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DERRINGER Henri

Officier, résistant (★ Luneburg, Basse Saxe, Allemagne 13.2.1905 † Bischoffsheim 1.12.1974).

Fils de Heinrich Derringer, et d’Anna Augusta Jaeckel. ∞ I Suzanne Delpit (décédée).  ∞ Il Jeanne Impérial. Engagé en 1925 à la Légion Étrangère, Derringer a fait campagne au Maroc, au cours de la guerre du Rif qui lui valut la croix de Guerre TOE. Naturalisé Français en 1930, il est demeuré dans l’armée française. En 1936, il a été adjudant-chef au 5e régiment de Cuirassiers à Strasbourg dont il a commandé en 1939 le peloton de mortiers de 60 mm. Entre temps, très bon cavalier, il avait été vainqueur de nombreux concours sur la jument Isenzo dont le nom devait ultérieurement servir à identifier les messages personnels le concernant, diffusés par la BBC (Radio Londres). Après l’armistice de juin 1940, Derringer a été affecté par le 3e Bureau de l’état-major au Groupe d’Autodéfense (GAD) de la Région militaire de Lyon dont relevait le fuseau « Franche-Comté/Lorraine » d’infiltration clandestine de l’armée d’armistice en zone occupée et interdite. Structures de renseignement et d’action, les GAD furent antérieurs à la création du BCRA (Bureau central de renseignements et d’action chargé à Londres de ravitailler la Résistance intérieure en hommes, argent, matériels, devenue en novembre 1943, la DGSS, Direction Générale des Services Secrets) avec lequel ils seront en relations opérationnelles sans jamais en dépendre. À la pénétration en Franche-Comté et en Lorraine vint rapidement s’ajouter celle en Alsace, du fait que Derringer y connaissait un certain nombre d’Alsaciens ayant servi au 5e Cuirassiers et qui ont pu se maintenir en Alsace annexée. Parmi eux le vétérinaire Charles Bareiss © animateur de l’un des premiers groupes de résistants alsaciens, qui a été arrêté, condamné à mort, mais a échappé à l’exécution. À Lyon, Derringer a été mis en rapport avec les dirigeants de la 7e colonne d’Alsace (Paul Dungler et Marcel Kibler en particulier) par le commandant (plus tard colonel) Guy d’Ornant, lui aussi ancien du 5e Cuirassiers et délégué de l’état-major de l’Armée auprès de ce réseau alsacien indépendant. C’est le GAD de Lyon qui a organisé, début 1942 l’évasion du général Giraud de la forteresse de Koenigstein en Saxe. Derringer a contribué à sa préparation avec l’aide de membres de la 7e colonne d’Alsace qui en assurèrent l’exécution. Il a accompagné, fin 1942 à Londres, le commandant Lejeune envoyé par le chef de l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée) constituée par les GAD dissous en même temps que l’armée d’armistice dès l’occupation par la Wehrmacht de la zone précédemment libre. Leur mission a été d’assurer la coopération entre ORA et BCRA, de même qu’entre ORA et SOE (Spécial Operations Executive) britannique. Tous deux ont rejoint la zone sud en février 1943. Henri Derringer a été encore à plusieurs reprises parachuté en France puis débarqué en Corse par sous-marin pour y préparer le débarquement allié. Il a finalement été parachuté dans les Vosges en juillet 1944 pour y combattre avec le Groupe Mobile d’Action-Vosges (Groupe Mobile Alsace) mis sur pieds par le réseau Martial. Il a commandé le maquis de Viombois, fort de 600 hommes, dont 400 ont été tués lors d’une puissante attaque de la Wehrmacht qui ne pouvait tolérer une telle menace sur ses arrières immédiats, alors que la 2e division blindée du général Leclerc s’approchait de Baccarat. De 1945 à 1954 le commandant Derringer a dirigé un service technique militaire dans le secteur français de Berlin. En 1954, promu lieutenant-colonel, il a commandé en Algérie un régiment de chasseurs à cheval jusqu’à sa retraite en 1958. Il est demeuré professionnellement actif à la société Nord-Aviation pendant dix ans au bout desquels il s’est installé à Bischoffsheim dans une maison dont le salon avait pour principal décor les éperons authentiques de Buffalo Bill offerts à Derringer par l’ambassadeur des États-Unis en France pour les services rendus au cours de la Seconde Guerre mondiale.

St. Cerny, « Histoire : le colonel Henri Derringer », Bulletin Municipal Bischoffsheim, juillet 2000 ; B. Metz, « Le colonel Henri Derringer », Bulletin de liaison de la BAL, 2002.

Bernard Metz et Jean-Paul Bailliard (2004)