Mathématicien, membre associé de l’Académie des Sciences, (Pl) (★ Strasbourg 15.9.1656 † Strasbourg 4.12.1712).
Petit fils de Johann Mathis Eisenschmidt, bourgeois et fondeur d’étain à Bouquenom (Sarre-Union) dans le comté de Sarrewerden ; fils de Jean Gaspard Eisenschmidt († 3.1.1696), fondeur d’étain à Strasbourg, et de Susanne († 17.10.1694), veuve de Sébastien Ebinger bourgeois et fondeur d’étain à Strasbourg. ∞ 30.4.1692 Catherine Elisabeth Boehler, fille de Jean Jacques Boehler, notaire public, économe de nobles et membre du Petit Sénat de Strasbourg. Etudes strasbourgeoises au gymnase pendant dix ans, puis à l’« Académie » à partir de 1673. Jules Reichelt ©, son professeur de mathématiques, présida sa « disputatio » en géographie sur le centre de la terre – de umbilico terrae -. Elle lui valut le titre de docteur en philosophie en 1676. il entreprit des études de médecine. Il présenta sa « dissertation » (de scrofulis) en 1681 et fut ainsi le premier docteur en médecine reçu par l’Université de Strasbourg après le rattachement de la ville au Royaume de France. Il séjourna quinze mois à Paris et se lia d’amitié à l’anatomiste Du Vernay et au botaniste Tournefort. Son voyage le conduisit dans le Midi de la France, en particulier à Montpellier et en Italie. Après son retour à Strasbourg en 1684, il obtint le bonnet de docteur en médecine. Il exerça dans sa ville natale, mais fut amené à abandonner la profession après une grave chute en 1696. Il s’adonna aux mathématiques. Il entretint une correspondance avec les savants de France, d’Allemagne et des Pays-Bas parmi lesquels on peut citer Cassini, de La Hire, Henrion, Reland, Lochner, Thomasius, Wurzelbauer, Junius Schuckard et Ott. Dès 1691 il avait prétendu, contrairement à Newton et à Huyghens que la terre avait une forme ellipto-sphéroïde. Critiqué par Lalande, E. défendit son opinion dans des « lettres » publiées en 1692 dans le Journal des Savants. Il fit paraître plusieurs mémoires dans les principaux journaux de Paris et de Trévoux et dans le recueil de l’Académie des Sciences, qui se l’associa en 1699, en particulier des « Observations » sur les éclipses. La querelle scientifique ne trouva un terme qu’un demi-siècle plus tard lorsque l’Académie organisa les expéditions au Pérou et en Laponie. Il réédita les tables de logarithmes de Kepler et de Bartsch et publia en 1708 un traité sur les poids, mesures et monnaies des Anciens. Il ajouta au texte, inspiré d’une publication faite en 1572 par Stanislas Grepsius de Cracovie, un tableau des mesures de capacité parisiennes et strasbourgeoises. Il fit paraître une carte du Saint-Empire germanique d’une remarquable exactitude. Le roi de France l’avait chargé de dessiner la carte du royaume.
Introductio nova ad tabulas manuales logarithmiticas J. Kepleri et J. Bartschii ; Diatribe de figura telluris elliptico sphaeroide, Strasbourg, 1691 ; De ponderibus et mensuris veterum Romanorum, Graecorum, Hebraeorum ; Nec non de valore pecuniae veteris, Disquisitio, Strasbourg, 1708 et 1737.
Archives municipales de Strasbourg, registres paroissiaux du Temple Neuf et de Saint-Pierre-le-Jeune ; Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, Programmata funebria, carton 446/45 ; dans l’éloge funèbre, Jean Saltzmann, recteur de l’Université de Strasbourg précise : « quo Anno MDCXCIX, ab’Academia Scientiarum Regia, quae Lutetiis Parisiorum est, in Sodalem fuit adoptatus ». Un portrait anonyme conservé au Cabinet des Estampes à Strasbourg mentionne : « Acad. Regiae Parisiensis Scient. Socii ». La grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts… sous la dir. de Berthelot, H. Derenbourg et alii, t. XV, Paris, s.d., p. 719 ; Ch. G. Joecher, Allgemeines Gelehrten Lexikon, Leipzig, 1750, col. 302 (imitation de Grepsius) et 1171- 72 ; Eug. et Em. Haag, La France protestante ou vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l’histoire, Paris, t. IV, 1853, p. 65 ; J. Baquol, Dictionnaire du Haut et du Bas-Rhin, 3e édition par P. Ristelhuber, Strasbourg, 1865, p. 537 ; Revue d’Alsace, n.s., t. IV, 1875, p. 65, Arthur Benoit qualifie Eisenschmidt d’« archéologue distingué (qui) s’était passionné pour les antiquités, les monnaies et les médailles » l’auteur ajoute cette précision : « Après son décès en 1712, la ville de Strasbourg acquit ses instruments astronomiques. Son quart de cercle, garni d’une lunette sans micromètre et d’un limbe en cuivre divisé par transversales, fut transporté à l’observatoire, où il était conservé avant 1789 comme un objet de curiosité ».
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 431 (orthographe du patronyme erronée) ; Neue Deutsche Biographie, IV, 1959, p. 419 ; Index biographiques de l’Académie des Sciences, Paris, 1979, p. 237 (Eisenschmidt… nommé correspondant de Jean-Dominique Cassini le 4 mars 1699).
Jean-Pierre Kintz et Bernadette Schnitzler (1986)