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COULAUX Jacques

Industriel et banquier (∞ Huningue 1762 † Strasbourg 13.9.1834).

Fils de Julien I, directeur des ateliers d’armes de Huningue et de Marguerite Quiqueri. ∞ Anne-Marie Sutterlin de Huningue († Strasbourg 21.5.1834). Jacques C. s’établit à Strasbourg, y ouvrit un atelier de montage et de réparation de fusils, mais resta entrepreneur des ateliers de réparation d’armes de Huningue. En 1801 il installa son frère Julien II à la tête de la Manufacture d’armes blanches de Klingenthal créée en 1730. Julien II était mandataire de son frère avec la qualité d’entrepreneur et la gestion se faisait sous la raison « Coulaux Frères ». Les guerres napoléoniennes favorisèrent l’essor de l’entreprise malgré la création d’une manufacture à Versailles et la concurrence de Solingen. Le fer était principalement fourni par les aciéries de Framont et de Rothau, propriétés de Louis Champy ©. Une médaille d’or fut décernée aux armes de Klingenthal à l’Exposition de 1806. L’invasion des armées coalisées contre l’Empire provoqua en 1815 la fermeture provisoire des ateliers. En 1827 Julien II C. remporta le concours national pour la fabrication de cuirasses résistantes au tir de fusil. La Monarchie de Juillet décida en 1830 le transfert des établissements de la frontière de Maubeuge, Charleville et Klingenthal à Chatellerault (manufacture créée en 1819). La dernière commande de cuirasses par l’Etat fut passée en 1835. Julien II C. attribua la décision gouvernementale aux intrigues du Maréchal Soult, propriétaire d’acieries dans le Tarn, à qui on avait refusé la livraison d’acier pour Klingenthal après le concours de 1825-27. La manufacture royale d’armes blanches de Klingenthal fut vendue par les Domaines. Julien B. en fit l’acquisition. Il poursuivit la fabrication des armes blanches – décorées par F.X. Bisch © – pour le commerce privé, il tenta celle de charrues et se lança fructueusement en 1841 dans celle des faux forgées alors importées d’Allemagne. Il confia l’affaire à son fils Julien III, mais le décès de celui-ci le 5.12.1840 la fit passer à Charles Louis.

Jacques C. s’était vu confier par le général Moreau la remise en état du matériel de son armée en 1801 et avait obtenu, l’année suivante, de Bonaparte, Premier Consul, un traité garantissant la fabrication des armes à feu pendant 90 ans. Il loua à cet effet le château épiscopal de Mutzig dont les dépendances avaient été transformées dès 1793 en ateliers d’armes. Il l’acquit en 1803 pour une somme de 36 000 livres. Les frères Coulaux s’étaient engagés à établir une manu- facture d’armes à Mutzig, à livrer 20 000 fusils en vingt mois. Ils obtenaient l’exclusivité de la fourniture des armes dans les Directions de Stras- bourg, Mayence et Brisach. Un atelier complémentaire fut ouvert à Molsheim en 1806 ; il était dirigé par un beau-frère, Jacques Bauer. Jacques C. décida en 1818 d’y installer une fabrique d’articles de grosse quincaillerie ou articles de Remscheid (d’où l’on fit venir des ouvriers grâce à Guillaume Goldenberg © et à Mannesman) : scies, faulx laminés, ressorts. Une école fut ou- verte en 1820 pour les enfants de ces ouvriers. Dès 1813 Jacques C. avait acquis un moulin et ses annexes à Gresswiller où furent installés 7 laminoirs en une vingtaine d’années. L’acier pro- venait des forges de Baerenthal qui après avoir été exploitées en location furent achetées en 1826. Les deux frères Coulaux s’intéressèrent entre 1808 et 1832 à l’exploitation de houille dans le val de Villé. On estime qu’en 1810 deux mille ouvriers travaillaient pour eux dont la moitié à Mutzig. Ces riches industriels fondèrent une banque à Strasbourg en 1817. Jacques C. figurait alors sur la liste des 30 électeurs les plus imposés du département ; il était le plus imposé en 1830. Il fut nommé conseiller général du Bas- Rhin de 1831 à 1833. A sa mort, ses biens revinrent aux ayant-droits des familles Sutterlin et Coulaux (Julien II dit l’aîné et ses fils Julien III dit le jeune et Charles Louis).

 

Gass, Mutzig, la cité, le château des Rohan, la Manufacture nationale d’armes, in La Vie en Alsace, 1927, p. 65-76 ; ibid, Bibliographie mutzigeoise, Nancy, 1943, 14 p. ; R. Darge, L’Histoire des Fabriques d’armes de Klingenthal et de Mutzig, 1952, 60 p. ; P. Leuilliot, L’Alsace au début du XIXe siècle, 1959-60, 31 (voir index, t. III, p. 490) ; L. Martin, Répertoire numérique de la Série N, ABR, Strasbourg, 1955, p. 39 ; Himly, p. 200 ; M. Hau, L’industrialisation de l’Alsace, 1803-1939, Thèse de doctorat ès lettres, Nanterre, 1985, dactyl., p. 192, 456, 573.

Jean-Pierre Kintz