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DIENER Antoine Émile Pierre Clément

(nom de guerre : Ancel),

Résistant, animateur de l’éducation populaire, (C) (★ Freyming, Moselle, 9.1.1916 † Strasbourg 26.4.2005).

Fils d’Antoine Diener, instituteur, originaire de Dambach (près de Niederbronn), et de Marie Pira. ∞ 27.12.1937 à Metz Paule Malet, institutrice, fille d’un militaire originaire de Dordogne. Après sa scolarité à l’École normale d’instituteurs de Montigny-lès-Metz (1934-1937) et son service militaire qu’il termina comme sous-lieutenant de réserve, A. Diener fut instituteur en Moselle. Mobilisé sur la ligne Maginot en 1938 et en 1939-1940, il fut fait prisonnier par les Allemands en juin 1940. Libéré comme Alsacien-Lorrain, il quitta immédiatement la Lorraine annexée et retrouva son épouse réfugiée chez ses parents en Dordogne. D’octobre 1940 à 1944, il suppléa des instituteurs de ce département prisonniers de guerre. Durant les étés de 1941 et de 1942, il participa en Aveyron à l’animation du Carrefour des Tilleuls, organisé par Émile Baas © dans le cadre de la paroisse universitaire pour la formation spirituelle et politique des jeunes normaliens et instituteurs réfugiés. Il entra en Résistance au printemps 1943 dans le Réseau Martial et commença à recruter des volontaires pour les futures « centuries » du GMA-Sud, groupe mobile Alsace, qui devait être le bras armé du réseau. Après la rafle opérée par la police allemande dans les milieux résistants à Périgueux en février 1944, il rejoignit un petit maquis de l’Armée Secrète dans la forêt de la Double à l’ouest du département. Peu après, devenu le « lieutenant Ancel », il prit la tête de ce maquis, qu’il transféra près de Vergt au sud de Périgueux. En mai, il obtint le soutien d’un « état-major interallié » constitué par des officiers britanniques du SOE (Special Operations Executive) rejoints par le « colonel Berger » (André Malraux ©). Après le débarquement du 6.6.1944, plus d’un millier de nouveaux volontaires le rejoignirent, mais les parachutages d’armes se faisaient attendre : l’état-major départemental des FFI l’autorisa à disperser ces « poussins sans grains » en petites unités. La confiance que lui manifestaient les dirigeants de la Résistance en Dordogne explique que son corps franc fut chargé de deux missions essentielles : l’acheminement le 18.7., depuis la Corrèze, des armes parachutées destinées aux FFI du Périgord et l’interception, à Neuvic-sur-l’lsle le 26. 7. 1944, des sacs de billets de la Banque de France au profit des maquis. Pour la libération de Périgueux (19.8.1944), il constitua un bataillon d’Alsaciens, de Lorrains et de Périgordins, la « Légion Alsace-Lorraine ». Cette unité devint le « bataillon Strasbourg », qui rejoignit la brigade Alsace-Lorraine commandée, comme le « capitaine Ancel » l’avait préconisé, par Berger-Malraux. Du 27.9. au 7.10.1944, le bataillon fut engagé dans la bataille des Vosges. Il reprit le combat dans le Sundgau le 23.11, s’empara notamment de Ballersdorf le 26.11. Ancel fut blessé au pied le 27.11. lors de la prise de Dannemarie. À partir du 30.1, une partie de son bataillon, qu’il dirigeait depuis Geispolsheim, défendit Gerstheim sur le Rhin. Encerclés le 7.1.1945, la majorité des hommes de cette garnison réussirent dans des conditions épouvantables à échapper à la captivité. La brigade Alsace-Lorraine fut dissoute le 16.3. et le commandant Ancel fut démobilisé. À la demande de Malraux, il fonda alors l’Amicale des Anciens de la Brigade, qu’il présida quelques années. En juin 1945, Antoine Diener fut nommé directeur du nouveau Centre de formation des cadres localisé à Strasbourg-Montagne Verte : il était chargé avant tout de la diffusion d’une culture française et démocratique aux instituteurs qui avaient subi la Gleichschaltung nazie. Après la fermeture du Centre en 1950, il suivit des cours à la faculté des Lettres, puis réussit le concours de l’inspection de la Jeunesse et des Sports. Dans cette fonction, il se consacra essentiellement, jusqu’à son départ à la retraite en 1976, au soutien aux structures et aux associations d’éducation populaire du Bas-Rhin. Malgré ses liens avec Malraux, Diener n’adhéra jamais à un parti politique. Officier de la Légion d’honneur (1975), croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance, Palmes académiques.

Archives privées ; F. L’Huillier, Libération de l’Alsace, Paris, 1975, p. 54 ; L. Mercadet, La Brigade Alsace-Lorraine, Paris, 1984 ; B. Metz, « De la 7e Colonne d’Alsace à la brigade indépendante Alsace-Lorraine », A. Wahl (dir.), Les Résistances des Alsaciens-Lorrains durant la Seconde Guerre Mondiale 1939-1945, Metz, 2006, p. 175-207.

Léon Strauss (2007)