Homme politique, préfet intérimaire, (Pl) (★ Strasbourg 17.9.1805 † Strasbourg 22.8.1875).
Fils de Jean Frédéric Louis Eissen, marchand et porté disparu pendant la campagne de Russie, et de Catherine Elisabeth Boeswillwald. ∞ 16.7.1844 à Strasbourg Sophie Madeleine Kirchner. Docteur en médecine (1828) et médecin communal. Créa la Gazette médicale de Strasbourg en 1841. Fréquenta les milieux libéraux sous la Monarchie de Juillet. Assuma un rôle politique important à Strasbourg après la chute de Louis- Philippe. Il présida en particulier le « Comité central » de soutien aux candidats républicains modérés. Quatorze d’entre eux sur quinze furent élus le 23 avril 1848 à l’Assemblée Constituante, parmi eux l’avocat Liechtenberger, commissaire de la République, qui installa, avant son départ pour Paris, une « Commission intérimaire » dont Eissen fit partie. Celui-ci porta le titre de « préfet intérimaire du département du Bas-Rhin » ou de « commissaire de la République » de mai à septembre 1848. Il fut candidat aux élections du 13 mai 1849 à l’Assemblée législative sur la liste de Liechtenberger encore patronné par le Courrier du Bas-Rhin. Dans sa profession de foi, Eissen précisa : « je suis démocrate, mais je ne suis point démagogue, je suis républicain, mais je ne suis pas révolutionnaire ». Son nom figurait sur la liste des Bleus, mais les Rouges l’emportèrent dans le Bas-Rhin. Comme en 1840, il proclama son nationalisme en 1859 dans le contexte de la crise franco-allemande. Il publia ce genre d’écrits sous le pseudonyme d’Édouard Mars. Il se rapprocha dès lors de l’Empire. Le préfet Migneret put même concevoir en 1863 le projet de création d’un journal gouvernemental, Le Moniteur du Bas-Rhin, avec le concours d’Eissen qui « s’est depuis longtemps rallié ». Cet amateur d’art s’intéressait également à la question sociale comme d’autres membres de la Loge des Frères Réunis. Il présida en particulier la Société des loyers. Il accepta la fonction de médecin cantonal à la fin de l’Empire.
Publications médicales et paramédicales :
La contagion considérée sous quelques-uns de ses rapports, thèse, 1828 ; Agenda médical, 1840 ; L’exploitation de la crédulité publique par l’exercice illégale de la médecine à Strasbourg, 1842 ; Projet d’organisation du service sanitaire du royaume par la création générale de médecins cantonaux, 1845 ; Soultzbad, le bain de SouItz près Molsheim. Monographie, Paris, 1857 ; Les éditions et les traductions de la collection hippocratique, 1865 ; La doctrine réaliste et la doctrine fantaisiste du choléra indien, 1868 ; Le service médical du bataillon des sapeurs-pompiers pendant le siège de Strasbourg, 1871.
Autres publications :
Articles dans le Courrier du Bas-Rhin, sous le pseudonyme d’Éd. Mars, en particulier les 11 mars, 29 mai (« Miszellen : Diezukünftige Vereinigung des Elsasses mit Deutschland ») et le 14 novembre 1840 ; Réponse au citoyen N(apolé)on Fanjat, ex-commissaire dans les départements du Haut-et du Bas-Rhin par le citoyen Ed. Eissen, ancien préfet intérimaire du département du Bas-Rhin, Strasbourg, 1848, 16 p. ; Das Rheinische Frankreich bei dem gepredigten aber nicht aufgeführten Kreuzzuge gegen den Welschen von Eduard Mars, Strasbourg, 1859, 16 p. ; Répertoire des travaux de la Société pour la conservation des monuments historiques de l’Alsace, 1862 ; Articles dans la Revue d’Alsace (en 1854 sur l’histoire de la cathédrale).
Archives municipales de Strasbourg, état-civil et Legs Gerschel (boîte 14. Tableau de la Loge des Frères Réunis) ; Archives départementales du Bas-Rhin, 1 M 4 (dissolution de la commission départementale et nomination d’Édouard Eissen délégué à la gestion de l’administration départementale par Fanjat, commissaire général des deux départements du Rhin, le 4 mai 1848 et nomination du préfet Renauldon le 10 septembre 1848) et 2 M 96 (profession de foi 1849); Bibliothèque humaniste de Sélestat, ms. 175, Tableau général des membres de la Loge des Frères Réunis de Strasbourg (Eissen affilié en 1841) ; Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M40589 (Alsace. Elections législatives du Bas-Rhin. 1848-1871. Professions de foi et circulaires électorales) ; Au citoyen Ed. Eissen, ex-délégué à la gestion de l’administration du département du Bas-Rhin, le citoyen Non. Fanjat, ex-commissaire général dans les départements du Haut- et du Bas-Rhin, Strasbourg, 1848, 24 p. ; Sitzmann I, p. 430 ; L’HuiIlier, ? La crise franco-allemande de 1859-1860. Étude historique », Bull. de la Faculté des Lettres de Strasbourg, janvier-mars 1955 ; M. Spisser, Les élections et l’opinion publique en Alsace de 1848 à 1851, Strasbourg, D. E. S. d’histoire, 1964, p. 70 ; J. P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous la Seconde République et à la fin du Second Empire, thèse pour le doctorat en journalisme, Strasbourg, 1970, voir index t. III, p. 624 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 173 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2678.
Jean-Pierre Kintz (1986)