Professeur de droit, (I) (★ Dijon 20.9.1903 d. 4.10.1980).
Fils de Joachim Louis Eisenmann, professeur à la Sorbonne, et de Laure Alexandrine Lyon-Caen. Études à Paris, à la faculté de Droit et à la Sorbonne, où il obtint en 1923 une licence ès lettres (philosophie) et en 1928 le doctorat en droit avec une thèse sur La Justice constitutionnelle et la Haute Cour Constitutionnelle d’Autriche. Pour la préparation de sa thèse, il avait fait deux séjours à Vienne où il avait pris contact avec Kelsen et son système de pensée : le maître autrichien avait préfacé sa thèse ; Eisenmann devait rester son disciple (avec diverses nuances) et contribua largement à le faire connaître en France. De 1928 à 1930, il fut chargé de cours à la faculté de Droit de Caen où il enseigna le droit international public et la législation financière. Reçu en 1930 à l’agrégation de droit public, il fut affecté à la faculté de Droit et des Sciences Politiques de Strasbourg, où il assura divers enseignements (droit constitutionnel, droit administratif, législation pharmaceutique, et même le droit international privé) jusqu’en 1948, avec une interruption due à la guerre. Mobilisé le 24 août 1939 comme lieutenant d’infanterie, il fut fait prisonnier dans les Vosges le 22 juin 1940 : affecté à l’Oflag XVII A, il y dirigea le Centre d’études juridiques jusqu’en février 1944, date à laquelle il fut envoyé au camp des suspects politiques de Lübeck. Pendant sa captivité, son appartement de la rue Gounod à Strasbourg fut saccagé par les nazis, et toutes ses notes de cours et travaux en préparation furent alors perdus. À la libération, tout en continuant son enseignement à Strasbourg, Eisenmann participa au cabinet de René Capitant, ministre de l’Education nationale. Affecté à la faculté de Droit de Paris en 1948, Eisenmann y assura des enseignements de doctorat : droit administratif, contentieux administratif, droit constitutionnel, théorie générale et philosophie du droit. Lors de la mise en place des nouvelles universités parisiennes, il fut rattaché à l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris I) où il en-eigna jusqu’en septembre 1973, date de sa mise à la retraite. Officier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite, Eisenmann a été membre du Comité consultatif des universités de 1949 à 1970, membre du Conseil de l’enseignement supérieur de 1961 à 1964, secrétaire général du Syndicat autonome des facultés de Droit de 1952 à 1956 et président de la Fédération des syndicats autonomes de l’enseignement supérieur de 1959 à 1965.
La Justice constitutionnelle et la Haute Cour constitutionnelle d’Autriche, Paris, Pichon, 1928, préface par Hans Kelsen ; « Deux théoriciens du droit : Duguit et Hauriou », Revue philosophique, 1930, « L’Esprit des Lois et la séparation des pouvoirs », Mélanges Carré de Malberg, Paris, 1933 ; Centralisation et décentralisation : esquisse d’une théorie générale, Paris, 1948 ; Bonn et Weimar : deux Constitutions de l’Allemagne (La Documentation française, Notes et Études documentaires 3 juin 1950, N° 1337) ; « La pensée constitutionnelle de Montesquieu », La pensée politique et constitutionnelle de Montesquieu. Bicentenaire de l’Esprit des Lois, 1748-1948, Paris, 1952 ; « Une nouvelle conception du droit subjectif : la théorie de M. Jean Dabin », Revue du droit public, 1954 ; « Le système constitutionnel de Montesquieu et le temps présent », Actes du Congrès Montesquieu, Bordeaux, 23- 25 mai 1955 ; « Le juriste et le Droit naturel », Le Droit naturel, Annales de Philosophie Politique, n° 3, Paris, 1957 ; « Science du droit et sociologie dans la pensée de Kelsen », Colloque de Strasbourg sur « Méthode sociologique et droit » de 1956, Paris, 1958 ; « La justice dans l’État », La Justice, Centre de sciences politiques de l’Institut d’Etudes Juridiques de Nice, VII, Paris, 1961 ; « Sur la théorie kelsénienne du domaine de validité des normes juridiques », Law, State and in- ternational legal Order : Essays in honor of Hans Kelsen, Knoxville, 1964 ; « La théorie des fonctions de l’Etat chez Carré de Malberg », Journées Carré de Malberg, Strasbourg, 1966 ; Rapport sur l’enseignement du droit dans l’enseignement supérieur, « Les sciences sociales dans l’enseignement supérieur : droit », publications de l’UNESCO, 1re éd., française et anglaise, 1954 ; 2e éd., 1972.
Recueil d’études en hommage à Charles Eisenmann, avec avant-propos de Marcel Waline, Paris, 1975 ; P. Amselek (sous la direction de), La pensée de Charles Eisenmann, Actes du colloque de Strasbourg, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 1986.
Jean Imbert (2004)