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EHRHARD François Albert Charles

Diplomate, (C) (★ Morhange (Moselle) 30.3.1916 † Strasbourg 11.9.2002).

Fils d’Eugène Marie Ehrhard, censeur du lycée Fustel de Coulanges et d’Ellen Spies. Neveu du professeur Albert Ehrhard © ; ∞ 17.1.1950 à Baden Baden Marie Elisabeth Ziser (★ Bad Krozingen, Bade- Wurtemberg 29.4.1927), fille de François Xavier Ziser, fonctionnaire révoqué en 1935 puis employé à l’inspection de l’archevêché de Fribourg, et de Marie Louise Merkunger ; 1 fille. Études secondaires et classes préparatoires de Lettres et première supérieure au lycée Fustel de Coulanges. Licence d’histoire et géographie à l’université de Strasbourg.

Sorti de l’École militaire de Saint Maixent en 1939, il fut immédiatement mobilisé. Fait prisonnier en juin 1940 et libéré après l’Armistice, F. Ehrhard choisit de ne pas rentrer en Alsace. Affecté comme aspirant à l’École militaire du département du Rhône, il fut employé du 23 juillet au 30 décembre 1940 au service clandestin de réception et délivrance de faux certificats de démobilisations aux évadés de la zone occupée. Ehrhard trouva refuge dans les Chantiers de Jeunesse du Dauphiné et du Jura à compter de janvier 1941. Il en démissionna en janvier 1942 pour ne pas avoir à prêter serment au maréchal.

En décembre 1942, le Militärsondergericht für das unbesetzte Gebiet siégeant à Lyon condamna F. Ehrhard à mort par contumace en tant qu’« Alsacien insoumis portant atteinte à la sûreté des armées allemandes ». D’autre part, il fut en relations suivies avec la direction des Cahiers de Témoignage Chrétien publiés clandestinement à Lyon et lui remit nombreux d’articles citant intégralement les circulaires, affiches, publications officielles et instructions secrètes des Gauleiter Burckel et Wagner, relatives aux mesures d’annexion prises dans les départements du Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle et obtenues lors de plusieurs passages de la ligne de démarcation sous les pseudonymes de Desormes, de Tharaud et d’Erard. Ses contributions furent publiées dans le n° 20-23 des Cahiers de Témoignage Chrétien « Alsace et Lorraine Terres françaises ». Activement recherché par les Allemands, il se rendit à Largentière (Ardèche) où il collabora d’avril à novembre 1942, à l’édition clandestine pour la zone occupée du Journal de la Marine Marchande. En novembre 1942, il entra comme traducteur interprète à la Société des Ateliers de Mécanique et de Chaudronnerie de Saint Denis où il demeura jusqu’en février 1945 parvenant fréquemment à empêcher le départ des ouvriers et des employés au STO, à saboter la production en faussant les traductions techniques et en intervertissant les légendes chiffrées des plans et à faire parvenir à Londres les avis de fabrication et les poinçons identifiant les diverses pièces. Son action en faveur des ouvriers arrêtés lors des grèves de la métallurgie parisienne des 11 et 23 novembre 1943 amenèrent son arrestation et sa détention à la Pépinière, puis à la rue des Saussaies jusqu’au 18 décembre 1943.

Après la libération de Paris à laquelle il participa activement, il devint de 1945 à 1949 officier de presse dans le cadre du Commissariat général aux Affaires allemandes. Il œuvra à la direction de l’Information, à la restructuration de la presse allemande et contribua à fonder des journaux tels que le Südkurier et la Wirtschaftsrevue.

Au sein des services culturels, il fut un des premiers à organiser des expositions pour faire connaître des artistes interdits (« dégénérés » tels que Werner Gilles, Werner Scholz et René Sintenis. F. Ehrhard entra ensuite au ministère des Affaires étrangères et débuta une carrière de diplomate avec des fonctions qui le menèrent en Amérique latine comme deuxième secrétaire à l’ambassade de France au Honduras (1956-1964), puis en Nouvelle Zélande (1964-1968). Il devint en 1969 représentant permanent adjoint de la France auprès du Conseil de l’Europe à Strasbourg et, trois ans plus tard, Consul de France à Edmonton (Canada) (1972-1976). De retour à l’administration centrale, à la direction des relations culturelles, scientifiques et techniques, il s’occupa de la coopération technique avec les pays d’Outre-Mer, avant de repartir à l’étranger comme consul de France à Francfort s/Main (RFA) (1978-1980). A la fin de sa carrière, F. Ehrhard fut nommé à la représentation permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe à Strasbourg où il prépara la ratification, par la France, de la Convention des Droits de l’Homme (1982).

Chevalier de la Légion d’honneur en 1969, Officier de l’ordre national du Mérite en 1974.
Rythmes noirs (recueil de poèmes), presses Fr. Stadler, Constance, 1946 (tirage limité) ; « Les droits de l’homme en Alsace de la pré-Révolution française à la constitution de 1911 », in L’Alsace et les Droits de l’Homme, Saisons d’Alsace n° 86, 1984, p. 71-108; « Albert Ehrhard (1862-1940) et la crise de conscience du catholicisme à Vienne, au tournant du siècle », in Études Danubiennes, tome V/1, 1989, p. 65-80 ; « Alexandre Walewski, fils de Napoléon Ier (1810-1868) ».

Anne Françoise Macris-Ehrhard et Georges Foessel (1986)