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EDEL

Famille de fondeurs de cloches actifs à Strasbourg du milieu du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle et dont la renommée dépassa bien loin les frontières de l’Alsace. Leur nom est gravé sur plusieurs centaines de cloches non seulement d’Alsace, du Pays de Bade et de la vallée rhénane mais aussi en dehors de l’Europe, par exemple en Chine, au Brésil et en divers pays d’Afrique. Faute d’indication, de nombreuses cloches ne peuvent être attribuées à l’un ou l’autre membre de la famille. On estime à environ 8 000 exemplaires le nombre des cloches sorties de leur établissement. Leur fonderie, d’abord établie près de la Tour Blanche au lieu-dit « Schaenzel », fut transférée, peu après 1681, rue Sainte-Barbe où elle resta jusqu’à la fin du XIXe siècle.

 

(ordre de classement):

  1. Melchior (1614-1669)
  2. Hans Peter (1643-1725)
  3. Mathieu I (1684-1757)
  4. Mathieu II (1714-1783)
  5. Mathieu III (1742-1810)
  6. Jean Louis I (1781-1860)
  7. Frédéric Guillaume (1787-1866), pasteur et écrivain
  8. Louis (1810-1887)
  9. Jean-Louis II (1845-1892)

 

  1. Melchior,

fondeur de cloches et de canons, (PI) (★ Ravensburg 22. 6. 1614 † Strasbourg 1. 11. 1669). Fils de Johannes E., fabricant d’éperons. ∞ I 17. 4. 1642 à Strasbourg Susanna Speck, fille de Peter S., fondeur de canons ; ∞ II 22. 3. 1652 à Eckbolsheim Barbara Moser, fille de Sebastian M., charretier à Gutach, Bade. Originaire de Ravensburg, E. acquit le droit de bourgeoisie de Strasbourg le 4. 12. 1641 et succéda à son beau- père, après la mort de celui-ci. Il est l’ancêtre de la célèbre lignée de fondeurs de cloches, qui travailla à Strasbourg jusqu’à la fin du XIXe siècle. Lui sont attribuées les cloches de Monswiller (1648), de la chapelle Sainte-Marguerite à Epfig (1659), de la chapelle Sainte-Catherine à Saverne (1662), de la chapelle du cimetière d’Oppenau (Bade) (1667), le Bürgerglöcklein à l’église du même lieu (1667), la cloche de l’église d’Amoltern, Bade, (1668), la refonte en 1667 de la grande cloche de l’église Saint-Thomas à Strasbourg datant de 1486 et fissurée en 1663.

 

  1. Hans Peter,

fondeur de cloches et de canons, (PI) (★ Strasbourg 8. 10. 1643 † 30. 12. 1725). Fils de 1. et de Susanna Speck. ∞ 13. 7. 1671 à Strasbourg Marthe Helbeck, fille de Mathieu H. (ou Höllbeck) dit Böhm (ou Böhmer). Apprit le métier chez son père ; voyagea en Suisse et en France (1664-1668). N’ayant plus le droit de fondre des canons après 1681, il transféra vers 1683-84 la fonderie dans la rue Sainte-Barbe. On lui attribue une cloche à Meistratzheim (1680) aujourd’hui disparue, celle de Wittelbach, Bade, (1681), celle de Barr (1685), celle de l’église Saint-Martin à Erstein (1694), celle du temple de Gottesheim (1699), celles de Nonnenweier (1704), Steinach (1714) et de Gutach (1715). « Churfürstlicher Stückgiesser », il fut aussi actif dans la région du Rhin inférieur de 1702 à 1719 où on lui attribue des cloches à Rödingen (arrondissement de Juliers) (1702), Mülheim am Rhein (1706), Cologne (Saint-Séverin) (1707), Osterath (arrondissement de Krefeld) (1708), Uerdingen (1709), Zons (arrondissement de Neuss) (1710), Wickrath (arrondissement de Krevenbroich) (1710). Il exécuta aussi des petits travaux en laiton, tel le mortier avec pilon conservé dans une collection privée à Saverne.

