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DAVID Pascal

Journaliste, (C) (★ Düren 8.12.1850 † Strasbourg 27.3.1908).

Fils de Ludwig David, fonctionnaire prussien des Eaux et Forêts, et de Wilhelmine Hartleb. ∞ 1876 Magdalena Piazza ; 1 fils. Après des études au Gymnase d’Aix-la-Chapelle, David entra dans l’administration prussienne des Postes. En fonction à Constantinople de 1876 à 1879, pendant la guerre russo-turque, il accepta d’être correspondant du grand journal national-libéral rhénan, la Gazette de Cologne (Koelnische Zeitung). En 1880, il entra dans la rédaction de ce journal. En 1881-1882, la Gazette de Cologne et ses propriétaires, la famille Neven-Du Mont réalisèrent un projet depuis longtemps caressé par le président supérieur v. Moeller, et son entourage, en particulier le professeur Althoff, celui de fonder un journal national-libéral alsacien. Comme la Gazette de Cologne avait représenté le libéralisme prussien face à l’ultramontanisme catholique majoritaire en Rhénanie, et avait gagné une partie de l’opinion à l’unification allemande accomplie par la Prusse, un journal analogue devait faire de même en Alsace. Ce fut la Strassburger Post, qui publia son premier numéro le 24.3.1882. David, dont la famille avait des origines alsaciennes – elle s’était établie pendant le premier Empire dans le département de la Roer (chef-lieu Aix-la-Chapelle) – accepta d’en être le rédacteur en chef. Jusqu’à sa mort, il fut l’animateur de ce journal, qui s’était installé rue Thomann. Il ne déçut pas les espoirs qu’on avait mis en lui. David devint à partir de ce jour l’une des personnalités les plus importantes de la politique alsacienne. Nationale-libérale, la Strassburger Post entra vite en conflit avec le très conservateur Statthalter Manteuffel, et dénonça de façon acérée le « régime des notables » qui résidait à la base de son système de gouvernement. Elle devint le porte-parole des universitaires nationaux-libéraux, en particulier des socialistes de la chaire, regroupés alors autour de Lujo Brentano et du séminaire pour les sciences politiques – on l’appelait volontiers « la Professorenblatt » –. Elle prit en 1887 le parti de la fermeté politique et nationale associé à la modernisation des cadres de la vie économique et sociale, que l’on mena à bien de 1887 à 1900. Pendant cette période qui fut celle du Gouvernement du secrétaire d’État Puttkamer, la Post fut considérée comme l’organe officieux du gouvernement. Avec le déclin du Journal d’Alsace, l’ancien journal autonomiste, la Strassburger Post exprimait, outre l’opinion des universitaires libéraux allemands, celle de la haute fonction publique allemande et des milieux d’affaires, mais aussi de ce qui restait de l’autonomisme alsacien, rallié avec le député de Strasbourg Émile Petri au national-libéralisme. Ce fut incontestablement le journal le plus influent d’Alsace-Lorraine et il se hissa au niveau des plus grands quotidiens de la presse provinciale allemande. Mais son objectif, la libéralisation croissante de la vie politique et de la presse, avait pour la Post des inconvénients : son influence fut battue en brèche du côté libéral par les gros tirages des quotidiens strasbourgeois qui se situaient nettement sur le terrain des faits accomplis par l’annexion et édités eux-aussi par des journalistes d’origine vieille-allemande : la Strassburger Bürgerzeitung, libérale de gauche, les Strassburger Neueste Nachrichten journal libéral aussi, mais plus modéré. La presse d’opinion et de parti se développait également, en particulier la presse catholique. Au début du XXe siècle, la Strassburger Post, surnommé alors la « vieille tante de la rue Thomann » et David exerçaient encore une sorte de magistrature morale sur l’ensemble de la presse alsacienne. Très conservateur et tout à fait ouvert aux notables catholiques, le secrétaire d’État Koeller fut sur le pied de guerre avec David et la Post. David demanda en vain d’être relevé de ses fonctions : il restera une figure populaire de la vie publique strasbourgeoise, grâce à son intelligence et sa plume acérées et ses habitudes de vieux Strasbourgeois.

M. Berger, Pascal David und die politische Entwicklung Elsass-Lothringens 1882-1907, Munich, 1910 ; Der EIsaesser, 28.3.1908 (articler nécrologique) ; Neue Deutsche Biographie, 3, 1957, p. 534 ; G. Ritter, Die Elsass-Lothringische Presse im letzten Drittel des 19. Jahrhunderts, Strasbourg, 1933 ; Des Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia 1936, T. III, Das Zeitungswesen : une photo de Pascal David ; Biographisches Staatshandbuch, Bern, 1959-60, t. 1, p. 228.

François Igersheim (1986)