Botaniste, professeur d’université (★ Thann 23.1.1897 † Saint Sulpice, Savoie, 30.11.1969).
Fils d’Émile Emberger © qui l’initia dès l’âge de 8 ans à la botanique par des sorties dans les Vosges et le Jura sundgovien. ∞ 18.4.1922, Marie-Alice Flahaut, fille de professeur. Après avoir achevé ses études secondaires au lycée de Mulhouse, Il entreprit des études de pharmacie à Strasbourg, qu’il acheva à Lyon en 1920 puisque dès 1914 il avait quitté l’Alsace pour éviter la mobilisation du côté allemand. En 1921 il soutint sous Guilliermond, après ses études de cytologie, sa thèse de doctorat, Recherches sur l’origine et l’évolution des plastides chez les Ptéridophytes, qui lui valut le prix Desmezières de l’Académie des sciences et la nomination de chargé de cours à la faculté de Pharmacie de Montpellier. Un de ses élèves, M. Mousseron, futur professeur de chimie à la même Université, se disait lui et ses camarades « intrigués par la venue d’un homme grand, à l’accent alsacien, annonçant des idées nouvelles avec sérieux et une forte personnalité ». Le gouvernement avait confié en 1918 la réorganisation de la Faculté des Sciences de Strasbourg au professeur Flahault, son futur beau-père, qui, mission accomplie, retourna à Montpellier. En 1935 Emberger en rappela la mémoire pour l’Association philomatique d’Alsace-Lorraine (Bulletin t. 8, p. 175-186). En 1923 il effectua une mission au Maroc et y passa treize années. Il y fut chef du service botanique de l’Institut scientifique chérifien et professeur à l’Institut des Hautes Études marocaines à Rabat, ce qui lui valut d’importantes publications, entre autres dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles. L’inventaire floristique lui permit de dresser, en collaboration avec R. Maire et P. Font-Quer, une carte phytogéographique du Maroc, subdivisé en 13 territoires possédant 20 % d’espèces endémiques, et de constater que des végétations écologiquement homologues se rencontrent à des altitudes très différentes. En 1929 il publia Matériaux pour la Flore marocaine, et en 1932 Recherches botaniques et phytogéographiques du Grand Atlas. Après un bref passage en 1936 à Clermont-Ferrand il obtint en 1937 la chaire de botanique à Montpellier. En 1947 il créa le service de la Carte des groupements végétaux, aidé par J. Braun-Blanquet. Son ouvrage Les plantes fossiles dans leur rapport avec les fossiles vivants, 1944, préluda à ses vues originales exposées en 1960 dans son ouvrage capital, Traité de botanique systématique – Les Végétaux vasculaires, avec une nouvelle classification des Angiospermes, une nouvelle interprétation de la fleur et son « quotient pluviométrique » expliquant les rapports entre climat et végétation. Il créa le centre d’études phytogéographiques et le nouvel Institut botanique à Montpellier. Eminent spécialiste en matière de systématique, de morphologie, d’écologie et surtout de phytogéographie méditerranéenne, il entreprit des voyages d’études en Australie (1956), au Mexique (1964), en Argentine et au Chili (1966). Membre correspondant de l’Académie des Sciences. Membre de l’Académie royale des Sciences de Belgique, Louis Emberger était encore docteur honoris causa des Universités de Genève et de Neuchâtel.
Officier de la Légion d’honneur et porteur de l’Ouissam Alaouite, la plus haute distinction du Royaume du Maroc.
Who’s who in France, 1969, p. 603-604 ; J. Baumann, « Thann », Le Haut-Rhin-Dictionnaire des Communes, publié par l’Université de Haute-Alsace ; J. Miège, « In Memoriam Louis Emberger », Candollea, 25, 1970, p. 183-187 ; R. Nozeran, « L. Emberger parmi nous », Naturalia monspeliensia, Sér. Bot., Fasc. 21, 1970, p. 5-8; G. Mangenot, Louis Emberger, la carrière et l’œuvre, Paris, Maison, 1971; Index biographique de l’Académie des Sciences, Paris, 1979, p. 237; P. Jaeger, « Louis Emberger », Bull. de l’Association philomatique d’Alsace et de Lorraine, XXII, 1986, p. 133-138.
Paul Jaeger et Gonthier Ochsenbein (1986)