A Strasbourg, il s’est d’abord installé dans un hôtel sis 124 Grand-rue, puis en 1806, il racheta l’ancien hôtel de la princesse Christine de Saxe puis de l’abbaye de Neubourg, au 27.de la rue des Juifs (à l’époque n° 14). Il renforça parallèlement ses liens avec la Bourgogne en faisant en 1800 l’acquisition d’un château à Corgoloin et en se constituant un domaine viticole, avec des vignobles à Chambolle-Musigny, Morey Saint-Denis, Prémeaux, Corgoloin, Pommard, Volnay entre autres, ainsi que plusieurs chais et bâtiments d’exploitation. On lui attribue la création d’un des clos de Prémeaux. Vers 1812, Louis Ch. rajouta à ses entreprises la forge de Grendelbruch, entre Schirmeck et Klingenthal. En 1813 le préfet des Vosges estimait qu’il était le plus riche propriétaire du département et que son revenu annuel atteignait au moins 50 000 francs « sans compter le produit de ses usines ». Louis Ch. lui-même, en réponse à une enquête gouvernementale de 1811, indiquait que ses deux établissements de Rothau et de Framont employaient à cette époque 1350 personnes. Mais après l’Empire, les deux établissements ont décliné régulièrement, tant en raison de l’épuisement des mines de fer que de la concurrence du charbon.
En politique, Louis Ch. qui était resté sous la Révolution dans une prudente réserve, tout en adhérant aux idées girondines, devint en juin 1800 membre du conseil d’arrondissement de Saint-Dié, puis en mars 1802 membre du conseil général des Vosges, siège qu’il garda pendant de nombreuses années. En 1811, le ministre de l’Intérieur le nomma membre du Conseil des fabriques et manufactures. En 1815, pendant les Cent-Jours, il vint à Paris et au cours de la cérémonie du Champ de Mai, reçut des mains de Napoléon l’aigle destiné au département des Vosges. De retour à Framont, il aida matériellement à la formation des corps francs du Bas- Rhin, commandés par le colonel Nicolas Wolff ©.Retenu à Strasbourg en 1814 pendant le blocus de la ville, il ne put jouer aucun rôle pendant la défense de Rothau contre les troupes alliées, contrairement à ce qu’a avancé Chuquet (qui l’a confondu avec son cousin Etienne Champy, maire de Granfontaine). En août 1815, il se présenta sans succès à la députation. Soupçonné d’activités bonapartistes, il fut mis sous surveillance par les préfets des Vosges et du Bas-Rhin, ce qui n’empêcha pas le comte d’Artois de venir lui remettre la Légion d’honneur. Le 13.11.1820, il était enfin élu député des Vosges. Il siégea à la Chambre avec les constitutionnels jusqu’en 1824, ne fut pas réélu avant le 24 novembre 1827, et, les élections ayant été annulées, dut se représenter devant les électeurs en août 1828 ; il obtint alors une forte majorité et fut le seul de l’ancienne députation à conserver son siège. Pendant toute sa vie, il avait maintenu des liens étroits avec les princes de Salm, leur servant d’agent en France après leur émigration, les recevant ou organisant leur accueil à l’occasion de leurs passages sur le territoire (d’où un incident politique à Strasbourg en 1825-26).
Parmi ses enfants on peut citer outre Pierre © 3, Michel (1791-1848), maître de forges à Framont à la suite de son père ; ∞ 1816 Elisabeth Prost, de la famille des banquiers Mennet et Prost ; il résidait à Strasbourg dans l’ancien hôtel de Dietrich, place Broglie, et à Framont dans le nouveau château qu’il avait fait construire en 1837.
Archives de l’Ecole des Mines (Paris) et de l’Ecole du Bois (Nancy) ; P. Lévêque, La Bourgogne sous la Monarchie de Juillet, Paris, 1983, p. 95-96 ; ADBR ; AN ; AD des Vosges ABR, Archives de Dietrich (déposées) ; archives familiales ; Anonyme, Louis-Daniel Champy, maître de forges, député des Vosges, Paris, 1913.
Robert Lutz