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DORÉ Joseph Pierre Marie

Théologien, archevêque, (? Grand-Auverné, Loire-Atlantique, 26.9.1936).

Fils de Joseph Doré, commerçant, et de Marie-Thérèse Cochet. Joseph Doré a fait des études secondaires à l’institution Saint-Joseph d’Ancenis et a commencé sa théologie au Grand Séminaire de Nantes. Ordonné prêtre pour le diocèse de Nantes en 1961, il a été admis l’année suivante dans la Compagnie de Saint-Sulpice, dont il est membre depuis lors. Il a poursuivi ses études à Paris, à Rome où il a soutenu sa thèse et à Münstern, Westphalie, où il a fréquenté notamment les futurs cardinaux Ratzinger, Kasper, et Karl Rahner. D’abord professeur et directeur au Séminaire de Nantes (1965-1971), puis, pendant dix ans, de 1971 à 1981, au Séminaire Universitaire de l’Institut Catholique de Paris (Séminaire des Carmes), il a aussi enseigné la théologie dogmatique et la théologie fondamentale à la faculté de Théologie du même Institut Catholique (1971-1997), dont il a été doyen de 1988 à 1994, dirigeant ensuite le Département de la Recherche et la Revue de l’Institut Catholique de Paris. Auteur de plusieurs ouvrages de fond et d’une bonne centaine d’articles parus dans des revues spécialisées, françaises ou étrangères, il a en outre dirigé une vingtaine d’ouvrages collectifs, rassemblant le plus souvent les travaux de colloques ou de congrès spécialisés. Il a également fourni des contributions à diverses encyclopédies : Catholicisme, Dictionnaire des religions, Encyclopaedia Universalis, Grand Larousse Universel, Lexikon für Theologie und Kirche. Il a été directeur de collections : chez l’éditeur Desclée, il a dirigé depuis 1977, la collection Jésus et Jésus-Christ (88 volumes parus), puis, à partir de 1985, le Manuel de théologie Le christianisme et la foi chrétienne (8 volumes parus) ; chez Beauchesne, la collection Sciences théologique et Religieuses depuis 1992 (10 volumes parus). Il ne s’est pas borné à cette activité intellectuelle, mais s’est impliqué dans la vie de l’Église en prêchant des retraites pastorales ou des carêmes comme à l’église Saint-François-Xavier à Paris, à laquelle il fut lié de 1981 à 1997. Il a fourni des prestations régulières dans divers mouvements d’Église, d’Action Catholique ou non. Il a fait partie du groupe de préparation du Rapport Dagens, (1994-1996), devenu la Lettre aux Catholiques de France dont il a notamment rédigé l’Instrument de travail théologique (1995) et le Guide de lecture (1996). Il a été membre de la Commission Théologique Internationale (1992-1997), Président de l’Académie Internationale des Sciences Religieuses à Bruxelles (1992-1999), consulteur du Conseil Pontifical de la Culture, membre de la Commission historique et théologique du Grand Jubilé 2000. Nommé archevêque de Strasbourg le 23.10.1997, il a été consacré le 23 novembre suivant. Sa maîtrise de la langue allemande n’est sans doute pas étrangère à sa nomination en Alsace. Dès son arrivée, il a sillonné son diocèse pour faire connaissance avec les paroisses, les communautés et les mouvements. Il a renouvelé les Conseils diocésains et le Conseil épiscopal. Mgr Hégelé, son auxiliaire, ayant atteint l’âge de démissionner, il a obtenu du Saint-Siège et du gouvernement français la nomination d’un nouvel auxiliaire en la personne de l’abbé Christian Kratz ©.

