Juriste et homme politique (★ La Tronche, Isère † Paris 23.5.1970).
Fils d’Henri Capitant ©. ∞ 10.1.1931 Marie Thérèse Colas (★ Pierrepont 28.5.1908). 5 enfants, dont 3 nés à Strasbourg : Mathieu, François-Jean et Marie-Hélène. Avocat stagiaire à la Cour d’appel de Paris, puis, en 1929, chargé de cours à la Faculté de droit de Strasbourg. Il resta dans cette ville, après avoir passé l’agrégation de droit public en 1930, jusqu’à la déclaration de la guerre, comme professeur à la faculté, à l’école régionale d’architecture et au Centre d’études germaniques. En 1933-34 il avait obtenu une bourse de voyage de la Fondation Rockefeller pour étudier en Allemagne la montée du nazisme : il en résulta plusieurs études, qui ont fait date, sur l’idéologie nationaliste-socialiste. En 1936, il avait fait partie du cabinet de Léon Blum à la présidence du Conseil, tout en poursuivant son enseignement. Engagé volontaire en 1939, il fut affecté à l’état-major de la 5e Armée où il rencontra le futur général de Gaulle pour la première fois. Dès décembre 1940, alors qu’il militait déjà dans la Résistance, il demanda et obtint une mutation à l’Université d’Alger dans la chaire d’histoire du droit. C’est en Algérie qu’il fonda et dirigea le mouvement de Résistance « Combat ». En 1943, le général de Gaulle le nomma commissaire, puis ministre de l’Éducation nationale, poste qu’il conserva jusqu’en octobre 1945. Le 21 octobre 1945 il fut élu député du Bas-Rhin, mais échoua lors du scrutin de juin 1946. La même année, il fonda l’« Union Gaulliste». Élu dans la Seine le 10.11.1946, il fut battu dans l’Isère en 1951. Après le départ de de Gaulle il fut affecté à nouveau à la faculté de Droit de Strasbourg, pour une brève période (5.7.1951 au 30.9.1951, le titre de professeur honoraire lui fut décerné le 27 juin 1961). A partir de 1951, il fut affecté à la faculté de Droit de Paris. A cette époque, il était président du Conseil national du « Rassemblement du Peuple Français » (RPF). Parti au Japon, fin 1957, il y dirigea à Tokyo la Maison franco-japonaise. Il revint à Paris en 1960 et rejoignit ses amis de l’ « Union Démocratique du Travail » (UDT – gaullistes de gauche). Il fut élu député de la Seine en 1962, après un court stage (de mai à novembre 1962) comme conseiller juridique et technique à Alger. Réélu en 1967 et en juin 1968, il donna avec éclat sa démission le 21 mai 1968 pour ne pas avoir à voter la confiance au gouvernement Pompidou, le nom de ce dernier étant devenu « pour le public le symbole du capitalisme ». Trois jours plus tard, de Gaulle en fit néanmoins son garde des Sceaux – ministre de la Justice. Capitant a été le seul ministre à donner sa démission quelques heures après l’échec du référendum et le départ du Général, en avril 1969. Qualifié par ses amis « d’enfant terrible du gaullisme », il se définissait lui-même « admirateur du général de Gaulle ». Chevalier de la Légion d’honneur.
Principaux ouvrages : L’impératif juridique, 1928 ; La réforme du parlementarisme, 1934 ; Ecrits politiques, 1971 ; Démocratie et participation politique, 1972 ; Ecrits constitutionnels, 1982 ; cf. aussi « Le conflit scolaire en Alsace », Recueil hebd. Dalloz, 15.4.1937.
Archives de la faculté de Droit de Strasbourg ; Who’s who in France 1965-1966, p. 659 ; L. Dupeux, « René Capitant et l’analyse idéologique du nazisme », Francia, V, 1977, p. 627-637 ; B. Lavergne, In Mémoriam René Capitant, l’année politique et économique, 1970, p. 260-263 ; Dictionnaire de politique française, 1967 ; G. Orsini, « Un disciple contemporain de J.J. Rousseau : René Capitant », État et Pouvoir, Actes du colloque de Bastia, 1985, p. 155-171.
Marcel Thomann (1985)