Famille de tanneurs qui eut aux XVe et XVIe s. une profonde influence sur l’histoire de Sélestat, particulièrement au cours de la Réforme.
- Hans,
tanneur, membre du Conseil (★ ? † Sélestat, au début de 1499). ∞ à Sélestat Truwelina (Foy- Fides) Gunther. Deux fils, Martin © et Melchior © et une fille Catherine. ∞ Jacques Wolff, boucher, fils de Lienhart Wolff, et neveu du bourgmestre Jacques Wolff. Hans exerça le métier de tanneur ; il devint Zunftmeister maître de métier en 1479. À partir de 1480 et jusqu’en 1486, il fit partie du Conseil. Sa veuve acquit le 4 juin 1499 le droit de bourgeoisie.
Archives municipales Sélestat, GG 40, Registre des anniversaires, p. 55, fondation du 14.6.1510. Livre des missives 1493, p. 671. BB 8A, Registre des Magistrats et Conseils. Registre des Cens 1565 ; P. Adam, « Une famille bourgeoise à Sélestat aux XVe et XVIe s., les Ergersheim », La bourgeoisie alsacienne, publication de la Société savante d’Alsace et de la région de l’Est, Strasbourg, 1954, p. 197-201 ; idem, L’Humanisme à Sélestat, Sélestat 1962, donation Martin Ergersheim, p. 82-83.
Maurice Kubler (1986)
- Martin,
humaniste, archiprêtre et recteur de l’église paroissiale de Sélestat (★ Sélestat 1460 † Sélestat 13.12.1534). Fils de Hans ©. Après ses études à l’école latine sous la direction de Louis Dringenberg © et de Craton Hofmann ©, Martin Ergersheim se destina à la prêtrise. Il se fit immatriculer le 4 septembre 1481 à la faculté des Arts de Heidelberg, devint baccalaureus artium in via moderna le 8 juillet 1483 et magisterartium le 7 mars 1486. Il retourna ensuite en sa ville natale. Devenu prêtre, il fut choisi fin 1492 pléban (Leutpriester) de la paroisse par le recteur de Saint-Georges, Conrad Carlon ©, qui ne résidait pas à Sélestat. Le 3 août 1503, il succéda à Carlon dans la charge pastorale jusqu’à sa démission en 1518 et son remplacement par Paul Phrygio ©, alias Seidensticker. Auparavant, le 3 août 1517, il avait obtenu la chapellenie de St. Léonard dont le titulaire Jean Westermann venait de décéder. On était déjà en pleine agitation religieuse quand l’attribution de cette chapellenie fut attaquée à Rome par un chasseur de prébendes (Pfründenjäger) de Toul, Jean Humbert de Juvenibus. Quand la nouvelle se répandit à Sélestat en septembre 1519, elle créa un grand émoi. Un procès entraînant les interventions des deux secrétaires impériaux sélestadiens, Jacob Spiegel ©, neveu de Jacques Wimpfeling © et Beatus Arnoaldus © menaça d’ailleurs de porter atteinte à l’union des chapellenies dont le patronat avait été accordé le 26 juillet 1513 par l’évêque Guillaume de Strasbourg et confirmé par le pape Léon X le 1er juillet 1514. Il se régla néanmoins en faveur de Martin Ergersheim. Cet homme de grande culture fit partie de la Sodalitas litteraria dès sa création en 1517 par Wimpfeling. Il avait commencé dès son retour à Sélestat à rassembler une importante collection de livres de philosophie, de théologie, de liturgie, ainsi que des écrits des Pères de l’église, livres que ses héritiers remirent à la Bibliothèque paroissiale et dont 70 sont conservés à la Bibliothèque humaniste avec l’ex-libris latin : « Eram Martini Ergersheimii Archipresbyteri et Rectoris ; Melchior frater et haeres me Ecclesiae divae Mariae apud Selestadium dono dedit ».
