre de préfet honoraire en décembre 1965. Président de la société Pipe-Line Méditerranée-
Rhône. Commandeur de la Légion d’honneur, croix de Guerre avec palmes, titulaire de nombreuses décorations françaises et étrangères dont la médaille des Justes.

Pierre-Henry, Histoire des préfets. Cent cinquante ans d’administration provinciale 1800-1950, Paris, 1950 ; Annuaire du Corps préfectoral. 1943 et 1957 ; Who’s who in France, 1968, 564 ; Himly, : Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p.310.

Maurice A. Oster (1987)