Ecclésiastique.
Selon la Passion des saints Dizier, évêque, et Rainfroy (Reginfridus), diacre, rédigée au IXe siècle, Dizier, originaire de Rennes ou de Rouen, devint évêque – on ignore de quel diocèse – et entreprit avec une nombreuse escorte un voyage pieux qui dura bien des années et était à la fois un long pèlerinage d’un lieu saint à un autre et une mission pour lutter contre les hérésies. Après la visite de Rome il se rendit en Ortenau où il réussit à amener à l’orthodoxie la population qui avait été gagnée à des erreurs par un évêque. En témoignage de reconnaissance, le duc des Alamans lui fit don de beaux vêtements sacerdotaux ainsi que d’un calice, d’une patène et d’une coupe en argent. Dizier les utilisa pour célébrer la messe un 17 septembre dans un oratoire consacré à saint Martin près de Delle qui se trouvait sur sa route, dans l’actuel village de Saint-Dizier (Territoire de Belfort). Mais ces objets sacrés éveillèrent la cupidité de certains assistants qui assassinèrent Dizier et son diacre Rainfroy et blessèrent son serviteur, alors que ceux-ci venaient de reprendre leur voyage et se trouvaient au lieu appelé plus tard Croix (Dizier avait perdu le reste de son escorte du fait d’une épidémie). Ce meurtre eut lieu soit entre 661 et 675, soit au début du VIIIe siècle. Mentionné dès 735-737, le tombeau du saint, important monument de l’art mérovingien, existe encore dans l’église paroissiale qui a succédé à l’oratoire consacré à saint Martin.
« Passio sanctorum Desiderii episcopi et Reginfridi diaconi », Monumenta Germaniae historica, Scriptores rerum merovingicarum, t. VI, p. 55-63 ; W. Levison : « Kleine Beiträge zu Quellen der fränkischen Geschichte », Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, t. 27 (1902), p. 368-399 ; J. Hubert, « Les monuments funéraires de l’église de Saint-Dizier en Alsace », Bulletin monumental, t. 94 (1935), p. 215-235. J. M. B. Claus, Die Heiligen des Elsass, Düsseldorf, 1935, p. 52-54 et 199.
Christian Wilsdorf (1985)