Maurice Kubler (1986)
- Melchior,
tanneur, bourgmestre, prévôt de la ville de Sélestat (★ Sélestat ? † Sélestat après 1535). Frère de 2. Lieu et date de mariage inconnus, ainsi que le nom de l’épouse. Plusieurs descendants, dont Martin II et Melchior II qui firent partie respectivement du Magistrat et du Conseil en 1597, Martin III et Sébastien, membres du Magistrat en 1616 et enfin le jésuite Daniel Ergersheim (★ Sélestat 7.7.1609 † Bockenheim 15.2.1666), probablement le fils du bourgmestre Martin III. Après ses études classiques, Melchior entra en apprentissage chez son père. Le 31 mars 1492, il acquit le droit de bourgeoisie, vff sines Vatters nuwen huss am Vischerbach. D’un caractère énergique et doué devint en 1503 Zunftmeister des tanneurs, l’an- née suivante conseiller, et en 1508 bourgmestre. En 1520, il accéda à la fonction de Schultheiss (prévôt), qu’il occupa aussi en 1522 et en 1524, en une période particulièrement agitée au point de vue religieux. Le prévôt et l’ancien recteur se firent insulter publiquement dans la rue par des exaltés. Melchior Ergersheim fut amené à abandonner ses fonctions ; il lutta contre les intrigues de ses adversaires parmi lesquels se trouvait Hans Jacob Schutz © von Traubach qui finit par être déclaré coupable de faux et de parjure et exécuté. Melchior Ergersheim fut réélu bourgmestre régent et prévôt le 8 octobre 1524. De nouvelles émeutes éclatèrent en ville dès 1524 ; les masses paysannes se soulevèrent en Alsace. Après la bataille de Scherwiller (20 mai 1525) où les paysans furent vaincus, Martin Ergersheim décida de rétablir l’ordre. Le recteur Phrygio © et le maître d’école Sapidus © furent priés de quitter la ville. Melchior Ergersheim abandonna ses fonctions à l’automne 1525. Son nom figure avec celui de Beatus Rhenanus sur l’acte officiel de la donation à la ville des biens des Franciscains en 1535 : im beysein der fürsichtigen vnnd hochgelerten hern Batten Rhynower vnnd Melchior Ergersheim.
Archives municipales Sélestat, Bürgerbuch, p. 429 ; Archives municipales Sélestat, M 245 ; Die Jahrbücher der Jesuiten, Strasbourg, 1896, t. II, p. 63 et p. 645 ; Die Reichsstadt Schlettstadt, Freiburg i. Br., 1900 ; J. Gény, Geschichte der Stadtbibliothek zu Schlettstadt, Sélestat 1889, p. 23-27 ; J. Gény, Schlettstadter Stadtrechte, 1902, t. I, n° 140, 146, 160, 163,164 ; G. Töpke, Die Matrikel der Universität Heidelberg, t. I, p. 367, t. II, p. 416 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 453 ; R. Walter, « Un texte de Beatus Rhenanus : l’appel aux habitants de Sélestat »…, Grandes figures de l’Humanisme alsacien, Strasbourg, 1978, p. 49-56 ; « Un manuscrit de Beatus Rhenanus perdu et retrouvé », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1981, p. 29-35 ; ibid., Beatus Rhenanus (1485-1547). Anthologie de sa Correspondance (Introduction. Textes établis, traduits et commentés. Annexes, dont la Beati Rhenani Vita de Jean Sturm). Thèse pour le doctorat de 3e cycle, Strasbourg, janvier 1985. 649 p., 2 vol.
Maurice Kubler (1986)
- Exuperius,
abbé bénédictin d’Ebersmunster († 30.9.1672). Issu de la famille sélestadienne des Ergersheim. Les Registres des baptêmes de Sélestat signalent un Daniel Ergersheim (★ 7.7.1609), fils de Martin et un Frédéric Ergersheim (★ 3.3.1621), fils de Michel Sébastien qui l’un et l’autre pourraient correspondre à Exupère, qui est un nom de religion. Profès d’Ebersmunster en 1642. Curé de la paroisse d’Ebermunster, 1648-1653. Prieur conventuel. Élu abbé le 16.12.1659 à l’unanimité des voix, il mit en chantier vers 1760 une nouvelle église, pour remplacer l’ancienne église romane hâtivement restaurée après la guerre de Trente ans. Unissant la science à la piété, il a consolidé l’usage de réciter quotidiennement l’office de la Sainte Vierge. Visiteur du couvent des Clarisses d’Alspach.
Generallandesarchiv Karlsruhe, Nachlass Grandidier, Abt 69 P 23, carton XI, fasc. 13 : Series Abbatum Aprimonasteriensium, f. 11 v ; Archives municipales Sélestat, Registres des baptêmes, 1608-1628, f. 76 et 378 ; Gallia christiana, t. V, Paris, 1731, c. 864.
René Bornert (1986)