Evêque. Noble du Brabant, d’abord chanoine de Liège, puis, après le transfert de Frédéric de Blankenheim de Strasbourg à Utrecht, désigné pour occuper le siège de saint Arbogast, à la suite d’une intervention du cardinal Philippe d’Alençon, dont Diest était le protégé (7.7.1393). Ni le chapitre de Strasbourg, ni la ville n’accueillirent cette nomination avec joie ; l’un et l’autre ne reconnurent Diest qu’en 1395. Comme le prélat ne se fit pas donner la consécration épiscopale –il n’était même pas prêtre -, il n’avait droit qu’au titre d’élu. Au lieu de s’employer à redresser la situation financière du diocèse, dont le temporel était écrasé par les dettes de Blankenheim, Diest augmenta le nombre de ses créanciers. Il engagea tant de terres et de droits qu’en 1405 le chapitre et la ville voulurent arrêter ses dilapidations. Ce qui restait de la mense épiscopale fut confié par ces deux collectivités à une commission tripartite ; l’élu n’en nommait qu’un membre. Il ne s’assagit nullement ; bien au contraire, il fit subir à son clergé des exactions qui le rendirent très impopulaire. En 1415, le doyen du chapitre affirma que l’élu s’apprêtait à céder Saverne au duc de Lorraine. La ville de Strasbourg ne se résigna pas à voir les Lorrains s’emparer de la porte de l’Alsace. Avec le doyen, qui pensait prendre la place de Diest, le Magistrat tendit à l’élu un guet-apens le 3 décembre. Diest fut mis aux arrêts à Strasbourg. Des délégués du clergé séculier et des abbés décidèrent de former une ligue appelée « grande confrérie », le 22 décembre. Cet organisme devait protéger les ecclésiastiques contre les abus de pouvoir. Le concile de Constance condamna ce coup de mains et jeta l’interdit sur la ville le 24. 6. 1416. L’élu, libéré, se présenta devant les pères. Le réquisitoire du doyen, qui n’était pas plus vertueux que l’élu, n’obtint pas la condamnation de Diest. Ceux qui l’avaient enlevé furent excommuniés le 8. 11.1417 mais l’élu, ne fut confirmé qu’en 1419 dans ses fonctions. Il s’était fait conférer la prêtrise en 1417 ; il fut consacré en 1420, 24 ans après avoir été nommé. Il se conforma en 1423, aux ordres de Rome, transmis par l’archevêque de Mayence et réunit le synode diocésain. Entre temps, il n’avait pas pu s’empêcher de faire cause commune avec les patriciens de Strasbourg, qui avaient fait sécession. L’arbitrage de l’archevêque de Mayence mit fin à ce conflit en 1422. Mais les hostilités furent rouvertes en 1434 ; la ville sortit victorieuse du conflit. Diest reconnut la « grande confrérie » qui en échange, accepta de lui octroyer des subsides. Cet argent ne suffit pas à l’évêque dont la gestion fut mauvaise jusqu’à la fin. Quand il mourut en 1439, le temporel de l’évêché se trouvait dans un état lamentable ; la méfiance de la ville de Strasbourg était plus vive que jamais et le clergé pouvait s’opposer aux tentatives de réformes en recourant aux interventions de la grande fraternité.
Hierarchia catholica medii aevi, Munster, 1893, I, p. 105 ; W. Wiegand et coll., Urkundenbuch der Stadt Strassburg, Strasbourg, 1900, VI, passim ; H. Kaiser, Die Konstanzer Anklageschrift von 1416 und die Zustände im Strassburger Bistum unter Bischof W. von Dienst, 1907, p. 387-455 ; L. Pfleger, Kirchengeschichte der Stadt Strassburg im Mittelalter, Colmar, 1941, p. 151-155; F. Rapp, Réformes et Réformation à Strasbourg, Paris, 1974, p. 122-127.
Francis Rapp (1986)