Skip to main content

DAUL Alfred

Homme politique, (C) (★ Roeschwoog 6.5.1893 † Schiltigheim 15.9.1973).

Fils de Louis Daul, charpentier, et de Thérèse Wilhelm. ∞ 24.4.1920 à Schiltigheim Louise Augustine Ory. Serrurier aux ateliers des chemins de fer à Bischheim, domicilié à Schiltigheim, il appartenait depuis 1912 au Syndicat des ouvriers des chemins de fer d’obédience social-démocrate. Blessé pendant la guerre, il adhéra au parti socialiste (1919) et fut l’un des fondateurs de la cellule communiste des ateliers de Bischheim (1921). À partir de 1925, il fut l’un des secrétaires de l’Union des syndicats de cheminots d’Alsace et de Lorraine (C. G. T. U. jusqu’en 1935, C. G. T. ensuite). Conseiller municipal de Schiltigheim (1925-1939), il resta fidèle au P. C. « ligniste » (P. C. F.) lors de la scission régionale de 1929. Déjà candidat aux élections législatives de 1924 et de 1932, c’est en 1936 qu’il battit, au second tour à Strasbourg-Campagne, Charles Frey © grâce au maintien de Jacques Fonlupt © et au désistement socialiste. Il fut ainsi le seul député du Front populaire en Alsace.

À la Chambre, Daul fut vice-président de la commission d’Alsace et de Lorraine. Malgré sa faible connaissance de la langue française, il devint le porte-parole du groupe communiste pour les affaires régionales. Le 26. 2. 1938, il proclama « la fidélité du peuple d’Alsace et de Lorraine à la République française et à ses institutions démocratiques » et condamna « la barbarie du régime d’oppression hitlérien ». Après Munich, il adressa à Daladier une lettre ouverte demandant un crédit d’un milliard de francs « pour relever la vie économique en Alsace et en Moselle » et réitéra cette revendication lors de la discussion du budget de 1939.

Après le pacte germano-soviétique, il chercha dans les derniers numéros de l’Humanité d’Alsace et de Lorraine à justifier le geste de Staline. À la suite de la dissolution du P. C. F., il figura parmi les membres du nouveau groupe parlementaire « ouvrier et paysan », ce qui provoqua le 8.10.1939, son arrestation à Saint-Junien (Haute-Vienne) et son transfert à la prison de la Santé. Dès le 9.10., il se désolidarisa de son ancien parti devant le juge d’instruction du Tribunal militaire de Paris et, le 14, il aurait adressé sa démission au groupe ouvrier et paysan. Il fut mis en liberté provisoire le 25.10. et bénéficia d’un non-lieu le 6.2.1940. Il fut pourtant déchu de son mandat par la Chambre (20.2.1940). À peu près à la même époque, la cellule clandestine des ateliers de Bischheim repliés à Périgueux l’aurait exclu du Parti communiste. En mai ou juin 1940, il fut interné à Château-Sablou (Dordogne), où il resta jusqu’à son rapatriement en Alsace annexée (août 1940). De septembre 1940 au printemps 1941, il fut interné au camp de Schirmeck. Libéré, il retourna aux ateliers de Bischheim, mais en fut écarté à l’instigation de Paul Schall ©, semble-t-il. Il travailla ensuite comme auxiliaire au dépôt de Strasbourg. Le 20 août 1944, il fut à nouveau envoyé à Schirmeck. À l’évacuation de ce camp, il fut transféré au camp de Haslach (Bade). En septembre 1945, après la publication de ses souvenirs de déportation, il fut arrêté mais, traduit devant la chambre civique de Strasbourg, il fut acquitté. Il s’abstint désormais de toute activité politique. Il eut des obsèques religieuses.

Publications : Humanité d’Alsace-Lorraine, 1923-1939, passim ; « Im Höllenlager Vulkan », L’Alsace libérée, août 1945.

Archives départementales du Bas-Rhin, AL 102 paq. 47. Archives nationales, F7 13130, 13669, 13672 ; Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, t. IV ; Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français sous la direction de J. Maitron, t. 24 ; Encyclopédie de l’Alsace, t. 4 ; G. Walter, Histoire du P.C.F., 1948 ; A. Rossi, Les communistes français pendant la drôle de guerre, Paris, 1951 ; F.-G. Dreyfus, La vie politique en Alsace, Paris, 1969 ; G, Rossi-Landi, La drôle de guerre, Paris, 1971 ; Le Nouvel Alsacien, 19.9.1973 ; J. Fauvet. Histoire du P. C. F., Paris, 1 977 ; P. J. Schaeffer, L’Alsace entre l’Allemagne et la France, Metz, 1977 ; B. Reimeringer, « Un communisme régionaliste ? Le communisme alsacien, » Régions et régionalisme en France, Paris, 1977 ; A. Wahl, Confession et comportement politique dans les campagnes dAlsace et de Bade, t. 2, Strasbourg, 1980 ; Ch. Baechler, Le parti catholique alsacien, Paris, 1982 ; P. Pelissier, « Diversité du communisme bas-rhinois de l’entre-deux-guerres », Revue d’Alsace, 1984 ; L. Strauss, « Le P. C. F. en Alsace-Lorraine », Actes du colloque : Le P. C. F. de 1938 à 1941 (à paraître).

Léon Strauss (1986)