Il a lancé la grande opération du Réaménagement pastoral, destinée à adapter les structures du diocèse aux réalités humaines (raréfaction du clergé) et religieuses nouvelles. Les travaux des deux assemblées présynodales (2001 et 2002) ont prévu de faire passer à terme le diocèse de 767 paroisses à 170 communautés de paroisses, placées sous la conduite d’un curé et d’une Équipe d’Animation Pastorale (EAP) comportant des prêtres, des diacres et des laïcs, et assistée d’un Conseil pastoral. Il a manifesté son souci particulier de la formation, de la culture, et du dialogue interreligieux, en développant de façon significative les Services diocésains qui en sont chargés. Il a initié des Conférences d’Avent à la cathédrale, qui ont vu intervenir alternativement de grands pasteurs, comme les cardinaux Lehmann, Danneels, Etchegaray et Martini et de personnalités tels René Rémond, Jacques Delors, Jean Boissonnat et Michel Camdessus. Lui-même a proposé des Conférences de Carême sur les thèmes essentiels de la foi, conférences démultipliées à partir de 2004 à Strasbourg, Mulhouse et Colmar. Il a lancé la tradition d’un Concert de Pâques à la cathédrale, qui rencontra d’emblée un vif succès. Il a soutenu la mise en place à travers l’Alsace des Chemins d’Art sacré. Il a participé activement à la fondation d’un Conseil local d’Églises chrétiennes pour le dialogue inter-religieux et fonda lui-même dans le diocèse des commissions spécialisées (Judaïsme, Islam, Religions extrême-orientales, Nouvelles religiosités). Il a porté une attention particulière aux différents acteurs de la pastorale. En décembre 2003, il a organisé à Huttenheim la première rencontre proposée à tous les prêtres d’Alsace, qui réunit plus de 500 participants. Il a renforcé l’appel et la formation au diaconat. Il a soutenu et développé le groupe des coopérateurs laïcs de la pastorale (quasiment 200 en 2004) en qualifiant théologiquement leur mission comme ministère laïc. Il a été amené à se positionner par rapport à différentes sensibilités ecclésiales particulières : refus d’installation d’un prieuré dépendant de l’abbaye du Barroux, fixation de règles pour la Communauté Ecclesia Dei Saint-Arbogast, à l’intention des fidèles désireux de célébrer la liturgie traditionnelle, nouvelles orientations pour assurer l’intégration de la communauté du Chemin Néo-Catéchuménal. Ayant terminé en cinq ans (1998-2004) la visite pastorale territoriale des cinquante-huit doyennés du diocèse, il a effectué avec son auxiliaire, en 2003-2004, celle des mouvements apostoliques, qui se poursuivra par celle des mouvements spirituels et des communautés de prière. Le printemps 2004 a été marqué par de nouvelles orientations diocésaines sur le sacrement de la réconciliation, qui concilient les normes rappelées par le Saint-Siège et les acquis de la réforme liturgique tels qu’ils ont été vécus en Alsace ainsi que sur la pastorale des personnes divorcées et remariées. Le Jubilé de l’an 2000 a été l’occasion d’une grande réunion des responsables politiques. Invité par l’évêque de Limoges à Oradour à l’occasion du 60e anniversaire du tragique événement, Monseigneur Doré s’est déclaré « solidaire des heures lumineuses, comme des heures sombres de l’histoire de l’Alsace ». Reconnaissant l’objectivité du fait de la participation d’Alsaciens, il a invité à enregistrer la double souffrance des Limousins et des Malgré-Nous d’Alsace-Moselle, « victimes d’une même barbarie ». Par cette démarche, qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait pu accomplir, il a manifesté aux yeux des Alsaciens comme des Français de l’intérieur, qu’il n’était pas seulement l’évêque de l’Alsace mais bien un « évêque alsacien ». L’année 2002 a été fortement colorée par les festivités du Millénaire de la naissance du pape alsacien Léon IX. La fin de 2002 vit la célébration du Centenaire de la Faculté de Théologie catholique, et la fin de 2003 celle du Centenaire de la Caritas diocésaine. Au début de 2004, marqué par le débat sur les signes religieux à l’école, il est intervenu en faveur d’une conception ouverte de la laïcité telle qu’elle se vit en régime concordataire. Son épiscopat est encore marqué par le projet de construction, sur le site Saint-Thomas à la Robertsau, d’une Maison diocésaine devant permettre un travail mieux articulé entre les nombreux Services diocésains ainsi que par le réaménagement du chœur de la cathédrale, rendant effective, avec la construction d’un nouvel autel, et après quarante ans de situation provisoire, l’application des préceptes liturgiques du Concile Vatican II. Le 10.6.2004, il a participé aux cérémonies rendant hommage aux martyrs d’Oradour (célébration de la messe et homélie). Membre de la Commission doctrinale des Évêques de France, du Conseil pontifical de la Culture et du Conseil spécial pour l’Europe du Synode des Évêques. Officier dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Publications (sélection) : Jésus-Christ, Première Bibliothèque des Connaissances Religieuses, Paris, 1987 et 1992 (traduit en plusieurs langues) ; Jean Guitton. Le Christ de ma vie. Dialogue avec J. Doré, Paris, 1987 ; Introduction à l’étude de la théologie (avec plusieurs collaborateurs), Manuel de théologie, Paris, 1991, 3 vol. ; Le livre des Merveilles. 365 histoires vraies à lire chaque jour où l’on voit Dieu à l’œuvre dans le monde, (avec collaborateurs), Paris, 1999 ; La grâce de croire, Paris, 3 vol., 2003-2004.

Louis Schlaefli et Bernard Xibaut (2004)

Compléments :

Démissionnaire pour raisons de santé le 25.8.2006, il reste administrateur du diocèse de Strasbourg jusqu’au 21 avril 2007. Commandeur de la Légion d’honneur et des Arts et Lettres.

Michel Kubler, « Mgr Doré démissionne à Strasbourg », La Croix, 25.8.2006

François Bousquet, « Hommage à Monseigneur Joseph Doré », Transversalités, n° 121, 2012/1, p. 157-168

Philippe Legin (juin 2018)