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BRUMBT Alphonse Désiré

Maire, (C) (★ Albé 8.9.1888 † Haguenau 24.7.1959).

Fils de Victor Brumbt, menuisier, et de Marie Odile Claire. ∞ à Woerth Mathilde Anne Singer. Après ses études secondaires à Sélestat, il étudia les mathématiques et la philosophie à l’université de Strasbourg de 1908 à 1914. A cette époque déjà il s’intéressait au journalisme et collabora à la rédaction du Schlettstadter Volksblatt. Après la guerre, après quelques années passées dans l’enseignement comme professeur de commerce dans un établissement de Strasbourg, il se consacra définitivement au journalisme en 1923, d’abord comme rédacteur en chef du Journal de Haguenau, puis des Dernières Nouvelles. Cette activité l’entraîna à intervenir dans le débat politique et à critiquer vivement, notamment sur les questions financières, l’équipe dirigeante de Haguenau de l’époque, le maire Weiss et son secrétaire général, Jean Keppi ©, sans oublier le conseiller général, conservateur du musée, Georges Gromer ©. En 1935, il se présenta aux élections municipales à Haguenau. Il fut élu au second tour, dans un climat tendu, à la tête d’une liste d’entente municipale, contre la liste UPR. À la suite d’un recours de cette dernière, le Conseil d’État annula, en mai, 1936 le second tour de l’élection de 1935. Brumbt fut confirmé triomphalement: sa « Liste d’union pour la liberté et l’honnêteté » remporta la totalité des 19 sièges. On peut avancer deux explications à ce large succès : d’une part la population semblait avoir été satisfaite de la gestion municipale depuis mai 1935, d’autre part la liste Brumbt, sur laquelle figuraient plusieurs éléments de gauche, avait bénéficié des retombées positives des accords de Matignon. Appelé sous les drapeaux comme officier de réserve, ce furent ses adjoints Jacques Meyer puis Joseph Lejeal qui assurèrent l’intérim à partir du 22.6.1940 jusqu’à l’occupation allemande. Ce ne fut qu’en décembre 1944, après la première libération de la ville, que Brumbt put revenir à Haguenau, pour peu de temps, puis en mars 1945 après la libération définitive. Un chantier énorme l’attendait : la reconstruction d’une ville « martyre », après les violents affrontements entre Américains et Allemands, entre janvier et mars 1945, de part et d’autre du canal de la Moder. Brumbt ne ménagea pas démarches et interventions, aussi bien à Strasbourg qu’à Paris. Mais lorsqu’il envisagea de couvrir la Moder de la gare jusqu’à l’ancienne Douane, le reste du cours d’eau dans la ville devant rester à ciel ouvert, canalisé et enjolivé par des berges fleuries, il dut s’incliner devant la décision de Paris, qui refusa de financer tout autre projet que la couverture totale de la Moder, jusqu’à proximité de la tour des Pêcheurs. De ce fait, cette opération de couverture de la Moder, que bien peu de Haguenoviens comprennent aujourd’hui, n’a sollicité les finances de la ville qu’à raison de 20 % du coût total. Dans le bilan du maire Brumbt on peut encore citer la remise en exploitation de l’usine à gaz, la construction du nouveau château d’eau, l’acquisition en 1955 de l’actuel hôtel de ville, des constructions d’écoles (notamment école de garçons Saint-Nicolas et maternelle Marxenhouse), l’implantation dès 1956 de nouvelles industries et l’amorce de la planification des futures zones industrielles et commerciales (création d’une Société immobilière industrielle en 1953). C’est lui également qui réalisa, avant 1939, l’extension de l’hôpital civil. Il mena une politique d’acquisitions foncières très utile également pour ses successeurs: ancien quartier Dahlmann (caserne de cavalerie) où purent s’installer la maison de retraite, le centre de secours principal des services incendie, des bâtiments scolaires (extension de l’école de garçons Saint-Georges et nouvelle école de filles Saint-Georges) ; ancien moulin de la Herse, où s’élevèrent par la suite la cité scolaire du quai des Pêcheurs, le hall des Sports et son grand parking ; terrains militaires du Langensand, de l’ancien hôpital militaire, route de Bischwiller. Il fut président de la Fédération des communes-propriétaires de forêts de France. C’est à son initiative qu’eut lieu, en 1956, la « Quinzaine de la forêt et bois », suivie en 1958 d’un « Panorama de l’Alsace du nord rurale ». Ces deux manifestations, qui attirèrent des milliers de visiteurs, symbolisèrent la renaissance de la ville, enfin sortie de la détresse et des destructions. Membre fondateur du Conseil des Communes d’Europe. On peut rappeler à cet égard qu’à l’occasion d’une rencontre au Musée historique, il échangea une poignée de mains avec le Bürgermeister Mühlenberg que les occupants avaient nommé à sa place en 1940, un homme apprécié d’ailleurs pour son comportement humain et dont le passage à Haguenau fut éphémère. Une poignée de mains symbolique, bien avant le traité de réconciliation signé en 1963 par le général de Gaulle et Adenauer, et le jumelage Haguenau-Landau. Preuve que lorsque les circonstances l’exigèrent, Brumbt sut prendre ses responsabilités. Ainsi, le 16.2.1953 il fit voter par son conseil municipal un texte concernant le procès de Bordeaux (Oradour-sur-Glane) : l’Alsace avait ressenti « comme un affront immérité de voir expier treize incorporés de force alsaciens » et avait demandé au gouvernement « de ne pas laisser à l’Alsace l’amertume, après l’abandon de 1940, de se voir abandonner une nouvelle fois ». C’est sous le maire Brumbt qu’une femme, Marie-Thérèse Heinrich, devint, pour la première fois, conseillère municipale. Président de l’Association des maires du Bas-Rhin de 1945 à 1959 et président de l’Association nationale des maires des communes de France. Officier de la Légion d’honneur en avril 1956.

Dossier Désiré Brumbt aux archives municipales de Haguenau (nombreuses coupures de presse ); G. Kessler, « Désiré Brumbt, maire de la ville de Haguenau de 1935 à 1959 », Études Haguenoviennes, NS tome VIII, 1982, p. 217-223 ; B. Mutschele, « Autonomisme et vie politique à Haguenau de 1924 à 1936 », ibidem, NS, tome 21 (1995), p. 193-252 ; J. -P. Grasser, G. Traband, Histoire de Haguenau des origines à nos jours, 2e édition, 2000, chapitre 13, Haguenau depuis 1945, pages 285 et s.

Jean-Paul Grasser (2004) [remplace et complète l’article publié en 1984]