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DONNÉ Marie François Alfred

Médecin, microscopiste et biologiste, recteur d’Académie, (C) (? Noyon, Oise, 13.9.1801 † Paris 7.3.1878).

Fils de Jean-Baptiste Adrien Donné (? 1760 † 1812), propriétaire, et d’Euphrosine Marie Anne Gély (? 1777 † 1825). ? 8.4.1834 à Paris Marie Victorine de Joantho (? Paris 13.11.1816 † Paris 4.2.1899), fille de Louis Aimé de Joantho et de Marie Jeanne Antoinette Silvestre de Sacy). Destiné au barreau, Donné fut inscrit aux écoles de Droit de Paris, avant d’entreprendre par vocation, des études de médecine. Sa vie active, désormais put s’engager dans trois espaces intellectuels qui, chaque fois, le portèrent à un premier rang. Sa carrière de savant se concentra autour des investigations micrographiques dont il est le véritable initiateur français. Dès la soutenance de sa thèse, le 17.1.1831 (Recherches physiologiques et chimico microscopiques sur les globules du sang, de pus, du mucus et des humeurs de l’œil Paris, 1831) il avait affirmé ses orientations. Après la description des plaquettes sanguines (« globulins ») et une observation sur la leucémie, suivit la découverte du trichomonas vaginal, énoncée dès 1836 (Animalcules observés dans les matières purulentes et le produit des sécrétions des organes génitaux de l’homme et de la femme, C.R. Acad. des Sciences – 127, 1836, p. 305-386), confirmée dans les Recherches microscopiques sur la nature du mucus et de la matière de divers écoulements des organes génito- urinaires chez l’homme et chez la femme : description des nouveaux animalcules découverts dans quelques-uns de ces fluides ; observations sur un nouveau mode de traitement de la blennorragie, Paris 1837. Une autre direction de recherche fut consacrée au lait et aux globules du colostrum. D’un intérêt essentiel est l’institution du cours libre de microscopie pratique, dispensé de 1837 à 1846. L’édition du Cours de microscopie complémentaire des études médicales. Anatomie microscopique et physiologie des fluides de l’Économie, Paris 1844 et l’Atlas exécuté d’après nature au microscope-daguerréotype, Paris 1845 en collaboration avec son élève Léon Foucault (le futur inventeur du pendule par lequel il démontra le mouvement de rotation de la terre) en matérialisent les témoignages. De fait, Donné, chef de clinique de Bouillaud à l’hôpital de la Charité au moment de la nomination de ce dernier en 1831, avait à trois reprises cherché à entrer à la faculté de Médecine : candidat à la chaire de physique en 1835 il se désista ; aux concours d’agrégation à la section de médecine de 1832 et de 1835, il ne fut pas reçu. Avec les Conseils aux mères sur la manière d’élever les enfants nouveau-nés, Paris 1842, qui connurent plusieurs rééditions et traductions en anglais (Boston, 1854, 1859 et 1860) et en grec (Smyrne, 1883), les Conseils aux familles sur la manière d’élever les enfants, suivis d’un Précis d’hygiène applicable aux différentes saisons de l’année, Paris 1866, et l’Hygiène des gens du monde, Paris, 1869, il conquit un succès retentissant d’hygiéniste. Son activité littéraire se manifestait, en fait, dans un second domaine, qui était celui du journalisme scientifique. Par l’intermédiaire de son ami Ustazade Silvestre de Sacy, dont il devait épouser la nièce, il avait été chargé des comptes-rendus de l’Académie des Sciences dès 1829. Il devait les assumer jusqu’en 1870, en même temps que des articles très remarqués sur les découvertes du moment sur l’hygiène, sur ses travaux personnels et sur ses voyages. Enfin, il faut ajouter une troisième branche d’activité de sa carrière, qui fut celle d’un administrateur supérieur. Le 24.7.1845, il devait, en effet, abandonner ses activités médicales pour la charge d’inspecteur général des Écoles de Médecine. Lors de sa tournée en 1847 à Strasbourg (où il était venu une dizaine d’années auparavant en qualité de secrétaire d’Orfila), il fut l’objet de remarques désobligeantes de la part de la rédaction de la Gazette médicale (VII, 8, p. 255-262). Destitué par le gouvernement républicain en 1848, il fut nommé recteur de l’Académie de Strasbourg le 30.4.1853, lors de la réorganisation, comme successeur de Nouseilles, avant d’occuper les mêmes fonctions à Montpellier à partir du 22.8.1854. C’est de cette époque que date sa correspondance avec Pasteur sur la génération spontanée. Dix-neuf années plus tard, le 18.9.1878, le décret du ministre Balbie, fixant la retraite des recteurs à 70 ans, l’obligea à quitter son poste. À son retour à Paris, il reprit sa collaboration active au Journal des Débats, dont il avait, pour un temps, abandonné les compte-rendus académiques à Foucault. Pour son activité, Donné avait été nommé officier de la Légion d’honneur.

« Nécrologie Alfred Donné », Journal d’Alsace-Lorraine du 12.3.1878 ; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p. 56 ; G. Daremberg, Les grands médecins du XIXe siècle, Paris, 1907, p. 119-125 ; J. Turchini, « La découverte des globulins ou plaquettes sanguines par Alfred Donné et l’évolution des conceptions quant à leur origine, Montpellier médical, n° 5, mai 1837 ; J. Grynfelt, « Les corps granuleux de Donné ou corpuscules du colostrum », Ibid, mai 1937, n° 5 ; C. Dreyfus, « Alfred Donné, un précurseur en hématologie », Nouvelle Revue Française d’Hématologie, 2, 1962, p. 241-255 ; L. Alazard, Alfred Donné (1801-1878). Un précurseur en hématologie, thèse méd., Paris, 1967, multigr. ; J. Théodorides, Un grand médecin et biologiste, Casimir Joseph Davaine (1812-1882), Oxford, etc., 1968, p. 122, 157, 190 ; Th. Vetter, L’École anatomique strasbourgeoise, 1977, p. 69-70 ; Ch. H. Marx, « Alfred Donné et les premiers essais d’applications des sciences exactes en médecine » (pli cacheté n° 35), C.R. Académie Sciences de Paris, t. 293 (30.11.1981), p. 101-103 ; Encyclopédie de l’Alsace, t. 4, 1983, p. 2422.

Théodore Vetter et François de Vismes (1985)