Maître d’école et réformateur (Pr). ( ★ Ettlingen (Bade) 24.2.1494 ; † Ribeauvillé 13.3.1571).
Fils de Matern Erb († après 1538) et de ? ;∞ I. N. ? 1527/28 († début 1557) ; II avant 20.7.1561 Christina Spiess († avant 20.3.1570), veuve du pasteur Bruno Westermann (Bopp I, n° 5599, dont la date de † est à corriger en conséquence). Études à Baden-Baden (?), Pforzheim chez Georg Simler (1509/10 au plus tard), puis Tübingen chez Joh. Reuchlin et Heinr. Bebel (env. 1511-1516 ?). Ensuite précepteur (dates incertaines) des fils du margrave Ernst von Baden, en particulier d’AIbrecht, né 1511. Gagné à la Réforme 1520, Erb fut auprès des autorités bernoises, sinon maître d’école (?), en tout cas pasteur à Entfelden (Argovie, au plus tard à partir de 1529, jusqu’en 1536) et comme tel fit partie des troupes de Berne lors de la 2e guerre de Kappel (1531). Rappelé par l’entremise de son compatriote Hédion © pour devenir pasteur de Baden-Baden, il ne put occuper ce poste par suite du changement confessionnel consécutif à la mort du margrave Bernhard von Baden le 29 juin 1536, et dut se contenter de la place de maître d’école de la petite ville impériale de Gengenbach (1536-1538). Sur les conseils du réformateur bâlois Simon Grynaeus et de ses collègues strasbourgeois le comte Georges de Wurtemberg © nomma Erb surintendant ecclésiastique à Riquewihr, chef-lieu de ses possessions alsaciennes, à partir du 29 septembre 1538. Révoqué, après la mort du comte Georges, pour « Zwinglianisme » en 1560, après avoir refusé la nouvelle Ordonnance ecclésiastique calquée sur celle du Wurtemberg et instituant l’orthodoxie luthérienne dans les possessions wurtembergeoises d’Alsace et du Pays de Montbéliard, Erb fut accueilli à la cour d’Eguenolphe de Ribeaupierre ©, dont il devint le conseiller, et demeura à Ribeauvillé d’août 1562 à sa mort.
Poursuivant l’œuvre commencée de 1535 à 1538 par son prédécesseur Erasmus Fabricius (Schmidt) de Zurich, Erb fut le véritable organisateur de la Réforme dans la seigneurie de Riquewihr et le comt de Horbourg. Il ne fut pas non plus étranger aux progrès du protestantisme à Colmar, dont l’introduction officielle (1575) n’intervint cependant qu’après sa mort. Il bâtit son action autour de deux pôles : le monde scolaire, en développant l’école latine de Riquewihr (1544), et la vie chrétienne de ses paroissiens, pour lesquels il rédigea en 1546 une ordonnance disciplinaire. Au début de 1543 il termina un catéchisme pour la jeunesse paru à Bâle en 1547 et réimprimé chez Schirenbrand © et Peter Schmid © à Mulhouse en 1559, année où il publia aussi chez les mêmes deux traités de Jean Chrysostome qu’il avait traduits en allemand. En 1562 il fit encore paraître chez Schmid à Mulhouse un commentaire du « Nunc dimittis ». La Bibliothèque de Colmar (fonds Ribeaupierre) conserve de lui, outre son testament (1570), une série de sermons, de traités spirituels et poèmes manuscrits. Témoin privilégié de son temps, il entretint une correspondance suivie, entre autres avec Hédion, Pierre Toussain, réformateur de Montbéliard, Sigismund Stier (Taurellus), chancelier du comte Georges, et surtout Heinrich Bullinger, le successeur de Zwingli à Zurich (liste provisoire de ses lettres : Joh. Ficker, Thesaurus Baumianus, Verzeichnis der Briefe, Strassburg, 1905, p. 66-69). Il correspondit aussi avec Beatus Rhenanus © sur les antiquités de Horbourg.
Tim. Wilh. Röhrich, Mittheilungen aus der Geschichte der evangelischen Kirche des Elsasses, t. III, Strassburg, Paris, 1855, p. 275-297 ; H. Rocholl, Mathias Erb, Stra?burg, 1900 ; Sitzmann I, p. 451 ; Joh. Adam, Evangelische Kirchengeschichte der elsässischen Territorien, Strassburg, 1928, p. 297-314 et 353-354 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 1223 ; Ernst-Wilhelm Kohls, Die evangelischen Katechismen von Ravensburg 1546/1733 und Reichenweier 1547/1559, Stuttgart, 1963 ; le même, Evangelische Bewegung und Kirchenordnung. Studien und Quellen zur Reformationsgesch. der Reichstadt Gengenbach, Karlsruhe, 1966, p. 8 et 55 ; Friedr. Wilh. Bautz, Biographisch-bibiiographisches Kirchenlexikon, fasc. 10 (1975), col. 1533-1534 ; Beat Rudolf Jenny, « Bullingers Briefwechsel mit dem Elsaesser Reformator Matthias Erb », Heinrich Bullinger 1504-1575. Gesammelte Aufsätze zum 400. Todestag, Zurich, 1975, p. 57-86 (corrige et complète tout ce qui précède) ; Rüdiger Stenzel, Ettlingen vom 14.-17. Jahrhundert, Ettlingen, 1982, p. 161-162.
Gabriel Braeuner et Jean Rott (1986)