Syndicaliste cheminot, résistant (C), (★ Montreux-Vieux 6.2.1905 †Bischheim 3.4.1959).
Fils de Philippe Erb, ajusteur au chemin de fer, et de Catherine Ehrenberger. ∞ Marie-Madeleine Kern. Fils d’un chef de brigade aux ateliers ferroviaires de Bischheim, Albert Erb y fit son apprentissage d’ajusteur. Après son service militaire dans la marine à Toulon, il revint à Bischheim et commença à militer à l’Union des syndicats CGTU des cheminots d’Alsace et de Lorraine et au Parti communiste. Élu en 1935 au conseil municipal de Bischheim, il devint adjoint du maire communiste Emile Haag. Evacué en 1939 à Périgueux, il fut interné à la suite de la dissolution du PCF au camp de Magnac-Laval, Haute-Vienne. Revenu à Bischheim après l’annexion nazie, il tenta de reconstituer clandestinement le syndicat CGT. Arrêté au début de 1942, il fut interné au camp de Schirmeck. Le 25 janvier 1943, le Volksgerichtshof siégeant à Strasbourg le condamna à la réclusion perpétuelle pour haute trahison. Emprisonné à Ludwigsburg, puis à Celle, il fut libéré par les Américains en avril 1945. À son retour, A. Erb reprit ses fonctions d’adjoint au maire de Bischheim qu’il garda jusqu’aux élections municipales de 1947. En 1947, il fut élu secrétaire général de l’Union des syndicats CGT de cheminots d’Alsace et de Lorraine et il entra au comité fédéral (puis en 1948 au bureau fédéral) du Parti communiste du Bas-Rhin. Quelques mois avant le procès de Bordeaux, la direction parisienne du PCF décida d’écarter les dirigeants jugés trop attachés à la défense des particularités alsaciennes. Le 30 octobre 1952, une commission fédérale lui reprocha d’avoir donné, pendant son interrogatoire par la Gestapo, les noms d’autres militants cheminots, dont celui de Louis Kieffer, qui se suicida dans sa cellule. A. Erb répondit qu’il avait révélé ce fait en 1945 et que la commission d’épuration n’avait rien retenu contre lui. Le 17 novembre 1952, la commission exécutive de l’Union des syndicats de cheminots refusa sa démission à l’unanimité. Cependant, pour empêcher une scission syndicale « autonomisante », il démissionna le 8 décembre 1952 et demanda sa réintégration comme chef de brigade aux ateliers SNCF de Bischheim. La Fédération communiste du Bas-Rhin prononça son exclusion du parti, en même temps que celle de Léonard Keim © le 1er mars 1953. Sous prétexte qu’il avait fondé une « Association familiale des travailleurs des chemins de fer » qui gérait une coopérative de vente de chaussures dans les locaux du syndicat, A. Erb fut également exclu de la CGT en mars 1954. Légion d’honneur (1946), médaille de la Résistance.
M.-L. Goergen (dir.), Cheminots et militants. Un siècle de syndicalisme ferroviaire, Paris, 2003, p.190-192, avec bibliographie.
Françoise Olivier-Utard et Léon Strauss (1986)