Créatrice de la galerie parisienne (★ Guebwiller 16.2.1872 † Neuilly-sur-Seine 1.11.1946).
Fille de Jean Bucher, commis-marchand, et de Marie Josèphe Vogelweith ; sœur de Pierre Bucher ©. ∞ 1895 Fritz Blumer, pianiste suisse, élève de Franz Liszt ; 2 filles, Ève et Sybille. Divorce en 1921. Elle rejoignit son frère à Strasbourg et enrichit ses connaissances au contact très éclectique de son frère, notamment Anna de Noailles, Romain Rolland, Paul Claudel, Maurice Barrès et de nombreux peintres et musiciens. Fritz Blumer, devint son époux et lui fit rencontrer Busoni, Cortot et Backhaus. Sa rencontre avec le poète Charles Guérin suscita une correspondance pathétique jusqu’à la mort de celui-ci en 1907. Au début de la première guerre mondiale, la famille s’établit en Suisse. Jeanne Bucher s’engagea, comme infirmière volontaire, dans les hôpitaux militaires de Lyon jusqu’à fin 1915. Revenue en Suisse, elle rencontra Rainer Maria Rilke, Ramuz, les Pitoëff, Stravinsky, Auberjonois. Après son divorce et le décès de son frère, elle retrouva son ami Jean Lurçat qui l’engagea à se transplanter à Paris. Jeanne Bucher suivit les Pitoëff en assurant leur secrétariat et fonda une bibliothèque de livres étrangers. Elle accueillit de nombreux artistes étrangers qui déposèrent leurs œuvres, transformant un petit local de la rue du Cherche-Midi en galerie. Elle sut réunir autour d’elle Arp ©, Lipchitz, Masson, Lurçat, Max Ernst, Bauchant, Marcoussis, Mondrian, Tanguy, Giacometti, Torrès Garcia, Laurens, Pevsner, Klee, Braque, Picasso, Juan Gris, Kandinsky, Baumeister, Campigli, Vieira da Silva, Szenes, Hajdu, Lapicque et Nicolas de Staël. Elle fut soutenue par les conseils éclairés et amicaux d’experts comme les Dalsace, les Charreau, le Dr Cournand, Roland Penrose et Christian Zervos, fondateur de Cahiers d’art. Des éditions accompagnèrent les expositions : Histoire naturelle et La semaine de bonté de Max Ernst ; Il était une petite pie de Miro et Lise Hirtz ; Planche de salut de Marcoussis ; L’apocalypse de Hayter ; Ko et Ko de Vieira da Silva et Gueguen ; Les mains libres d’Éluard et Man Ray; Les œillades ciselées en branches de Bellmer et Hugnet. Les conséquences de la crise économique de 1929 affectèrent le développement de la galerie. Celle-ci, en s’associant à madame Cuttoli, devint Jeanne Bucher-Myrbor en 1935 et se déplaça au boulevard du Montparnasse. Ce fut durant la Seconde Guerre mondiale un lieu de résistance et d’affrontement direct, manifeste lors d’une exposition de Kandinsky réalisée en dépit de l’interdiction de l’autorité allemande. Après la Libération, elle rendit visite à ses filles à New York. De retour à Paris et de santé fragile, elle s’efforça de placer ses jeunes artistes, dont Nicolas de Staël, dans des galeries susceptibles de prendre leur sort en charge. Après sa mort, la galerie maintint le renom international de sa fondatrice.
Jean-François Jaeger (2004)