Dominicain (★ Strasbourg ? † Paris 1277). Ce fils de famille patricienne – il appartenait au lignage des Zorn – entra dans l’ordre des Frères Prêcheurs. Ses supérieurs l’envoyèrent à Cologne où Thomas d’Aquin fut son condisciple et son maître, Albert le Grand (entre 1248 et 1254). De retour dans sa ville natale, il y fut lecteur. Le prieur du couvent était Hugues Ripelin, qui faisait partie, lui aussi, de la famille des Zorn et qui était un esprit distingué ; son Compendium theologicae veritatis fut longtemps considéré comme une œuvre d’Albert le Grand. Engelberti, qui ne dédaignait pas les réalisations pratiques et fut peut-être le constructeur d’un orgue pour la cathédrale, fut jugé capable de diriger la province de Teutonie. Elu en 1272, il dut s’acquitter de cette tâche pendant cinq ans bien qu’il ne s’estimât pas fait pour de telles responsabilités. Ses lettres, en tout cas, prouvent que l’exercice de l’autorité ne le rendait pas distant. En 1277 enfin, ses supérieurs l’envoyèrent à Paris où il fut chargé d’expliquer aux jeunes religieux du studium generale les Sentences de Pierre Lombard. Sans doute serait-il parvenu jusqu’au sommet de la hiérarchie universitaire si la mort n’avait pas mis un terme à sa carrière quelques mois après son arrivée sur les bords de la Seine.
Le seul ouvrage qu’avec un sermon et quelques lettres, nous ayons conservé, le De summo borno, s’apparente au commentaire qu’Albert le Grand avait donné du livre de Denys l’Aréopagite sur les Noms divins. Cet exposé, dont l’argumentation est claire, prouve que dans l’Empire l’aristotélisme n’avait pas évincé complètement la pensée néoplatonicienne dont la présence devait faciliter au XIIIe siècle le déploiement de la mystique spéculative.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 440 ; M. Grabmann, Mittelalterliches Geistesleben, Munich, 1926, I, p. 147-221 ; A. Stohr, Die Trinitätslehre Ulrichs von Strassburg, Münster, 1928 ; J. Daguillon, Ulrich de Strasbourg. La Summa de bono, Paris, 1930 ; H. Neumann, « Ulrich Engelberti », Verfasser-lexikon, Berlin, 1933, I, col. 574-576 ; P. Glorieux, « Ulrich de Strasbourg », Dictionnaire de théologie catholique, XV, 1947, 2058- 2061 ; E. Gilson, La philosophie au moyen âge, Paris, 1947, p. 516-519 ; P. Gieraths, « Ulrich Engelberti », Neue Deutsche Biographie, IV, 1959, 510 ; I. Backes, Die Christologie, Soteriologie und Mariologie des Ulrich von Strassburg. Ein Beitrag zur Geistesgeschichte des 13. Jhts., Trèves, 1975.
Francis Rapp (1986)