Romaniste (PI) (★ Thann 14.4.1886 † Rome 19.4.1956, inhumé à Fribourg-en-Brisgau).
Fils de 1. Etudes : Realschule Thann, Gymnasium prot. Strasbourg, Université de Strasbourg, Berlin, Heidelberg. 1913 Privatdozent, puis professeur de langues romanes à Bonn, Marburg, Heidelberg et, encore une fois, à Bonn où, en 1951, il prit sa retraite comme professeur émérite. Jeune étudiant il se sentit attiré par l’activité littéraire française en parcourant la Nouvelle revue française et les Cahiers de la Quinzaine que lui passait Albert Schweitzer ©, alors hôte régulier de la famille C. Il s’enthousiasma pour l’étude des langues romanes et débuta dans la carrière philologique, en 1913, avec une édition critique du Livre des Rois en vieux français et un important travail sur le moine Guibert de Nogent. Une étude sur Ferdinand Brunetière fut suivie, après la guerre 1914-18, d’un ouvrage déjà considéré comme un maître livre, Die literarischen Wegbereiter des neuen Frankreichs, dans lequel il présenta André Gide, Romain Rolland, Paul Claudel, Charles Péguy. Le voici résolument sur la voie de la critique littéraire comparée. Il entra en relations épistolaires et amicales avec nombre d’écrivains en vogue, fréquenta les réunions culturelles de Pontigny, disséqua Proust, élargit ses informations littéraires et publia en dehors d’innombrables études dans les revues les plus diverses, une série d’ouvrages qui accrurent son autorité de philologue et qui constituèrent, aussi, autant de contributions au rapprochement franco-allemand tant recherché entre les deux guerres. Le livre le plus célèbre, Die französische Kultur, parut en 1932. Il s’adressait aux Français alors qu’une autre publication, sortie à la même époque, Deutscher Geist in Gefahr, mettait son pays en garde contre la barbarie culturelle qu’incarnait la montée du national-socialisme. En 1954 C. fut promu docteur honoris causa de la Sorbonne. Il fut le troisième Allemand depuis 1914 et le premier depuis 1933 à être élevé à cette dignité.
Ferdinand Brunetière. Beitrag zur Geschichte französischer Kritik, Strasbourg, 1914 ; Die literarischen Wegbereiter des Neuen Frankreich, Potsdam, 1919 ; Maurice Barrès und die geistigen Grundlagen des französischen Nationalismus, Bonn, 1921 ; Balzac, Bonn, 1923 (traduction française de H. Jourdan, Paris, 1933) ; Französischer Geist im neuen Europa, Stuttgart, 1925 ; Die französische Kultur, Stuttgart, 1930 (traduction française de J. Benoist-Méchin en 1932 sous le titre Essai sur la France ; Europäische Literatur und lateinisches Mittelalter, Berne, 1948 ; Kritische Essays zur europäischen Literatur, Berne, 1950 (traduction française de Claude David, sous le titre Essai sur la littérature européenne, Paris, 1954 ; Französischer Geist im 20. Jahrhundert, Berne, 1952 ; Die französische Kultur forme le t. 1 d’un ouvrage en deux volumes sur la France, Berne, 1975.
G. Davis, « Eloge de M. Ernst Robert Curtius », Annales de l’Université de Paris, 1954, F. Schalk, « Nécrologies », Romanische Forschungen, 1957 ; R. Schröder, Die neue Rundschau, 1956 ; A. Bergsträsser, Querschnitt durch die deutsche Literatur und Kunst der Gegenwart, 1956-57 ; H. Friedrich, Bibliothèque d’Humanisme et de Renaissance, 1956 ; F. Bentmann, Die neueren Sprachen, 1956 ; G. Rohlfs, Archiv für das Studium der neueren Sprachen, 1956 ; NDB, 1957 ; Freundesgabe für Ernst Robert Curtius zum 14. April 1956 (Bibliographie des écrits de R. Curtius) ; J. Baumann, « L’esprit public à Thann vers la fin du XIXe siècle. Les deux Curtius », ASTHTG, 1976-77.
Joseph Baumann