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EHM Albert

Universitaire, homme politique, (C) (★ Sélestat 12.8.1912 † Sélestat 2.10.1983).

Fils d’Étienne Ehm, fondé de pouvoir à la Banque du Rhin, et de Marie Cécile Schlecht. ∞ 16.7.1938 à Sélestat Jeanne Ruhlmann (&starf∞ Dambach-la-Ville 8.9.1914) professeur d’allemand, fille de Paul Ruhlmann, directeur des « Caisses de malades » de l’arrondissement de Sélestat, et de Marie-Line Schuhler. Études secondaires à Sélestat et universitaires à Strasbourg. Diplôme d’études supérieures obtenu en 1934 avec le sujet : « la sociologie religieuse de Max Weber ». Professeur dans divers collèges de l’Alsace puis au lycée Fustel de Coulanges. Thèse de doctorat d’État ès lettres soutenue en Sorbonne dès 1938 sur un sujet de pédagogie (lauréat de la Fondation Weill). Nommé professeur de philosophie au Lycée de Haguenau le 1er octobre 1938. Militant de l’Action catholique ; président de l’A.C.J.F. (Association catholique de la Jeunesse française) et du groupe d’études Saint-Jérôme dès 1931. Conférences dans le cadre de l’Action catholique (en particulier les Semaines sociales) de 1932 à 1939. Mobilisé en 1939 ; a servi dans les services de météorologie de l’Armée de l’Air puis fut affecté au 2e Bureau à Amboise. Revenu à Bouxwiller en Alsace où étaient réfugiés les élèves du lycée de Haguenau en mai 1940, il refusa de servir dans l’administration allemande. Il quitta l’Alsace le 8 octobre 1940 et accepta le poste de professeur de philosophie au Prytanée militaire de La Flèche replié à Valence (1940-1943). Il créa et dirigea l’Institut de psychologie et de pédagogie de l’université de Lyon (1942-1944). Il gagna Paris le 12 juillet 1944 et poursuivit sa carrière à Marly-le-Roi (Institut de pédagogie rattaché au ministère de la Jeunesse). Pressenti pour un poste de sous-préfet (Altkirch) par le général de Gaulle qui voulait nommer en Alsace des administrateurs issus de la région, il déclina l’offre. Avec le recteur Marcel Prélot © et des collègues tels E. Baas © et Etienne JuiIlard ©, il participa à la réinstallation des services de l’Éducation nationale en Alsace. Il reprit son poste au Lycée Fustel de Coulanges et fut chargé de cours à la Faculté des Lettres de Strasbourg. Alors qu’il avait fait de nombreuses conférences pendant la guerre (en particulier sur la Madone dans l’art), il eut l’occasion de les poursuivre sous la forme de chroniques hebdomadaires à Radio Strasbourg dont il fut conseiller culturel avec Martin Allheilig © jusqu’en 1948. Ses idées politiques et sociales, l’amitié d’Alfred Oberkirch © et les encouragements de Pierre Pflimlin © expliquent la participation d’Alfred E. à la campagne électorale en faveur des candidats MRP à la première Constituante de 1945. Pierre Pflimlin, sous-secrétaire d’État à la Santé, l’appela dans son cabinet. Le nom d’Albert E. figura tout naturellement sur la liste MRP lors des élections du 2 juin 1946 à la Seconde Constituante, mais fut écartée de celle des législatives de novembre. Albert Ehm retourna dans l’enseignement. Il obtint la promesse d’un soutien du parti lors des élections prochaines au Conseil de la République en 1947. Élu, il ne put siéger immédiatement : il lui fallut attendre l’âge légal de 35 ans. Il avait été élu en février 1947 au Conseil Général pour représenter le canton de Marckolsheim lors d’une élection partielle provoquée par le décès d’Alfred Oberkirch. En 1949 le MRP le présenta avec succès aux élections cantonales contre le président du Conseil Général sortant, le Dr. Albert Bur ©. Au cours de cette même année, il entra au Conseil de l’Europe et fut le plus jeune membre du groupe parlementaire français. Fut-il alors victime d’ambitions rivales qui trouvèrent le prétexte pour lui arracher la démission de sénateur ? Alfred Wehrung le remplaça au Conseil de la République le 2 février 1950. Cette crise provoqua la rupture avec le MRP. Albert Ehm réintégra l’enseignement et se fit nommer à Sélestat. Il conquit la mairie de Sélestat en 1953 et ne l’abandonna qu’en 1965. Il resta conseiller municipal jusqu’en 1971. Il mit à profit les années de prospérité pour réaliser un vaste programme de rénovation et de modernisation de la ville. Membre de la CFTC, Albert Ehm fut élu au conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité Sociale de Sélestat que son beau-père dirigeait et à celui de la Caisse régionale de Strasbourg. S’il se porta sans succès candidat indépendant aux élections législatives de 1956, il fut néanmoins réélu au Conseil général au cours de la même année. Sollicité par des personnalités influentes, parmi lesquelles on cite le général Koenig ©, il se présenta avec succès au suffrage des électeurs en 1958 et représenta dès lors la circonscription de Sélestat-Erstein à l’Assemblée nationale jusqu’en 1978. En 1958 le soutien des gaullistes lui fut acquis, mais aussi celui des démocrates-chrétiens et des indépendants. A partir de 1962 sa candidature fut placée sous le sigle de l’UNR puis de l’UDR et du RPR. Il entra au bureau de l’Assemblée nationale. Il devint membre honoraire du Parlement en 1980. Il fit à nouveau partie de la délégation française à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe de janvier 1963 à septembre 1967 et à l’Union de l’Europe occidentale. Il obtint le titre de vice-président honoraire du Conseil général du Bas-Rhin après y avoir œuvré du 23 septembre 1945 au 25 mars 1979. Il était également entré au Conseil Régional lors de sa mise en place en 1973 ; il y siégea, au titre de député, jusqu’à la fin de son mandat de parlementaire. A. Ehm constitua une importante collection de témoignages et de documents personnels : « Une vie intense et variée ». Dans sa jeunesse, il avait affirmé un goût artistique : il peignit des tableaux et composa des pièces de théâtre.

