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CONSTANT Benjamin (CONSTANT de REBECQUE Benjamin)

Homme politique, doctrinaire et écrivain, (Pr) (★ Lausanne 25. 10. 1767 † Paris 8. 12. 1830).

Fils de Juste de C. officier et de Henriette de Chandieu. Descendant d’une famille de huguenots réfugiés en Suisse, C., après des études aux Universités d’Erlangen et d’Edimbourg, et une brève carrière de Chambellan du Duc de Brunswick, entama en 1794 sa liaison avec Madame de Staël. Reconnu citoyen français en mars 1798, il est nommé membre du Tribunat par Bonaparte après le 18 Brumaire. Il en fut exclu en 1802 et exilé en Allemagne où il composa la plus importante partie de son œuvre littéraire qui en fait à la fois un historien de la pensée religieuse, un romancier intimiste et un doctrinaire politique. Revenu à Paris en 1814, Napoléon le chargea en 1815, de rédiger l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire et le nomma conseiller d’Etat. D’abord réfugié en Angleterre, C. après la dissolution de la Chambre Introuvable, regagna Paris et, en 1816, reprit sa place dans l’opposition constitutionnelle. Elu député de la Sarthe en 1819, il devait être, en dépit des faiblesses de son caractère, une des personnalités les plus populaires du parti libéral. Orateur brillant et incisif, il entra en relations suivies avec les milieux libéraux alsaciens et plus particulièrement avec le patriciat industriel de Munster et de Mulhouse, des Hartmann © et des Dollfuss ©. Ce fut cependant à Strasbourg que l’opinion libérale l’accueillit avec le plus de ferveur. Ses origines protestantes, sa défense de la liberté contre tous les pouvoirs indistinctement, sa condamnation de la violence et de la réaction, mais aussi du désordre et des menées séditieuses, l’ironie de sa parole, comme la clarté de sa pensée, furent infiniment goûtées du corps électoral bourgeois et cultivé de la grande cité alsacienne. De passage à Strasbourg en 1811, puis chaque année à partir de 1823 sur la route de Bade où il se rendait aux eaux, il fut introduit dans la société politique locale, par son ami Coulmann © de Brumath. Sa campagne strasbourgeoise lors des élections de 1827, fut triomphale et vit une succession de manifestations populaires en sa faveur, comportant aubades, concerts, cortèges illuminés sur l’III, dîners multiples offerts au candidat. Son retour en octobre fut suivi de banquets populaires et d’une guerre de pamphlets avec le préfet Esmangart ©. Après divers séjours à Munster, Colmar et Bischwiller, où eurent également lieu fêtes et banquets, le scrutin des 17 et 24 novembre amena l’élection de C. par 124 voix sur 243 votants contre 108 à Humann ©. Elu en même temps à Paris, le nouveau député opta pour son siège alsacien. Désormais, toujours actif tenant du libéralisme politique, C., élu du commerce strasbourgeois, le fut également du libéralisme économique ainsi que des intérêts particuliers de Strasbourg et de l’Alsace, tels que le combat contre le monopole des tabacs et pour le transit colonial, qu’il défendit avec fougue et talent à la Chambre, en particulier en juin et juillet 1828 à la veille du voyage du roi Charles X en Alsace. Son souci de paraître, son attitude qui apparut presque servile aux côtés de Charles X en septembre, le fit sévèrement critiquer par les libéraux et brocarder par les royalistes. Cependant, à nouveau fêté en octobre, à Brumath, Bischwiller, Barr et Munster, il était redevenu à la fin de l’année « le roi de Strasbourg ». La politique de réaction appliquée par le Ministère Polignac allait renforcer l’opposition libérale et conforter la position strasbourgeoise de C. qui présida la fête civique populaire du 10. 10. 1829, et reçut le 11.10. de ses électeurs, un vase de vermeil de l’orfèvre Kirstein ©. La crise économique persistante et les rigueurs de l’hiver de 1830, aggravèrent la situation du Gouvernement et de la dynastie des Bourbons contre lesquels la Chambre libérale, le 18. 3., par l’intermédiaire des 221, engagea le combat. Banquets, sérénades et manifestations accueillirent les députés alsaciens libéraux après la prorogation des Chambres. L’opposition strasbourgeoise accrue par la dissolution de la Chambre le 16. 5. 1830, réélut C. le 24.6.1830 par 201 voix sur 275 votants. Un mois plus tard, la publication des ordonnances sur la presse provoquait la Révolution et la chute des Bourbons. Partisan de. Louis Philippe, C. fut appelé au Conseil d’Etat ; sujet à élection de ce fait, il fut à nouveau candidat à Strasbourg et réélu le 23.10.130 par 208 voix sur 237, mais il ne revit plus ses électeurs alsaciens.

 

On trouvera l’essentiel de la bibliographie sur B. C. dans « Autour des Trois Glorieuses 1830 – Strasbourg, l’Alsace et la liberté », Publication de la Société Savante d’Alsace, 1980, p. 66. Sur ses relations avec l’Alsace: Paul Leuilliot, « B. C. et l’Alsace » dans La vie en Alsace, p. 283 à 285; P. Leuilliot, « Benjamin Constant, député de Strasbourg et l’Alsace », Autour des Trois Glorieuses, o. c., 1980, p. 39 à 78; Jean-Pierre Aguet, « Benjamin Constant, député de Strasbourg, parlementaire sous la Monarchie de Juillet », Autour des Trois Glorieuses, o. c., 1980, p. 79 à 126; Etienne Hofmann, « Les relations de B. C. avec les milieux économiques de l’Alsace », Autour des Trois Glorieuses, o. c. 1980, p. 139 à 150. B. C. « une vie au service de la Liberté ». (pro Helvetia, Zurich, 1980).

Georges Fœssel