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DENAIS Pierre (DENAISIUS ou de NAY)

Juriste, (Pr) (★ Strasbourg 1.5.1560 † Heidelberg (RFA) 20.9.1610).

Fils de Didier Denais, marchand, ∞ Juliana Maria Cullmann, fille du vice-chancelier palatin Ludwig Cullmann (1544-1606). D’une famille huguenote lorraine (duché de Bar) réfugiée à Strasbourg, Denais a suivi les cours du gymnase de sa ville natale avant de poursuivre des études de droit à Padoue (1579-1581) puis à Bâle, où il fut fait docteur le 24.7.1583. Par la suite il fit carrière au service des princes électeurs palatins en tant que conseiller financier et juridique. À ce titre il intervint, notamment, dans le litige concernant le Grand Chapitre de Strasbourg (Straβburger Kapitelstreit) de 1584, siégea à la Diète impériale de 1586 et entreprit des voyages diplomatiques à la cour de Pologne et celle d’Élisabeth d’Angleterre. Le 17 août 1590 Denais fut installé en tant qu’assesseur « extraordinaire » à la Chambre impériale de Spire (Reichskammergericht). Denais a été le grand spécialiste de cette juridiction suprême dont il précisa les règles d’organisation et de procédure dans un précieux manuel, Jus Camerale, qui connut sept éditions entre 1600 et 1652 (avec chaque fois la liste des juges et des personnels de la Cour, plus la liste des notaires impériaux) et que M. Goldast a fait figurer, en 1613, dans la collection des lois et coutumes de l’Empire (Collectio consuetudinum et legum imperialium). Calviniste convaincu Denais a été un redoutable polémiste religieux, anticatholique et antijésuite. Il rédigea, entre autres, une réponse anonyme à un écrit mariologique de J. Lipsius, de Halle traduit en allemand et en latin d’un libelle de l’avocat au Parlement de Paris Antoine Arnauld dirigé contre les Jésuites, en y ajoutant des arguments nouveaux (1602-1603). De même il serait le traducteur anonyme en langue allemande du « Miroir des Princes » anglais de Jacques Ier », « Instructions to his dearest sonne, Henry the Prince » (1604). Denais est par ailleurs souvent cité comme auteur de poèmes en langue allemande, mais – curieusement – il ne reste pratiquement guère de trace de son oeuvre en ce domaine, à part un Hochzeitlied de 1596 et un sonnet en alexandrins de 1624.

Œuvres : Jùs Camerale, 1ere édition Strasbourg, Th. Richelius, 1600, 7e édition considérablement augmentée, Strasbourg, Eb. Zetzner, 1652, 856 pages ; Disputatio de iùre meri imperii in eos, qui Spirae constitùti, Judici Cameralis corpore, vel albo continentùr… 1600/1601 ; Dissertatio de idolo Hallensi, 1605, traduction néerlandaise de la même année. Il existe une réplique du parti catholique par Anastase Cochelet en 1607.

Bibliographie : Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 362-363 qui comme toutes les notices de dictionnaires ou de manuels (Allgemeine deutsche Biographie, V, p. 49 ; Gœdecke, Geschichte der deutschen Dichtung, 2. Aufl., t. II, p. 518, Dictionnaire de biographie française 10, 1965, col. 1013 où ce calviniste de choc apparait comme « jésuite ») semble avoir comme source unique les rares indications fournies par Jöcher, Gelehrten-Lexikon, II, col. 82.

La notice de Kurt Hannemann dans Neue Deutsche Biographie, III, 1957, p. 592-593 a enfin entrepris une synthèse nouvelle – À compléter, pour le rôle de Denais à Spire et à Heidelberg chez Volker Press, Calvinismus und Territorialstaat, 1970, p. 361 sv et p. 366 sv.

Sources : Procès-verbal d’installation de 1588 au Generallandesarchiv Karlsruhe, 67/927, f 197 ; 400 lettres inédites de Denais aux Bibliothèques Universitaires de Giessen et de Hambourg, cf. J. Ch. Wolff, Conspectus supellectilis epistolicae, Hamburg, 1736, p. 217-220.

Portrait : Gravure aux archives iconographiques de la Nationalbibliothek à Vienne.

Marcel Thomann (1986)