Famille noble du Sundgau. Probablement issue de ministeriales des comtes de Zähringen, la famille d’Eptingen tire son nom des châteaux de Wild-Eptingen et Ruch-Eptingen, dans l’actuel canton de Bâle-Campagne. Elle apparaît en 1189 dans la personne du chevalier Gotfried von Eptingen. Établie sur les marges du Sundgau dès la première moitié du XIIIe siècle, dans la mouvance du comte de Ferrette, elle se divise en deux branches principales, celle de Pratteln et celle du Blochmont. Les nombreux rameaux engendrés par celles-ci se distinguent par des surnoms (Beschisser, im Hage, Möri, Puliant, Schnabel, Spengelin, Sporer, Spörlin pour les Eptingen du Blochmont) et par des ornements héraldiques (trente-sept types de cimiers). La lignée de Pratteln s’éteignit au XVIe siècle tandis que celle du Blochmont perdura jusqu’au XIXe siècle après avoir donné naissance à deux nouvelles branches, Hagenthal et Neuwiller, et s’être parée du titre de baron au cours du XVIIIe siècle. Le nom disparut avec Josépha Suzanne Caroline d’Eptingen (? 6.10.1787 † 8.7.1854) qui épousa le général Louis de Sonnenberg. Le patrimoine familial se composait d’alleux (un hôtel à Bâle), de fiefs relevant de l’Autriche, puis du roi de France (Bisel, Waldighoffen, Ligsdorf, Bouxwiller, une partie du péage d’Ottmarsheim, le château du Blochmont ainsi que les deux villages de Hagenthal, initialement tenus par la branche de Pratteln), de fiefs mouvant de l’évêché de Bâle (Neuwiller et Oberdorf) ou du margrave de Bade-Durlach. A partir du XVe siècle (1414), les Eptingen exercèrent les fonctions honorifiques de maréchaux de l’évêque de Bâle et se distinguèrent principalement au service des Habsbourg – cinq de ses membres périrent à la bataille de Sempach –, dans la carrière des armes ou dans l’Église, comme Adélaïde, abbesse d’Ottmarsheim en 1321, Suzanne et Marie-Béatrix, respectivement abbesses d’Andlau en 1463 et au milieu du XVIIe siècle.
J. Kindler von Knobloch, Oberbadisches Geschlechterbuch, t. I 1898 ; A. Burckhardt, Herren von Eptingen, Zurich, 1912 (tableaux généalogiques) ; J. Baumann, « Die Herren von Eptingen und der Sundgau », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1971, p. 29-41 ; M. de Reinach-Hirtzbach, « Les Eptingen de Neuwiller », Bulletin de la Société d’histoire du Musée, de la ville et du canton de Huningue, 1976.
- Hermann,
grand bailli autrichien, (★ vers 1420, † hiver 1479/1480). Fils de Hans Thüring et de Verena von Landenberg. ∞ Madeleine von Grünenberg, un fils, Hermann, chevalier († 1502). Cité en 1439, Hermann servit de guide à l’armée du Dauphin Louis lors de la bataille de Saint-Jacques sur la Birse (25 août 1444), ce qui lui valut d’être banni par les Bâlois dont il était bourgeois forain. En 1448, il manifesta une attitude hostile face à Mulhouse et prit part à l’occupation de Rheinfelden, sous la conduite de Hans von Rechberg. L’année suivante, il provoqua la ville de Bâle en lui adressant son défi au nom de ses deux chiens, Schwob et Delphin : les représailles se soldèrent par le siège et par la prise du château de Blochmont (30 avril 1449). Hermann fut ramené à Bâle chargé de chaînes et emprisonné pendant quelques semaines. Au cours des années suivantes, il obtint le titre de chevalier (avant 1452) et apparut à plusieurs reprises parmi les conseillers du duc Sigismond d’Autriche. En 1467, il participa à la prise du château de Morvillars par Thiébaut de Grandvillars. Demeuré fidèle à l’Autriche pendant l’épisode bourguignon (1469-1474), il fut l’un des principaux artisans de la Ligue de Constance fondée pour contrecarrer les projets de Charles le Téméraire. Nommé landvogt au moment de la révolte de Brisach contre Pierre de Hagenbach (fin avril 1474), il fut chargé de ramener la Haute-Alsace sous la domination des Habsbourg et d’organiser le procès du bailli bourguignon. Au courant de l’été, il établit le dispositif de défense