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DREYFUS Auguste

Négociant et banquier, (I, puis C vers 1862) (? Wissembourg 28.6.1827 † Paris 25.5.1897)

Fils d’Edouard Dreyfus (1788-1866), marchand, et de Sara Marx, ? I 15.8.1862 à Lima (Pérou), Sofia Bergman († 1871); ? || 18.1.1873 à Lima Louise Gonzalez-Pinillos (1847-1924), petite-fille du maréchal Orbegoso, premier président de la république péruvienne. Dreyfus, qui avait quitté l’Alsace avec sa famille vers 1840, s’établit au Pérou et rejoignit en 1858 la société commerciale fondée à Paris en 1852 par ses aînés, Prosper, Jérôme et Isidore. Le 5.7.1869, il signa avec le gouvernement péruvien un contrat qui lui donnait le monopole de la vente en Europe de deux millions de tonnes de guano, représentant un marché de 625 millions de francs-or, et lui attribuait la charge d’agent financier du Pérou : ses avances au gouvernement étaient garanties par une hypothèque sur les revenus de la nation. Dès le lendemain, il forma la « participation guano », dans laquelle s’engagea la Société générale, au capital de 60 millions. Dreyfus ne tarda pas à être attaqué de toutes parts, par ses concurrents évincés, par un nouveau gouvernement péruvien, par les créanciers du Pérou, par ses partenaires financiers avec lesquels il se brouilla. Défendu par 54 avocats, parmi lesquels Jules Grévy et Waldeck-Rousseau, il remporta tous ses procès, mais certaines affaires étaient encore en instance devant les cours internationales en 1930… Dreyfus acquit une immense fortune qu’il consacra à d’importants achats fonciers, domaines viticoles dans le Médoc et le Roussillon, haciendas, ranchos et huertas au Pérou, ou immobiliers, comme le château de Pontchartrain dont la restauration fut confiée à Émile Boeswillwald ©. Il constitua une impressionnante collection de tableaux de maître (Velazquez, Zurbaran, Murillo, Rubens, Lorrain, Courbet, Corot, etc.) et d’œuvres d’art qui furent en partie dispersés dans une grande vente à Paris en juin 1896. Ses fils, Louis (1874-1965) et Édouard (1876-1941) épousèrent, après sa mort, des Talleyrand-Périgord et relevèrent des titres éteints dans la famille de leur mère : l’aîné devint marquis de Villahermosa, le cadet duc de Premio Real.

Fonds Dreyfus Frères & C’e, Centre des archives du monde du travail, Roubaix, 28 AQ 1 à 125 ; Catalogue des objets d’art…, collection de M.D., Galerie Georges Petit, vente du 1er au 4 juin 1896 ; Catalogue des tableaux…, vente du 8 juin 1896 ; Sergines, Silhouettes financières, 1872, t. 2, p. 37-39 ; J. Bouvier, Le Crédit lyonnais de 1863 à 1882 : les années de formation d’une banque de dépôts, 1961, p. 455-458 ; E. Chadeau, L’économie du risque, les entrepreneurs, 1850-1980, 1988, p. 137-168 (confusion avec la famille Louis-Dreyfus) ; N. Stoskopf, « Le roi du guano », Saisons d’Alsace, 9, 2000, p. 42-45; N. Stoskopf, Les patrons du Second Empire, 7, Banquiers et financiers parisiens, 2002, p. 150-154.

Nicolas Stoskopf (2004)