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DUEMICHEN Johannes Ludwig Albert Christian von

Egyptologue, (Pl) (? Weissholz près de Glogau, Silésie, 25.10.1833 † Strasbourg 7.2.1894).

Fils de Friederich Duemichen, pasteur à Herrendorf, Silésie, et de Maria von Haugwitz (1793-1889). ? Anna Amalia Maria Elisabeth Werth (? Berlin 6.12.1841 † Strasbourg 16.3.1918), fille de Johann Georg Wilhelm, geheimer Sanitätsrath, et de Wilhelmine Charlotte Maria Naundorf de Berlin. Après des études de théologie et de philosophie, à Breslau et Berlin, Duemichen s’enthousiasma pour l’égyptologie. Élève de Lepsius et de Brugsch, sa formation et son affirmation dans cette discipline, sur lesquels on manque d’informations précises au départ, restèrent en tout cas fortement marquées par la fin de l’époque romantique des pionniers de l’égyptologie. Avec un esprit idéaliste et courageusement aventureux il fit un premier voyage, à ses propres frais et avec des moyens très réduits de 1862 à 1865 en Égypte, Arabie, Nubie et Soudan, copiant inlassablement et fé- brilement des textes de toutes sortes qu’il mit d’ailleurs généreusement à la disposition de Brugsch et de Lepsius. Au cours de ce premier voyage, en janvier 1864, il rencontra en Égypte, à Edfou, l’expédition d’Emmanuel de Rougé dont il fit alors connaissance et qui lui évita un premier différend avec Auguste Mariette en lui conseillant d’enlever le drapeau prussien qu’il avait fait flotter sur le pylone du temple, juste avant l’arrivée du directeur du service des antiquités. Mais ensuite la publication par Lepsius de l’importante liste des Rois de la Table d’Abydos que Duemichen avait recopiée sur le champ de fouilles d’Auguste Mariette sans lui demander formellement l’autorisation, donna lieu à une acerbe controverse de priorité, où Emmanuel de Rougé, professeur au Collège de France, se rangea du côté du directeur français du service des antiquités d’Égypte. En 1867, Duemichen devint Ehrendoktor de la faculté de Philosophie de l’Université de Leipzig mais sa candidature fut écartée au profit de Georg Ebers lorsque fut créée dans cette université une chaire d’égyptologie. Duemichen fit un second voyage en Haute Égypte en 1868, grâce à la possibilité qu’il eut de participer à une expédition vers Aden patronnée par le roi de Prusse pour observer une éclipse solaire, comme responsable de la section photographique. Il put ainsi faire photographier une grande partie des monuments de Haute Égypte dont il assura une publication d’apparat. En 1869, il fut invité avec Lepsius et Brugsch par le Khédive Ismaël pour l’inauguration du canal de Suez. Il servit alors avec Lepsius de cicerone au Kronprinz Frédéric Guillaume (futur empereur Frédéric III) dont il gagna la faveur et l’amitié. En 1872 il fut ainsi nommé professeur extraordinaire à la nouvelle Université impériale de Strasbourg. À ce titre il fit un quatrième voyage en Égypte de 1874 à 1876 durant lequel il se consacra surtout à l’étude du temple de Dendera qui avait sa prédilection. En 1879 il fut nommé professeur ordinaire d’égyptologie à Strasbourg devenant ainsi le premier titulaire et créateur de cette chaire à l’Université de Strasbourg. Ses études portèrent surtout sur la géographie de l’Égypte ancienne et sur les textes de l’époque gréco-romaine. L’œuvre et la personnalité de Duemichen ont été diversement appréciées. Le grand Adolf Erman, de Berlin, rapporte perfidemment que ses collègues de Strasbourg l’appelaient « Dümmlichen », qu’il avait le verbe diffus et la pensée confuse. Incapable de programmer son travail, l’éditeur Onken dut lui retirer le volume Aegypten de sa Weltgeschichte pour le confier à Édouard Meyer, parce qu’il n’avait réussi à rédiger qu’une monstrueuse introduction de 300 pages consacrée à la géographie du pays ! L’éditeur du Baedeker dut mettre le volume prévu pour la Haute Égypte au pilon. Il cite également le style emphatique, avec des phrases de 30 lignes, de la notice consacrée par Duemichen à Lepsius, sans oublier l’anecdote invariablement racontée par Duemichen de ses fouilles dans la tombe de Petemenophis à Thèbes où il se bandait des pelures d’oranges sur la bouche et sous le nez pour se protéger de l’odeur des chauve-souris ! Il est certain que son œuvre fut considérablement ralentie et entravée par la maladie dans les dernières années de sa vie. On n’a aucune information sur le sort de ses papiers scientifiques et de ses archives privées. Sans héritiers directs, sa tombe au cimetière Saint-Gall de Strasbourg, où fut également inhumée sa femme, fut attribuée en 1943 à la famille Müller-Pierson. Duemichen fut membre de nombreuses sociétés savantes. Titulaire de l’ordre de la Couronne et de l’ordre de l’Aigle rouge, de Prusse ; chevalier de l’ordre de Saint-Michel de Bavière ; de l’ordre du Medschdieh de Turquie. Enfin en 1887, croix d’honneur de l’ordre de la Couronne de Wurtemberg avec élévation à la noblesse à titre personnel.

Oeuvres principales : deux listes ont été publiées dans le Bibliographisches Jahrbuch der deutschen Hochschulen, par R. Kukula, Innsbruck, 1892, p. 151-152 et W. Spiegelberg, Recueil des travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes, seizième année, Paris, 1894, p. 76-77. En outre on peut citer Zur Geographie des alten Aegyptens (lose Blätter aus dem Nachlass von J. D.), Leipzig, 1894 ; G. Ebers, « Johannes Duemichen », Allgemeine Zeitung, n° 56 (Beilage n° 47), 1894 et Aegyptische Studien und Verwandtes, Stuttgart, Leipzig, 1900, p. 471-484 ; H. Brugsch et A. Erman, « J. Duemichen », Zeitschrift für ägyptische Sprache, n° 32, 1894, p. 63; H. Brugsch, Mein Leben und mein Wandern, Berlin, 1894, p. 262, 285 ; G. Maspero, « Notice sur la vie et les oeuvres d’Emmanuel de Rougé », Oeuvres diverses, t. 1, 1907, p. CIII-CVIII ; A. Erman, Mein Werden und mein Wirken, Erinerungen eines alten Berliner Gelehrten, Berlin, 1929, p. 169-170 ; B. Lepsius, Das Haus Lepsius, Berlin, 1933, p. 233 ; E. Blumenthal, Altes Aegypten in Leipzig, 1982, p. 8 ; J. A., 10 et 12. 2. 1894.

Marc Lang (1985)