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DIEBOLD née MUTSCHLER Laure

(pseudonymes en Résistance : Mona, Mado)

Résistante © (★ Erstein 10.1.1915 † Lyon 9e, Rhône, 17.10.1965). ∞ 31.1.1942 à Lyon 7e Eugène Diebold.

Fille de Florent Mutschler, menuisier, et de Philomène Blanché. Laure Mutschler vécut à Sainte-Marie-aux-Mines dès l’âge de trois ans. Après des études secondaires, elle devint sténodactylo bilingue à Sainte-Marie-aux-Mines (1934-1935), puis de 1939 à 1935 aux usines Elastic à Saint-Louis. En 1939- 1940, elle fut secrétaire d’un industriel à Saint-Dié (Vosges). Dès juillet 1940, elle participa à Sainte-Marie-aux-Mines à un réseau de passeurs et hébergea des prisonniers évadés. Démasquée ou dénoncée, elle passa la frontière cachée dans une locomotive à la veille de Noël 1941 pour rejoindre Lyon, où elle retrouva son fiancé et se maria. Elle trouva du travail au Service d’entraide des réfugiés et expulsés alsaciens et lorrains. Entrée à partir de mai 1942 au réseau « Mithridate » : agent de liaison et d’évasion catégorie P1, elle recueillait des informations qu’elle codait et faisait passer à Londres par radio ou par courrier. Arrêtée une première fois par la police de Vichy avec son mari en juillet 1942, ils furent relâchés faute de preuve. Elle se réfugia à Aix-les-Bains, Savoie, et passa dans la clandestinité sous le pseudonyme de Mona. Engagée aux Forces françaises libres, immatriculée au BCRA (Bureau central de renseignements et d’action), sous le nom de « Mado », elle fut affectée, en septembre 1942, aux services de Jean Moulin, représentant du général de Gaulle et délégué du Comité national français en zone Sud, puis commissaire national en mission, délégué général du général de Gaulle en France et président du Conseil national de la Résistance, en qualité d’agent P2 avec le grade de lieutenant. Disposant à partir de janvier 1943 d’un véritable bureau à Lyon, elle fut la dactylo de Jean Moulin, tout en aidant jour et nuit Daniel Cordier, radio et chiffreur de la Délégation. Après l’arrestation de son « patron » à Caluire, Rhône, le 21.6.1943, Laure et son mari, courrier de la Délégation, se rendirent à Paris, où ils continuèrent leur travail aux côtés de Claude Bouchinet-Serreulles, délégué pour la Zone Nord, et de Georges Bidault, nouveau président du Conseil national de la Résistance. Le couple tomba dans une « souricière » en septembre 1943. Laure Diebold réussit à convaincre la Gestapo qu’elle n’avait fait que servir de « boîte aux lettres » et échappa ainsi à la torture. En juin 1944, elle fut déportée au camp d’Auschwitz, puis à Ravensbrück, enfin à Taucha, Saxe, où elle refusa de travailler. Destinée à être exécutée, elle fut sauvée par un médecin tchèque qui escamota sa fiche à deux reprises. Libérée en avril 1945 par les Américains, elle retrouva à l’Hôtel Lutetia à Paris son mari, également de retour de déportation. En dépit d’une santé très altérée, elle recommença immédiatement à travailler, tout d’abord à Paris dans un ministère et plus tard à Lyon dans une entreprise où elle fut secrétaire, puis bibliothécaire. Très modeste, alors qu’elle était l’une des six femmes nommées Compagnons de la Libération (contre 1030 hommes) par le général de Gaulle, elle ne parla plus jamais de ses épreuves. Au Musée de l’Ordre de la Libération figurent plusieurs petits objets confectionnés par Laure Diebold lors de sa déportation. Une rue de Lyon porte son nom. Compagnon de la Libération (décret du 20.11.1944), légion d’Honneur, croix de Guerre, médaille de la Résistance avec rosette, croix du Combattant volontaire, médaille des Déportés résistants, médaille de la France libre.

R. Faligot, R. Kauffer, Les Résistants. De la guerre de l’ombre aux allées du pouvoir (1944-1989), Paris, 1989, p. 553 ; R. Thalmann, « L’oubli des femmes dans l’historiographie de la Résistance », Clio, 1995, n° 1 ; J.-P. Azéma, Jean Moulin. Le politique, le rebelle, le résistant, Paris, 2003, p. 14, 285 ; site Internet de l’Ordre de la Libération.

Raymond Valentin et Léon Strauss (2004)