 

  1. Mathieu I,

fondeur de cloches, (PI) (★ Strasbourg 13. 8. 1684 † 8. 6. 1757). Fils de 2. ∞ 7. 12. 1712 à Strasbourg Marie Madeleine Habrecht, fille d’Abraham H., horloger. Il est l’auteur d’une cloche ornée de nombreux reliefs à Geispolsheim (1717), Lahr, Bade (1718), Hipsheim (1724), Bohlsbach, Bade (1725), Elzach, Bade (1725), Broggingen, Bade (1725), Wittenweier, Bade (1727), Nordrach, Bade (1728). Nonnenweier, Bade (1729). Un mortier en bronze, joliment décoré et daté de 1729, est signé de lui aux Hospices civils de Strasbourg. Lui ou son fils sont les auteurs de cloches à Hausgereuth, Bade (1749), Ottenheim, Bade (1750), Steinach, Bade (1750) et à Appen- weier, Bade (1751).

 

  1. Mathieu II,

fondeur de cloches, (PI) (★ Strasbourg 7. 10. 1714 † 8. 4. 1783). Fils de 3. ∞ 18. 4. 1742 à Strasbourg Catherine Marguerite Fischer, fille de Jean Joachim F., brasseur. Les cloches fondues et signées entre 1764 et 1783 peuvent être attribuées soit à lui, soit à son fils Mathieu III ©. Compte tenu de cette réserve, on lui doit des cloches à Obernai (Leonardsau) (1756), Oberwolfach, Bade (1756), Wittelbach, Bade (1761), Offenbourg, Bade (1763), chapelle Saint-Ludan à Hipsheim (1764), Griesheim, Bade (1766), Printzheim (1767), Linx, Bade (1770), Riegel, Bade (1771), Wyhl, Bade (1771), Münzingen, Bade (1771), Dinglingen, Bade (1774), Teningen, Bade (1774), Buchheim, Bade (1775), Ottenheim, Bade (1777), Blaesheim (temple) (1779). A lui ou à son fils doit être attribué un mortier en bronze des Hospices civils daté de 1778 et vendu aux enchères en 1913.

 

  1. Mathieu III,

fondeur de cloches, (PI) (★ Strasbourg 15. 11. 1742 † 20. 10. 1810). Fils de 4. ∞ 14. 6. 1773 à Strasbourg Julienne Madeleine Klett, fille de Sigismond K., commerçant d’Augsbourg, et d’Elisabeth Madeleine Sandner. Les cloches fondues et signées entre 1765 et début 1783 peuvent être attribuées à lui ou à son père. C’est le cas pour une cloche à Oppenau, Bade (1771), à l’abbaye de Marbach (1774) qui se trouve à Eguisheim, et à Lautenbach, Bade (1781). Parmi les autres cloches coulées par lui signalons la refonte du bourdon de Saint-Thomas de Strasbourg (1783), des cloches à Wittichen, Bade (1789), Ichenheim, Bade (1790), d’Ottenheim, Bade (1791), Dinglingen, Bade (1798), Hindisheim (1803), de la cathédrale de Strasbourg (1786, 1787, 1806), Nordhouse (1802 et 1807), Hipsheim (1802 et 1803), Limersheim (1803), Osthouse (1803), Durbach, Bade (1805), Ebersheim (1807). Le 15. 3. 1798 il signa un contrat (encore conservé) pour la fonte de 3 nouvelles cloches à Bühl, Bade. Elles furent livrées le 22. 6. 1798.