F. W. Foerster, sa pédagogie morale, Paris, 1937 (thèse principale) ; L’éducation nouvelle, ses fondements philosophiques, son évolution historique, son expansion mondiale, Sélestat, 1937 (thèse secondaire) ; Éducation et culture, problèmes actuels, Rodez, 1942 ; Pédagogie nouvelle et réforme de l’enseignement, Cahiers de l’Institut de psychologie et de Pédagogie, cahier n° 1, Paris, P.U.F., s.d ; p. 101-109 ; Rapport au 25e Congrès de l’enseignement professionnel sur « la formation professionnelle de nos jeunes », in Honneur et Patrie du 2.8.1946 ; Das Spiel der Zeiten. Eine dramatische Spielfolge in Wort, Bild, Musik, Sélestat, 1951, 20 p. ; Dernières Nouvelles de Colmar des 4 et 10 février 1939 ; La Croix du 15 février 1939 ; Honneur et Patrie des 3 mai 1946 et 14 août 1962 ; Le Nouvel Alsacien des 24 mai 1946 et 16 octobre 1950 ; L’Alsace du 12 août 1982 ; Dernières Nouvelles du 4 octobre 1983 ; Dictionnaire de la politique française, publ. sous la direction de Henry Coston, Paris, 1967, p. 406 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p.325, 320-324 et 331 ; P. M. Dioudonnat et S. Bragadir, Dictionnaire des 10 000 dirigeants politiques français, 1re édition, 1977- 1978, Paris, p. 302 ; Who’s who in France, 1969, 1973 et 1975.

Jean-Pierre Kintz (1986)