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CAPPLER

(Cappeler, Kappler, Cappelaire, de Capella),

Famille noble du Sundgau (Xllle-XVIIe), cités parmi les vassaux des Ferrette, puis des Habsbourg, les Cappler tiennent vraisemblablement leur nom de Lachapelle-sous-Rougemont (et non de Kappelen). Wernher de Capella est mentionné en 1196 sous une forme latinisée. Au XIIIe siècle, la famille possédait des biens dans la vallée de la Largue ; une de ses branches se fixa à Mulhouse. Au XIVe siècle, elle resta bien implantée dans le Sundgau occidental, notamment autour de Thann dont elle assurait, avec d’autres vassaux, la défense du château. En 1386, le chevalier Frédéric Cappler participa à la campagne du duc Léopold III contre les Confédérés suisses et périt sur le champ de bataille de Sempach. Mais la famille n’acquit vraiment son importance qu’au XVe siècle, avec Henri Cappler et ses deux fils : elle est alors enracinée dans la région de Masevaux, notamment à Gildwiller. Une branche cadette dont il est difficile de préciser la succession se maintint jusqu’à la conquête française.

J. Kindler von Knobloch, Oberbadisches Geschlechterbuch, t. II, Heidelberg, 1905, p. 243-244.

1. Henri,

bailli de Masevaux (★ début XVe siècle, † avant 1466, inhumé à Gildwiller). Fils de Henri Cappler ( ? ). ∞ Clarelse de Ferrette. Bailli de Masevaux à partir des années 1430, il prit part au raid des Neufchâtel contre les possessions des Hattstatt en 1436. En 1437, il reçut des fiefs de Maximin de Ribeaupierre dont il était un des proches. À plusieurs reprises, il se distingua par son animosité contre Mulhouse dont il captura des habitants (1443, 1446). Le duc d’Autriche le chargea d’assurer la coordination entre ses territoires et les seigneurs et les villes coalisés contre les Armagnacs (été 1445). Il fut régulièrement cité comme conseiller et siégeait au Landgericht, à Ensisheim.

Ph. Mieg, « Mulhouse pendant et après l’invasion des Armagnacs », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1971, p. 57-164.