 

  1. Jean-Louis,

fondeur de cloches, (PI) (★ 11. 7. 1781 † 1. 8. 1860). Fils de 5. ∞ 16. 3. 1809 à Strasbourg, Salomé Friedolsheim (★ 31. 10. 1788). A fondu une ou plusieurs cloches pour les églises suivantes: Saint-Thomas à Strasbourg (1810) (avec son père), Maennolsheim (1812), Ernolsheim-lès-Saverne (1810), Saint-Pierre (1810), Benfeld (1812), Furchhausen (1812), Saverne (Saint-Antoine de Padoue, 1812), Bolsenheim (1813), Eckartswiller (1813), Erstein (1813), la cathédrale de Strasbourg (1814), confisquée en 1917, Dettwiller (Saint-Jacques, 1817 et 1831), Boofzheim (1818), Bouxwiller (temple, 1818), confisquées pour la fonte en 1917, Saint-Martin à Colmar (1819), Neunkirch (Notre-Dame, 1820), Linx, Bade (1820), Ottersthal (chapelle Sainte-Barbe, 1826), Erstein (1829 et 1837), chapelle du Holzbad (1836).

 

  1. Frédéric Guillaume,

pasteur, pédagogue et érudit, (PI) (★ Strasbourg 21. 10. 1787 † Strasbourg 7. 3. 1866). Fils de 5. ∞ 28. 6. 1810 à Strasbourg Sophie Caroline Grauel (★ Strasbourg 11. 2. 1788), fille de Jean Guillaume G., instituteur, et d’Anne Barbe Hoffer. Immatriculé au Gymnase protestant en 1796, au séminaire en 1803, à la Faculté de Théologie en 1807 où il soutint sa thèse latine en 1811, il fut d’abord instituteur à l’école paroissiale Saint-Guillaume de Strasbourg (1808-1815), puis pas- teur à Riquewihr (1815-1821) et à Strasbourg (Temple Neuf) de 1821 à sa mort; il fêta le jubilé de son ministère en 1865. Président du consistoire et inspecteur ecclésiastique du Temple Neuf à partir de 1835, il siégea dès lors au Consistoire supérieur. Le Gouvernement le nomma membre du Directoire de l’Eglise de la confession d’Augsbourg en 1848. Elève dans sa jeunesse de l’érudit Jérémie Jacques Oberlin ©, il n’appréciait guère les théories mystiques de son frère Jean Frédéric Oberlin ©, mais en continuateur de ses maîtres rationalistes Blessig © et Haffner ©, il adhéra au mouvement libéral, s’opposant parfois aux idées de son collègue Haerter ©, plus attaché au Réveil. Il prit cependant une part active à l’évolution de l’Eglise luthérienne en France et à son évolution, comme cofondateur de la Conférence pastorale en 1834, et s’intéressa de près aux œuvres missionnaires, bibliques et caritatives. Chevalier de la Légion d’honneur.

 

Principales publications, toutes à Strasbourg : – de théologie, en plus de nombreux sermons d’édification, funèbres et de circonstance, Die Augsburgische Confession…, 1830 ; Das Kirchenjahr mit seinen Sonn- und Festtagen, sammt der biblischen Perikopen, 1841 ; Der evangelische Verein der Gustav-Adolph-Stiftung in Deutschland, 1844. Von den Glocken, 1862 – d’histoire : Die Neue Kirche in Strassburg, 1825 ; Religions-geschichte von frühester Zeit, 1830 ; Erinnerung an Blessig, 1842 ; Die astronomische Münsteruhr in Strassburg, 1843 ; D. Joh. Geiler von Kaisersberg (sic) 1848 ; Joh. Tauler, Prediger zu Strassburg im 14. Jht., 1852 Monätsblatter der Blessig-Stiftung, 1847-1850 (avec la correspondance de Blessig à sa femme 3.12.1793 – 3.11.1794). Der Augsburger Religionsfriede, 1855 ; Worte von Blessig und Haffner, 1858 ; Gottl. Conrad Pfeffel, 1859. – De catéchèse : Neue Historien- bibel oder Geschichten und Lehren der heiligen Schrift für die Jugend, 1847, 4. Aufl.

Archives Bas-Rhin, Archives du Directoire (dépôt), 320 ; Sitzmann I, 417-418 ; Goedeke, t. XIII (1834), p. 81 ; H. Strohl, Le protestantisme en Alsace, Strasbourg, 1950, passim (voir index) ; Bopp I, p. 129-130, II, p. 600 ; DBF XII, 1970, 1119 ; EA V, 1983, 2644.

