Universitaire, créateur et directeur de l’Institut du Travail de Strasbourg (I puis C) (★ Villeurbanne, Rhône, 9.2.1920).
Fils d’Ernest David, assassiné par des agents français de la Gestapo, 22.7.1944, et de Clémence morte en déportation. ∞ 1944 Renée Moerel, 3 enfants. Marcel David commença en 1937 des études supérieures d’histoire (en même temps que son ami Georges Duby) et de droit à Lyon. Mobilisé en juin 1940, puis versé dans les Chantiers de Jeunesse jusqu’en février 1941, il ne fut pas autorisé à se présenter à l’agrégation d’histoire et de géographie en raison du statut des Juifs. Il soutint sa thèse de droit en 1942. Il participa à la Résistance dans le réseau Gallia-Katanga, puis au maquis. Sa fiancée arrêtée par la Gestapo en novembre 1943 échappa à la déportation. Les deux jeunes gens se convertirent au catholicisme et se marièrent en 1944.
Marcel David était à cette époque très influencé par Emmanuel Mounier et la revue Esprit. Agrégé d’histoire du droit et de droit romain en 1947, il fut nommé professeur à la faculté de Droit de Strasbourg. Il enseignait également à l’Institut de Droit canonique. A la demande des membres CFTC des comités d’entreprise d’Alsace, il commença de se préoccuper de l’accès du monde du travail à l’université par le biais de la formation des militants syndicaux. À partir de 1954, il réussit à intéresser à un projet de réseau d’éducation supérieure ouvrière les dirigeants de la CFTC (Théo Braun ©, Gérard Esperet, Raymond Lebescond), de la CGT (Marc Piolot, Gaston Monmousseau, Benoît Frachon) et de FO (Georges Vidalenc, Robert Bothereau). Le projet fut affiné à l’occasion d’un colloque international organisé par l’Institut de Droit et d’Économie comparés de la faculté de Droit à Strasbourg en juin 1955. M. D. obtint ensuite l’accord des instances universitaires et des trois confédérations concernées. L’Institut du Travail fut créé officiellement le 13.12.1955 et Marcel David en fut le premier directeur. Son mode de fonctionnement servit de modèle aux huit autres Instituts du Travail créés ensuite dans les universités françaises. Devenu en 1960 professeur à la Faculté de Droit et des sciences économiques de Paris, puis à Paris I jusqu’en 1988, il dirigea le Centre de formation supérieure de l’Institut des Sciences sociales du Travail de cette université jusqu’en 1979. Prix Gobert de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Officier de la Légion d’honneur ; croix du combattant volontaire de la Résistance.
Le patrimoine foncier de l’Église de Lyon (984-1267), thèse de Droit Lyon, 1942 ; Études sur l’interdit « quod vi aut clam », Paris, 1947 ; « Le serment du sacre du IXe au XVe siècle », Revue du Moyen Age latin, 6, 1951 ; La souveraineté et les limites juridiques du pouvoir monarchique, Paris, 1954 ; La Formation ouvrière. Actes du Colloque international, Paris, 1956 ; Pour un bilan de la Formation ouvrière. Enquêtes sur les principaux types d’expériences nationales. Paris. 1957 ; L’éducation des adultes en Yougoslavie, Paris. 1961 ; Les travailleurs et le sens de leur histoire : L’individuel et le collectif dans la formation des travailleurs. Paris, 1976 ; Croire ou espérer. Paris, 1981 ; Témoins de l’impossible : militants du monde ouvrier à l’Université. Paris, 1982 ; Fraternité et Révolution française 1789-1799. Paris, 1987 ; Le Printemps de la Fraternité. Genèse et vicissitudes (1815-1851). Paris, 1992 ; Les fondements du social. De la IIIe République à l’heure actuelle. Paris, 1993 ; La souveraineté du peuple. Paris, 1996 ; Le Peuple, les Droits de l’Homme et la République démocratique. Paris, 2003.
Le Nouvel Alsacien, 30.6 et 6.7.1955 ; G. Poujol et M. Römer (dir,), Dictionnaire biographique des militants XIXe-XXe siècles. De l’éducation populaire à l’action culturelle. Paris. 1996, p. 105-106 ; Convergences. Études offertes à Marcel David. Quimper. 1991 (photo et bibliographie).
Léon Strauss (2004)
DAVID Marcel (complément)
† 2011.
Jacques Girault, « Ce que je crois savoir sur Marcel David », Le Mouvement Social, 2012/1, n° 238, p. 95-96.
Philippe Legin (août 2017)
