Peintre (★ Granville 25.11.1870 † Saint-Germain-en-Laye 13.11.1943).
∞ I 1893 Marthe Meunier. ∞ II 1922 Elisabeth Graterolle. En 1888, Denis entra à l’Académie Julian où il fit la connaissance de peintres avec lesquels il forma le groupe symboliste des « Nabis » dont il devint, en 1890, le théoricien. À partir de 1895, il effectua de nombreux voyages en Italie où il subit l’influence de la Renaissance. Aussi revint-il à la tradition et prôna-t-il un « nouvel ordre classique ». Il ressentit aussi un profond sentiment religieux, car dès 1886, il se proposa de ramener l’art à son grand maître, Dieu. En 1919, il fonda avec Desvallières © et Rouault les Ateliers d’art sacré et entreprit, parmi d’autres commandes, de réaliser de nombreux décors d’églises. Si bien qu’en 1933, le chanoine V. Bourgeois © put écrire : « Nous espérons que Maurice Denis pourra un jour remplir de clarté et de beauté françaises une église d’Alsace ». Ce vœu se réalisa cinq ans plus tard. En effet, en 1935, la paroisse de Lapoutroie décida de décorer le chœur de son église, dédiée à sainte Odile. Le curé Gsell et Robert Gall ©, ancien élève du maître, s’efforcèrent de faire intervenir Denis. En 1936, le peintre, invité par le Frère Médard © à parler de l’art sacré moderne au FEC, en profita pour prendre des contacts et découvrir l’Alsace. Il revint dans la région en octobre de la même année pour visiter le Mont Saint-Odile et l’église de Lapoutroie. Pour le décor de cet édifice, il présenta d’abord des esquisses, puis des maquettes. En 1937, la commission diocésaine des monuments religieux et en particulier, l’abbé Walter ©, refusa le projet de Denis. Il fallut l’intervention de l’évêque, Mgr Ruch © pour qu’il fut finalement adopté. En mai 1938, le chantier fut ouvert et Denis fut assisté par Robert Gall © et Claude Voillaume. Il exécuta quatre peintures murales : « Etichon fait don à sa fille de Hohenbourg » , « La vie contemplative de sainte Odile », « Sainte Odile charitable » et « L’hommage de l’Alsace à sainte Odile ». Ces peintures furent des œuvres tardives, des années classiques empreintes d’un certain académisme, car Denis n’était alors plus un artiste d’avant-garde. D’ailleurs, lui-même jugea sévèrement son travail : « Il me semble que tout cela est bien sec, pas du tout enveloppé ». Il estimait que ces peintures « sont bien ennuyeuses, elles sont en zinc ».
V. Bourgeois, « Un chef d’œuvre d’art religieux. L’église de Lapoutroie décorée par Maurice Denis », La France de l’Est, août 1938 ; H. Vollmer, Allgem. Lexikon der bild. Künstler des XX. Jahrh., 1, Leipzig, 1953, p. 544-545 ; M. Denis, Journal, III, Paris, 1959 ; Dictionnaire de biographie française, 10, 1965, c. 1041-1045 ; L’art sacré au XXe siècle en France, Boulogne-Billancourt,1993, p. 93-95 ; F. Stahl, « Les peintures de M. Denis dans l’église de Lapoutroie », Bulletin de la Société d’histoire. de Lapoutroie, 1997, p. 93-107 ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, Paris, 4, 1999, p. 446-448 ; Saur, Allgem. Künstler-Lexikon, 26, München, Leipzig, 2000, p. 139-142 ; F. Stahl-Escudero, « Genèse des peintures du chœur de l’église Sainte-Odile de Lapoutroie (1938) », Bulletin de la Société Schongauer, 1997-2000, p. 242-256.
Roger Lehni (2007)