Anatomiste et chirurgien, (C) (★ Vouhenans, près de Lure, Franche-Comté, 6.2.1744 † Paris 1.6.1795).
Fils de Claude Desault, laboureur, et de Johanne Varin. ∞ 1782 à Paris Marguerite Thouvenin. Destiné à l’état écclésiastique, il fut élevé dans un collège de Jésuites, mais sa vocation chirurgicale le fit entrer en apprentissage à Magny-Vernois, puis à Lure et enfin à l’hôpital militaire de Belfort. Venu à Paris en automne 1764, il suivit les leçons de Sabatier, d’Antoine Petit et d’Antoine Louis. Dès 1766, il organisa lui-même des cours privés d’anatomie et de chirurgie dont le succès lui attira l’interdiction momentanée par le collège de Saint-Côme, levée grâce à la protection de Louis et de La Martinière. Agréé au Collège de chirurgie, il fut reçu à l’Académie de chirurgie en 1776 et soutint, la même année, une thèse sur l’opération des calculs vésicaux. Enfin, il put donner toute la mesure de son talent à l’hospice des Écoles (1776-1782), à l’hôpital de la Charité puis à l’Hôtel-Dieu dont il devint chirurgien en chef en 1788. Nommé membre du Comité de Santé aux armées après la chute de la royauté, il fit cependant l’objet d’un mandat d’arrêt en 1793, mais fut libéré grâce à Fourcroy. Il fut désigné le 31.1.1795 comme professeur de clinique chirurgicale à l’École de Santé de Paris. Requis pour donner ses soins à l’enfant Capet, le fils de Louis XVI, emprisonné au Temple, il mourut peu après. L’un des premiers à ouvrir un amphithéâtre de dissertion particulier, animateur de la célèbre école chirurgicale de l’Hôtel-Dieu où il inaugura un enseignement de la chirurgie externe, Desault y opérait dans une salle spéciale et non plus au lit du malade. Considérant l’avancement de la chirurgie dans un état supérieur à celui de la médecine, il était opposé à leur union et se défiait des sciences fondammentales (Imbault-Huart). Les apports multiples à sa discipline dans tous les domaines, et notamment en urologie, la perfection de sa méthode d’enseignement, la création de l’anatomie chirurgicale, sa force de caractère firent de lui un modèle. A. Dubois, Corvisart, Laennec furent ses élèves, mais le fait d’avoir discerné le génie de Bichat, son fils spirituel, qui publia son Journal de chirurgie à partir de 1791 ainsi que ses Oeuvres chirurgicales (1798, 2 vol.) ajoute à ses mérites.
M. A. Petit, Éloge de Desault, Lyon, 1795 et 1806 ; X. Bichat, Notice historique sur la vie de Pierre Joseph Desault, Paris, 1795 ; Hoefel, Nouvel. Biogr. Gén. t. 13, 1866, p. 745-749 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 367-368 ; H. Mondor, Anatomistes et chirurgiens, Paris, 1949, p. 217-258 ; Dictionnaire de biographie française X, 1965, 1192-1193 ; P. Huard et M. J. Imbault- Huart, Biographies médicales et scientifiques Jean Astruc, Antoine Louis, Pierre Desault, Paris 1972 ; M. J. Imbault-Huart, L’école pratique de dissection de Paris de 1750 à 1822 Lille, 1975.
Théodore Vetter (1986)