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ERHARDUS (HERHARDUS, EBERHARD au XVIIIe siècle)

Deuxième abbé d’Ebersmunster, durant le dernier quart du VIIe siècle. Un faux diplôme du XIIe siècle, mais utilisant un authentique plus ancien, cite Erhardus comme bénéficiaire d’une donation faite par le roi Thierry III (679-690). Selon la Chronique d’Ebersmunster, il aurait été élu par les moines de ce monastère, comme un homme vénérable issu de leur rang, pour succéder à Saint Déodat ©, leur fondateur, mort en 679, après avoir quitté quelques années plus tôt Ebersmunster pour s’établir à Saint-Dié. Sous l’abbatiat d’Erhardus, sainte Odile aurait uni par un lien spirituel le monastère de Hohenbourg et l’abbaye d’Ebersmunster : à Noël, à Paques et à la Pentecôte, un prêtre, un diacre et un sous-diacre d’Ebersmunster, à la Nativité de la Vierge, l’abbé lui-même, devaient célébrer la grand’messe au Mont Sainte-Odile. En échange, sainte Odile aurait fait à l’abbaye d’Ebersmunster des donations situées dans une douzaine de localités. Le nom d’origine germanique (Hari-Hard) indique un autochtone, entré dans la toute première communauté monastique d’Ebersmunster, d’inspiration irlandaise et de tendance pélégrinante. Sur cet abbé, dont l’existence historique est suffisamment attestée, mais dont l’activité reste peu connue, la légende a richement brodé : Erhardus aurait légué son nom à Ebersmunster qui proviendrait d’Eberhard-Munster ; il aurait été identique à l’évêque de Ratisbonne, de même nom, qui aurait baptisé sainte Odile. D’où les représentations à l’église abbatiale d’Ebersmunster : fresques du XVIIIe siècle en médaillon entre les fenêtres de la dernière travée (Erhardus donne le baptême et la confirmation à sainte Odile), statue de la fin du XIXe siècle dans les stalles du chœur.

Chronicon Ebersheimense, c. 13, ed. Weiland, Monumenta Germaniae Historica Scriptores 23, p. 437-438 ; J. Mabillon, Annales Ordinis S. Benedicti, t. I, Paris, 1703, I. 15, p. 487; L. Laguille, Histoire de la province d’Alsace, Strasbourg, 1727, t. I, 1, 8, p. 411-416 ; A. M. Zimmermann, Kalendarium benedictum, t. II, Metten, 1934, p. 564 ; M. Barth, Die heilige Odilia, Strasbourg, 1938, t. I, p. 45-46 ; A. Bruckner, Regestae Alsatiae, Strasbourg-Zurich, 1949, n° 58, p. 21.

René Bornert (1986)