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DEZ Jean

Jésuite, écrivain, supérieur (★ Neuville-au-Pont, Marne 3.4.1643 † Strasbourg 12.9.1712). Ayant terminé ses études au collège des Jésuites de Châlons-sur-Marne, il fut reçu au noviciat de la Compagnie à Nancy le 1.5.1660. Après la première probation et un an de régence au collège d’Autun il étudia deux ans la philosophie à Pont-à-Mousson (1 663-65), fut professeur de 4e puis de 3e à Sedan, puis de rhétorique à Verdun (1667-69), puis à Pont-à-Mousson. De 1670 à 1674 il étudia la théologie à l’Université de Pont–à-Mousson, fut ordonné prêtre en 1672. De 1674 à 1677 il fut professeur de philosophie à Dijon, en 1677 ministre et prédicateur à Verdun, il y fit profession solennelle le 15 août. L’année suivante il fut père spirituel au collège de Nancy. Louis XIV, qui le connaissait personnellement, le fit désigner comme le premier recteur du collège qui s’ouvrait à Sedan (1681), ce qui ne l’empêcha pas de prêcher à Paris l’Avent à Saint-Eustache et le Carême à Saint-Gervais. Quand le roi voulut que les Jésuites fondassent un séminaire et un collège à Strasbourg c’est le père Dez qui y fut nommé le premier recteur en 1682. Il le resta jusqu’en 1691, enseignant en même temps la théologie positive ou patristique et l’Écriture sainte. Pendant la campagne d’Alsace, en 1688, le Dauphin, qui commandait une armée, voulut que Dez l’accompagnât. Rentrant à Versailles il dit au père : « Si je faisais encore une campagne, je n’aurais d’autre confesseur que vous ». Les qualités morales, intellectuelles et spirituelles de Dez le firent désigner comme provincial de la Champagne de 1691 à 1694. Lorsque les provinces du Nord eurent été conquises, le roi voulut que le gouvernement des principales maisons d’éducation des Jésuites fussent confiées à des religieux « de l’intérieur » et Dez fut nommé provincial de la Gallo-belge résidant à Lille (1695-98). Il ne fut déchargé de cette fonction que pour être provincial de France, c’est-à-dire de Paris (1698-1701), puis de Champagne pour la deuxième fois, en résidence à Nancy (1701-1704). De 1704 à 1708 il redevint recteur de l’Université et du collège de Strasbourg, puis une troisième fois provincial de Champagne (1708-1711). Il était une fois de plus recteur de Strasbourg quand il y mourut.

Excellent prédicateur, controversiste habile, savant, mais pacifique, connaissant l’allemand, il avait ramené à la foi catholique des hommes qui appréciaient sa droiture, son aménité, son érudition et la solidité de son enseignement, ainsi Ulric Obrecht et les ministres Pistorius et Stachs. En 1685 un écrit tendant à la réunion avec les protestants : Articuli fidei… ad unionem... publié à son insu lui fut attribué, attaqué par les luthériens et mis à l’index par Rome. Il en refusa la paternité et publia en 1687 La réunion des protestants de Strasbourg à l’Église romaine également nécessaire pour leur salut et facile selon leurs principes, qui fut approuvé par Bossuet et réimprimé à Strasbourg en 1689 et à Paris en 1701. Un autre ouvrage, La foy des chrétiens et des catholiques..., ne parut qu’après sa mort par les soins du P. de Laubrussel eh 1714 et en 4 vol. Dans l’affaire du quiétisme malgré son amitié pour Bossuet, il prit nettement la défense de Fénelon par deux écrits anonymes en 1697 et en 1698. Quand il le put il prêcha nombre de missions et de retraites. Étant provincial de la Gallo-belge, il avait rédigé une Instructio pro magistris Uterarum humaniorum S.J. qui fut imprimée à Lille en 1701. Cet homme au sens oecuménique passe pour être l’auteur de deux Mémoires présentés à la Congrégation du Saint-Office contre l’avis de Mgr Maigrot et en faveur de la pratique des missionnaires jésuites dans la question des rites chinois.

Carrez, Catalogi Provinciae Campaniae S.J., t. 6, 7, 1897, p. XCI-XCII ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 372 ; Dictionnaire de théologie catholique, 4, 1911, col. 685 ; A. Monod, De Pascal à Chateaubriand, Paris, 1916 ; Catholicisme, t. 3, 1952, col. 716 ; Établissements des Jésuites en France, passim, t. 4, p. 1155, 1956 ; Sommervogel 1966, t. 3, p. 30-34 ; t. 10, p. 432 ; t. 1 1, p. 1681 ; t. 12 (Rivière Cavallera), p. 1285 et 4254 ; H. Hillenaar, Fénelon et les Jésuites, 1967, passim, p. 155-158 ; Dictionnaire de biographie française 11, 1967, 232 ; Encyclopédie de l’Alsace, t. 4, 1 983, p. 2327.

Hugues Beylard (1986)