du Sundgau face aux chevauchées d’Etienne de Hagenbach et d’Antoine de Montreux et coordonna les efforts des alliés. Son impulsion permit de mener à bien la campagne d’Héricourt (novembre 1474), la première grande défaite bourguignonne. Fin janvier 1475, Hermann conduisit une armée de 1 500 hommes à travers le Jura et ramena un butin considérable. Tout en étant remplacé à son poste de bailli par le comte Oswald de Thierstein (avril 1475), il resta l’un des conseillers les plus proches de l’archiduc Sigismond et conserva un rôle de premier plan dans l’armée de la Basse-Union. C’est ainsi qu’il participa à la prise de Blamont (8-10 août 1475) et dirigea d’autres raids sur le Haut-Doubs, notamment en novembre (Saint-Hippolyte, Maîche). Son action fut décisive lors de la bataille de Grandson (3 mars 1476), à la tête de la cavalerie autrichienne, mais il n’est pas possible de préciser son intervention à Morat ou à Nancy. À la fin de sa vie, Hermann cumula les fonctions de conseiler de Sigismond et du comte de Wurtemberg-Montbéliard, au service duquel il semble avoir été dès 1466, en tant que bailli de Montbéliard. Il accomplit aussi plusieurs missions près des Confédérés suisses pour le compte de l’Empire. Son fils Hermann fut l’un des proches de l’archiduc Sigismond.
Bernoulli, « Die Basler vor Blochmont », Basler Beiträge zur vaterländischen Geschichte », NF 2 (1868) ; E. Toutey, Charles le Téméraire et la Ligue de Constance, Paris, 1902 ; G. Bischoff, Gouvernés et gouvernants en Haute-Alsace à l’époque autrichienne, Strasbourg, 1982.
2. Hans Bernhard,
chevalier (cité 1441 † hiver 1484-85). Fils de Rudolf III von Eptingen. ∞ I Agnès von Ratsamhausen ; ∞ II Lutgardis von Ow. Issu de la branche de Pratteln, Hans Bernhard prit possession de l’héritage paternel en 1456. Il accomplit un pèlerinage en Terre Sainte en 1460 et reçut l’adoubement au Saint-Sépulcre de Jérusalem. Son voyage fit l’objet d’un long récit conservé en plusieurs versions. Avec d’autres vassaux autrichiens, il prit part à des opérations de harcèlement contre les Soleurois (v. 1468-1470) et bénéficia de la protection de Pierre de Hagenbach. Bourgeois de Bâle depuis 1467, il appartient au Conseil de la cité tout en servant l’Autriche en qualité de lieutenant du grand bailli (1477). En 1476, Frédéric III lui accorda d’importants privilèges judiciaires et fiscaux et lui permit de créer une foire à Pratteln.
Récits de voyage à la Bibliothèque municipale de Colmar, aux Archives de l’ancien évêché de Bâle à Porrentruy, dans les collections des Zorn de Bulach au château d’Osthouse. Le récit a été publié, en partie, en langue originale dans Der schweizerische Geschichtsforscher, VII (1828) p. 313-402 et totalement, en paraphrase moderne, avec des annotations par B. Bernoulli, « Die Pilgerfahrt Hans Bernhards von Eptingen », in Beiträge zu vaterländischen Geschichte, 12, N.F. 2, (1888), p. 13-75.
Reinhold Röhrich, Deutsche Pilgerreisen nach dem Heiligen Land, Gotha, 1889, p. 142-143 ; Walter Merz, Die Burgen des Sisgaus, Aarau, 1909-1914, 4 vol. ; P. Schmitt, « L’analyste de la noble famille d’Eptingen », Zeitschrift für schweizerische Archäologie und Kunstgeschichte, t. 22 (1962), cahier 1-3, p. 93-95.
- Petermann,
(cité 1513 † avant 1544). Fils de Jacob von Eptingen et de Clara von Reinach-Heidwiller. ∞ Amalia von Wiger. Établi au château de Waldighoffen, Petermann von Eptingen paraît avoir joué un rôle important dans les possessions alsaciennes de l’Autriche. En 1513, il accueillit les capitaines de l’armée confédérée en route vers Dijon. Dix ans plus tard, il recruta des mercenaires pour le compte de François 1er et refusa de prendre part à un coup de main contre Mulhouse. Avec ses frères Hans Puliant et Mathis, il vendit le château du Blochmont à Ferdinand Ier en 1529. En 1531, il obtint le gage de la seigneurie de Masevaux, après avoir prêté 5000 florins au prince.
