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CHAMPY Louis

(★ Vitteaux 1. 11. 1763 † Strasbourg 18. 1. 1831).

Fils de Jean Ch. et Jeanne Chouard. fin 1788 à Strasbourg Eléonore Chouard, fille de Bernard Ch. ©. Après la mort de sa femme en 1781, son oncle et futur beau-père Bernard Chouard l’appelle auprès de lui en Alsace pour l’aider dans la gestion des mines et forges de Framont. D’abord commis aux forges, il en assuma la direction après 1786, date du décès de Bernard Chouard. Lors du renouvellement du bail de Framont avec les princes de Salm en octobre 1786, Louis Ch. devint l’un des baillistres, aux côtés de ses oncles Claude et Marc-Antoine Chouard. Après le décès de Marc-Antoine en 1788, la nouvelle répartition des parts dans l’entreprise donne un tiers à Louis Ch., un tiers à Claude Chouard, et un tiers aux enfants de Marc-Antoine Chouard. Sa femme était la nièce de Michel Thomassin ©, avocat, qui joua un rôle important dans la municipalité de Strasbourg. Thomassin introduisit Louis Ch. et son frère Claude dans le cercle des familiers de Frédéric de Dietrich ©. Dans les années qui suivirent, il a considérablement développé Framont, donnant du travail à quelque 1100 personnes. Il se mêla peu de politique sous la Révolution, sauf pour adhérer à la Société des amis de la Constitution de Strasbourg en février 1790 (il suivit ensuite ses amis politiques au club de l’Auditoire), et pour intervenir en février 1793 à Paris auprès de la Convention, en faveur des habitants de la principauté de Salm, menacés de famine par le décret d’interdiction des exportations de blé. En juin 1792, Louis Ch. était devenu seul baillistre des forges de Framont à l’occasion de la signature d’un nouveau bail avec le prince de Salm. Après la réunion de la principauté à la France en mars 1793, ce bail fut entériné en juillet de la même année par le directoire du département avec quelques modifications, et Ch. devint fermier des forges nationales de Framont. En 1796, les forges ayant été mises en vente comme bien national, il racheta les forges de Framont à la Nation. D’autre part, il négocia avec les héritiers de Jean et Frédéric de Dietrich l’acquisition des mines et forges de Rothau. La qualité des fers produits par les deux forges leur permit d’être sous l’Empire un fournisseur privilégié des manufactures d’armes de Klingenthal et de Mutzig, ainsi que de l’arsenal de Strasbourg. En 1800, Louis Ch. participa à la nouvelle société des Forges du Bas-Rhin en qualité d’actionnaire et de cogérant, aux côtés de Jean-Albert de Dietrich. Il racheta par ailleurs aux Dietrich en 1806 l’important domaine seigneurial du ban de la Roche qui, outre le château de Rothau et plusieurs fermes, comprenait quelque 2000 hectares de forêts. Il augmenta encore son patrimoine forestier par l’achat en 1820 des forêts des Choiseul-Meuse. Sur l’ensemble ainsi constitué, il pratiqua une sylviculture active.

A Strasbourg, il s’est d’abord installé dans un hôtel sis 124 Grand-rue, puis en 1806, il racheta l’ancien hôtel de la princesse Christine de Saxe puis de l’abbaye de Neubourg, au 27.de la rue des Juifs (à l’époque n° 14). Il renforça parallèlement ses liens avec la Bourgogne en faisant en 1800 l’acquisition d’un château à Corgoloin et en se constituant un domaine viticole, avec des vignobles à Chambolle-Musigny, Morey Saint-Denis, Prémeaux, Corgoloin, Pommard, Volnay entre autres, ainsi que plusieurs chais et bâtiments d’exploitation. On lui attribue la création d’un des clos de Prémeaux. Vers 1812, Louis Ch. rajouta à ses entreprises la forge de Grendelbruch, entre Schirmeck et Klingenthal. En 1813 le préfet des Vosges estimait qu’il était le plus riche propriétaire du département et que son revenu annuel atteignait au moins 50 000 francs « sans compter le produit de ses usines ». Louis Ch. lui-même, en réponse à une enquête gouvernementale de 1811, indiquait que ses deux établissements de Rothau et de Framont employaient à cette époque 1350 personnes. Mais après l’Empire, les deux établissements ont décliné régulièrement, tant en raison de l’épuisement des mines de fer que de la concurrence du charbon.

En politique, Louis Ch. qui était resté sous la Révolution dans une prudente réserve, tout en adhérant aux idées girondines, devint en juin 1800 membre du conseil d’arrondissement de Saint-Dié, puis en mars 1802 membre du conseil général des Vosges, siège qu’il garda pendant de nombreuses années. En 1811, le ministre de l’Intérieur le nomma membre du Conseil des fabriques et manufactures. En 1815, pendant les Cent-Jours, il vint à Paris et au cours de la cérémonie du Champ de Mai, reçut des mains de Napoléon l’aigle destiné au département des Vosges. De retour à Framont, il aida matériellement à la formation des corps francs du Bas- Rhin, commandés par le colonel Nicolas Wolff ©.Retenu à Strasbourg en 1814 pendant le blocus de la ville, il ne put jouer aucun rôle pendant la défense de Rothau contre les troupes alliées, contrairement à ce qu’a avancé Chuquet (qui l’a confondu avec son cousin Etienne Champy, maire de Granfontaine). En août 1815, il se présenta sans succès à la députation. Soupçonné d’activités bonapartistes, il fut mis sous surveillance par les préfets des Vosges et du Bas-Rhin, ce qui n’empêcha pas le comte d’Artois de venir lui remettre la Légion d’honneur. Le 13.11.1820, il était enfin élu député des Vosges. Il siégea à la Chambre avec les constitutionnels jusqu’en 1824, ne fut pas réélu avant le 24 novembre 1827, et, les élections ayant été annulées, dut se représenter devant les électeurs en août 1828 ; il obtint alors une forte majorité et fut le seul de l’ancienne députation à conserver son siège. Pendant toute sa vie, il avait maintenu des liens étroits avec les princes de Salm, leur servant d’agent en France après leur émigration, les recevant ou organisant leur accueil à l’occasion de  leurs passages sur le territoire (d’où un incident politique à Strasbourg en 1825-26).

Parmi ses enfants on peut citer outre Pierre © 3, Michel (1791-1848), maître de forges à Framont à la suite de son père ; ∞ 1816 Elisabeth Prost, de la famille des banquiers Mennet et Prost ; il résidait à Strasbourg dans l’ancien hôtel de Dietrich, place Broglie, et à Framont dans le nouveau château qu’il avait fait construire en 1837.

Archives de l’Ecole des Mines (Paris) et de l’Ecole du Bois (Nancy) ; P. Lévêque, La Bourgogne sous la Monarchie de Juillet, Paris, 1983, p. 95-96 ; ADBR ; AN ; AD des Vosges ABR, Archives de Dietrich (déposées) ; archives familiales ; Anonyme, Louis-Daniel Champy, maître de forges, député des Vosges, Paris, 1913.

 

Robert Lutz