Patricien strasbourgeois (★ Strasbourg v. 1220/45 † Strasbourg 13.5.1304).
Appelé parfois le Grand, probablement à cause de sa taille, il fait partie du groupe des ministériels qui, dans le conflit opposant l’évêque Walter von Geroldseck à la ville, embrassa la cause de celle-ci. Il prit part à la bataille de Hausbergen (1262). Après cette victoire, il fut l’un des administrateurs du chantier de la cathédrale ; il porte dans divers documents échelonnés de 1284 à 1303 le titre de gubernator fabricae ; ce qui devait devenir l’Œuvre Notre-Dame n’était pas encore, à cette époque, entièrement soustrait à l’autorité de l’évêque et du chapitre. Ellenhard s’occupait également de la prébende du Saint-Esprit, l’organisme qui assurait la distribution des aumônes aux nécessiteux. La réputation qu’Ellenhard s’est assurée auprès des historiens, il la doit à l’intérêt qu’il portait au passé de Strasbourg. Il fit réaliser le manuscrit dit Ellenhard-Codex, actuellement conservé en Carinthie, à Sankt-Paul im Lavanttal, après avoir été tour à tour en Pologne et en Forêt-Noire. Il avait été jadis déposé à l’hôpital de Strasbourg où Closener, Koenigshofen et plus tard Wimpheling avaient pu le consulter. Il contient principalement des œuvres de caractère historique, les Annales Argentinenses qui couvrent la période allant de 1132 à 1297 et dont la partie évoquant les années 1208 à 1297 pourrait avoir été rédigée par Ellenhard lui-même, les Annales hospitalis Argentinensis, qui commencent en 1279 et ont été continuées jusqu’en 1389, le Catalogus episcoporum Argentinensium, de 346 à 1299, les Miracula beatae Virginis, qui relatent les miracles opérés par Notre-Dame à Strasbourg après 1280, enfin le Chronicon Ellenhardi qui, en plus de la liste des empereurs, renferme les gesta Rudolfi et les gesta Alberti, jusqu’en 1299. Le témoignage le plus important que nous livre ce Codex est celui qui nous rapporte le déroulement du Bellum Waltherianum, la guerre de Strasbourg contre Walter von Geroldseck. Les paléographes ont repéré cinq mains différentes dans ce manuscrit. Le notaire Gottfried d’Ensmingen © a pris une part considérable à la réalisation du Codex, qui nous éclaire sur les mentalités d’un patricien du XIIIe siècle en Alsace. L’une des scènes les plus évocatrices est celle où nous voyons Rodolphe de Habsbourg faire ses adieux à la ville, quelques jours avant de mourir.
W. Wiegand, « Bellum Waltherianum », Studien zur elsässischen Geschichte und Geschichtsschreibung, Strasbourg, 1878 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 434 ; J. Alhaus, « Ellenhard », Verfasserlexikon, Berlin, 1933, I, col. 558-563 ; H. Schmidt, Die deutschen Städtechroniken als Spiegel des bürgerlichen Selbstverständnisses im Spätmittelalter, Göttingen, 1958, p. 138-140 ; M. Mosbacher, « Kammerhandwerk, Ministerialität und Bürgertum in Strassburg », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 1971, p. 81 et s. ; D. Mertens, « Ellenhard », Verfasserlexikon, Berlin, II, col. 501-503.
Francis Rapp (1986)