- Wolf Wilhelm,
Seigneur de Neuwiller (★ 1551 † 13.3.1627). Fils de Jacob VI, von Eptingen, et de Thecla von Ruest. ∞ I Barbara von Ruest ; ∞ II Crischone Degelin de Wangen. À la suite d’un long conflit de juridiction avec la communauté villageoise de Neuwiller (Haut-Rhin) (1589-1613) au sujet de différents droits d’usage et des impôts, Wolf-Wilhelm fut dessaisi de son fief par le prince-évêque de Bâle Guillaume Rinck von Baldenstein. En 1618, il fit appel à l’Autriche pour occuper le village avec quatre cents soldats qui se livrèrent à toutes sortes d’exactions. L’affaire donna lieu à de longs débats au sein de la noblesse de l’Autriche antérieure. Réconcilié avec l’évêque en 1620. Wolf-Wilhelm fut arrêté sur ordre de la Régence d’Ensisheim et incarcéré pendant quelque temps. Son fils Hermann recouvra ses domaines (1651) et réunifia l’ensemble du patrimoine des Eptingen.
J. Baumann, « Die Herren von Eptingen und der Sundgau », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1971, p. 34 ; M. de Reinach-Hirtzbach, « Les Eptingen de Neuwiller », Bulletin de la Société d’histoire du Musée, de la ville et du canton de Huningue, 1976, p. 24.
5. Jean-Baptiste,
maréchal de camp (★ Bâle 10.12.1714 † Mergentheim, Franconie 28.5.1783). Fils de Conrad Antoine d’Eptingen († 1757), et de Jeanne Catherine Jacquette de Ramschwag († 1761). Frère d’Antoine (★ 22.2.1709 † 1787), officier de cavalerie, de Charles (★ 21.6.1713 † 1794), lieutenant-général, de François (n° 6) et de Rose (★ 1712). ∞ Reinach François de Reinach-Hirtzbach. Jean-Baptiste d’Eptingen mena de front sa carrière militaire et d’importantes fonctions au sein de l’Ordre teutonique. Il fut notamment commandeur à Rouffach, Kaysersberg et Strasbourg, et lieutenant du grand maître à Mergentheim, en Franconie. Cornette au régiment de Rosen-Cavalerie en 1735, il passa au service de l’Autriche, de la Saxe, puis, en 1746, du roi de Pologne où il obtint le grade de major. De retour en Allemagne, il fut nommé conseiller et maréchal de la cour du prince-évêque d’Augsbourg. Le 1er octobre 1758, il prit le commandement du régiment suisse créée par le prince-évêque de Bâle Joseph-Guillaume Rinck de Baldenstein et stationné à Strasbourg. Il prit part aux opérations de la Guerre de Sept ans et fut blessé lors de la bataille de Corbach (1768). Rétabli, il commanda une brigade suisse qui réunissait les régimes de Waldner et d’Eptingen. En 1769, il joua un rôle de premier plan dans la pacification de la Corse ; il s’empara notamment de la citadelle de Corte. Il fut promu maréchal de camp le 1er janvier 1770 et se retira à Mergentheim où il se consacra à l’Ordre teutonique.
Archives historiques de l’Armée, 1re série, dossier 2584 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 449 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1364 ; M. de Reinach-Hirtzbach, « Les Eptingen de Neuwiller », Bulletin de la Société d’histoire du Musée, de la ville et du canton de Huningue, p. 27-28, Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, 2825.
Georges Bischoff (1986)
- François Henri,
officier (★ Neuwiller 27.7.1710, † 11.4.1786). Frère de 5. ∞ 1760 à Hirtzbach Anastase de Reinach. Volontaire au régiment de Wurtemberg cavalerie, ci-devant Rosen le 1er juin 1730 au service duquel il fut nommé cornette en 1733, lieutenant en 1734 et était ainsi noté lors d’une inspection en octobre 1736 : « il est gentilhomme d’Alsace, appliqué, promet beaucoup ». Capitaine le 1er août 1743, il fit comme tel les campagnes sur le Rhin et d’Allemagne de 1743 à 1745. Mestre de camp (colonel) le 15 juillet 1758 et retraité le 13 novembre 1759. Chevalier de Saint-Louis 1er février 1748.
Archives historiques de l’Armée, dossier individuel, Xc 26, Régiment réformés ou incorporés ; Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 448.
† Alphonse Halter (1986)