2. Frédéric,

homme de guerre (★ v. 1435 † début 1506, inhumé à Masevaux). Fils de Henri Cappler ©. ∞ I Véronique Waldner (v. 1466), ∞ II Ursule de Hattstatt. Deux filles : Claranne et Clarelse (citées dans la première moitié du XVIe s.). Considéré comme l’un des plus fameux capitaines de son temps, il illustre révolution de la féodalité sundgovienne. À ses débuts, en 1465/1466, il participa aux raids de harcèlement menés par Pierre de Réguisheim contre les bourgeois de Mulhouse, En 1470, il passa au service de Charles le Téméraire : Pierre de Hagenbach © lui donna une compagnie de fantassins allemands stationnés à Brisach et lui confia peut-être même le commandement de cette ville pendant l’hiver 1473/1474. Il joua alors un rôle controversé. Sa participation à la révolte des Brisachois et à la capture du bailli fait l’objet d’un long développement dans la célèbre Reimchronik et dans un rapport adressé par lui-même au sire de Ribeaupierre. Rallié à l’archiduc Sigismond en avril 1474, il organisa un premier raid de représailles contre Blamont, en compagnie de son frère Guillaume © (été 1474) puis il prit part à la campagne d’Héricourt (novembre 1474). Nommé gouverneur de cette place, il repoussa une contre-attaque bourguignonne en mai 1475, reprit Luxeuil en novembre et mena la guérilla dans les Vosges, face à Étienne de Hagenbach. Fait chevalier à la veille de la bataille de Morat (22 juin 1476), il fut l’un des principaux capitaines de l’armée de la Basse-Union. De retour en Alsace à une date inconnue, Cappler siégea au Hofgericht d’Ensisheim à partir de 1485 et passa pour un des chefs de la noblesse. En 1487, lorsque l’archiduc Sigismond se lança dans des opérations de guerre contre Venise, il prit la tête des gentilshommes alsaciens envoyés au secours du Tyrol. Assiégé à Trente avec des effectifs réduits, il parvint pourtant à desserrer l’étau des Vénitiens et remporta une victoire éclatante près du village de Calliano, sur l’Adige (10 août 1487). Si l’on en croit le Livre des cent chapitres et des quarante status, ce succès aurait permis de briser définitivement la Sérénissime République. Quoi qu’il en soit, il valut à son auteur une réputation exemplaire — la bataille est représentée sur un des bas-reliefs du tombeau de Maximilien — et de grandes récompenses, notamment les fonctions de bailli de Masevaux. Accueilli en triomphateur à Innsbruck, il fit partie du conseil de régence imposé à Sigismond par la diète de Méran, en novembre suivant. C’est surtout sous le règne de Maximilien qu’il allait pouvoir donner toute la mesure de son talent militaire. En 1492/1493, il dirigea l’armée avec laquelle le souverain tentait de reprendre la Franche-Comté. Malgré les rigueurs de l’hiver et la médiocrité de ses troupes, il parvint à forcer le siège de Salins et à battre les Français au combat de Dournon : la bataille est célébrée par Sébastien Brant © dans un poème intitulé Von der erlichen Schlacht der Tutschen by Salyn (19 janvier 1493). Deux ans plus tard, on le retrouve en Italie, notamment au siège de Novare (1495). Philippe de Commynes le décrit comme « un vaillant chevalier et bien expérimenté tant en France que en Italie ». En 1498 et 1499 enfin, Cappler exerça d’importants commandements en Alsace, d’abord lors de la campagne avortée de Maximilien contre Louis XII (automne 1498) — il était alors capitaine de Belfort — puis lors de la Guerre souabe. Aux côtés du comte Henri de Furstenberg, il dirigea les opérations contre les Confédérés suisses. Blessé au cours de l’engagement du Bruderholtz, non loin de Bâle (22 mars 1499), il parvint à consolider les défenses du Sundgau et à former une armée très puissante comptant près de 10 000 soldats. L’affrontement décisif eut lieu le 22 juillet 1499, près de Dornach : il se solda par un désastre complet. Après la paix de Bâle (22 septembre), Cappler entra à la cour du duc de Wurtemberg qui lui donna les fonctions de bailli de Montbéliard. Sa dernière campagne se place en 1504, pendant la Guerre palatine : il était alors le commandant en chef de l’armée wurtembergeoise.

Th. Vulpinus, Ritter Friedrich Kappler, ein elsässischer Feldhauptmann aus dem 15. Jhdt, Strasbourg, 1896 ; Ph. Mieg, « Les difficultés de Mulhouse à l’époque de son alliance avec Berne et Soleure », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, t. 73-77 (1965-1969) ; G. Bischoff, Gouvernés et gouvernants en Haute-Alsace à l’époque autrichienne, Strasbourg, 1982 (iconographie) ; G. Bischoff, « Le Sundgau et la Guerre souabe de 1499 », Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau, 1982.

3. Guillaume

(★ v. 1440, † après 1500). Frère de Frédéric Cappler. ∞ Adélaïde Beger (∞ 1495 ? ). Sa carrière est parallèle à celle de son frère aîné. Le 17 avril 1466, il adressa son défi aux bourgeois de Mulhouse, en 1470, il adhéra à la Bourgogne contre laquelle il se révolta quatre ans plus tard. Pourtant, il ne parvint pas à égaler Frédéric dans les commandements ou les fonctions. En 1495, il fit sculpter son monument funéraire, dans l’église paroissiale de Soultzmatt : il y est figuré en armure, aux côtés de sa femme, à genoux devant une Annonciation. Ce monument est considéré comme le chef-d’œuvre de la sculpture du XVe siècle en Haute-Alsace.

Th. Walter, Alsatia superior sepulta, Guebwiller, 1904, p. 31-32.

Georges Bischoff (1985)