 

  1. Louis,

fondeur de cloches, (PI) (★ Strasbourg 15.10.1810 † 6.9.1887). Fils de 6. ∞ 24.8.1841 à Strasbourg, Emilie Koenig (★ Strasbourg 14.9.1822). Prit la succession de son père à partir de 1846. Son nom figurerait sur près de 1800 cloches. Très actif entre 1850 et 1871, il serait l’auteur des cloches suivantes : Leymen (1843), Boofzheim (église Saint-Etienne, 1854 et 1855), Mutzig (1850), Gerstheim (temple, 1854 et 1869), Traenheim (1855), refonte en 1859 d’une cloche de Jean Lambert d’Anvers, fondeur à Deneuvre, Zellwiller (1863), Eckartswiller (1870), Nonnenweier, Bade (1871), Daubensand (temple, 1873), Itterswiller (1876). Lui (ou son fils Jean-Louis) coula en 1884 la grande cloche de l’église protestante de Munster, marquée d’un relief de Martin Luther.

 

  1. Jean-Louis II,

fondeur de cloches, (PI) (★ Strasbourg 27.7.1845 † 9.3.1892). Fils de 8. Célibataire. Dernier de la lignée. Il succéda à son père en 1887. On lui attribue des cloches dans les églises suivantes : Friesenheim (1880), Reichstett (église catholique, 1884), Kehl (1884), Dabo (1884), Geudertheim, Geispolsheim. Les trois cloches du Temple-Neuf à Strasbourg furent sa dernière œuvre. Il s’intéressa aussi à la galvanoplastie (armoiries de Strasbourg et représentation en miniature de l’Homme de Fer).

 

Archives Municipales de Strasbourg, Reg. paroiss. protestants et livre de bourgeoisie, t. III et Legs Gerschel, boîte 14, tableau général des Frères Maçons de la Loge des Frères Réunis (Edel Louis né en 1810) ; BNUS, ms. 5107 f° 1 ; F.C. Heitz, Die St. Thomas-Kirche in Strassburg, 1841, p. 41 ; L. Schneegans, L’église de St. Thomas et ses monuments, Strasbourg, 1842, p. 153-155 ; F. Piton, Strasbourg illustré, I, 1855, p. 227, 369-370 ; F.W. Edel, Von den Glocken. Geschichtliche und technische auch vaterländische Mittheilungen über dieselben, Strasbourg, 1862, 44 p. ; Ch. Gérard, Les artistes de l’Alsace pendant le moyen âge, I-II, 1872-1873 ; F.X. Kraus, Kunst und Alterthum im Unter-Elsass, Strasbourg, 1876 ; JAL du 10.5.1884 ; Gemeinde-zeitung für Elsass-Lothringen, 1884, p. 193 ; Affiches de Strasbourg du 10.9.1887 ; Strassburger Post des 9.9.1887, 11.3.1892, 9.6. et 13.7.1917 ; Courrier de l’Art, 1887, p. 296 ; A. Seyboth, Das alte Strassburg, 1890 ; JAL du 10.3.1892 ; Der Volksfreund du 20.3.1892 ; Jahrbuch der Ges. für Sprache, Literatur Els. Lothr., 1894, p. 158 ; Caecilia, Jg. 20., 1903, n° 3, p. 45 ; Revue d’Alsace, 1904, p. 307 ; Die Kunstdenkmäler des Grossherzogthums Baden VI, 1 : Landkreis Freiburg, 1904, VII, Kreis Offenburg 1908 ; Sitzmann I, 417 ; Die Ortenau, 1912, H.3 ; K. Walter, Glockenkunde, Regensburg, 1913, p. 723-724 ; Thieme-Becker X, 1914, 334 ; Badische Heimat, 1931, p. 29 ; Bopp, p. 129-130 ; NA du 8.2.1967 ; DBF XII, 1970, 1119 ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Canton de Saverne, Bas-Rhin, Paris, 1978 ; EA V, 1983, 2644.

François Joseph Fuchs (n° 1-9) et Christian Wolff (n° 7) (1986)