Homme de guerre (★ v. 1340 † Bithynie 18.2.1397). Fils d’Enguerrand VI et de Catherine d’Autriche, fille de Léopold II. ? Isabelle d’Angleterre, fille du roi Edouard III.
Sous prétexte de recouvrer la dot de sa mère, E. de C. chercha à deux reprises à faire valoir ses droits sur l’Alsace autrichienne. Sa première tentative eut lieu en 1369 : elle avait été préparée par une alliance avec le comte de Montbéliard Etienne de Monfaucon et le comte de Thierstein, avec l’appui ouvert du grand bailli de Haguenau. Faute de moyens, elle se borna à une promenade militaire au sud des Vosges. Le 24 septembre, depuis Masevaux, C. lança un manifeste aux villes d’Empire et affirma ses prétentions sur le pays.
En 1375, les conditions furent nettement plus favorables. Poussé par Charles V, qui voulait éloigner du royaume les compagnies inemployées depuis la trêve de Bruges, C. lança une offensive de grande ampleur. Pénétrant en Alsace par le Col de Saverne au courant de l’automne, ses routiers étaient au nombre de 16 000 et comptaient plusieurs milliers de mercenaires anglais. Le duc d’Autriche Léopold III se replia sur la rive droite du Rhin, notamment à Brisach et conduisit une sorte de guérilla contre l’envahisseur. Rejoints par leur chef, les « Anglais » demeurèrent pendant six semaines dans les terres autrichiennes, incendiant quarante villages, pillant des maisons religieuses (Schoenensteinbach, les Franciscains de Thann), assiégeant ou occupant plusieurs villes (Altkirch, Guebwiller, Wattwiller). Après s’être heurtés aux Confédérés suisses qui les surnommaient « Gügler » (encapuchonnés), en raison de leur coiffure, en décembre 1375 et en janvier suivant, les Anglais battirent en retraite. Par le traité de Wattwiller (13 janvier), C. renonça à ses projets annexionnistes moyennant quelques compensations (les fiefs du comte de Nidau, la ville de Büren). Ses troupes, décimées par les Suisses, se replièrent peu après.
Bardy, « E. de C. et les Grands Bretons en Alsace et en Suisse, 1368-1376 », RA 1856, p. 444-464. R. Bott, Die Kriegszüge der englischfranzösischen Sold- Kompanien nach dem Elsass und der Schweiz unter der Regierung Kaiser Karls IV., Halle, 1891. B. Tuchman, Un lointain miroir, Paris, Fayard, 1979.
Georges Bischoff