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BRINI Mathilde

Universitaire, déportée politique, (Pl) (★ Strasbourg 14.12.1919).

Fille d’Émile Fritz, droguiste (★ Strasbourg) et de Mathilde Adam (★ Strasbourg). ∞ 22.6.1946 à Strasbourg Alfred Brini (★ Strasbourg), futur professeur d’ophtalmologie à la faculté de Médecine de Strasbourg ; 1 fils. Après avoir fréquenté le collège Lucie Berger, elle a poursuivi sa scolarité au lycée de jeunes filles à Strasbourg. Elle a été reçue en 1937 au baccalauréat série mathématiques élémentaires alors qu’elle avaitsuivi une filière littéraire classique jusqu’en classe de première (baccalauréat série A). Inscrite à la faculté des Sciences de Strasbourg en 1937, elle a préparé une licence de Sciences physiques achevée en 1940 à l’université repliée à Clermont-Ferrand. Sur les conseils de ses parents réfugiés à Grendelbruch, elle est restée dans la métropole de l’Auvergne. En 1942, elle a obtenu le diplôme d’études supérieures en chimie ce qui lui a permis d’œuvrer dans le laboratoire du professeur Albert Kirrmann © et de s’investir dans des recherches afin de soutenir une thèse de doctorat d’Etat.

Le 25.11.1943, Mathilde Brini a été arrêtée par la Gestapo à l’occasion de la grande rafle de
l’université de Strasbourg comprenant les professeurs, étudiants et techniciens de cette
université. Déportée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, Mathilde Brini a été transférée avec 200 de ses codétenues françaises dans un commando de ce camp, à
Zwodau dans les Sudètes (aujourd’hui Svatava en République tchèque) où elle a été soumise
au travail forcé pour l’usine Siemens (fabrication de pièces pour les fusées V2). Après la libération de Zwodau par les troupes alliées (7.5.1945), elle est revenue à Strasbourg afin de
reprendre ses recherches au laboratoire du professeur Kirrmann (lui aussi revenu de sa déportation au camp de Buchenwald). En octobre 1945, elle a été nommée assistante de chimie à la faculté de Strasbourg et a terminé sa thèse sur la synthèse et l’étude physico-chimiques de longues chaînes carbonées (1952). Promue chef de travaux (1956) puis maître de conférences au collège universitaire de Mulhouse nouvellement créé, elle y a enseigné la chimie avant de réintégrer la faculté des Sciences de Strasbourg et d’être nommée professeur sans chaire (1964) puis professeur à titre personnel (1968). À partir de 1964, elle a dirigé le laboratoire de synthèse organique, laboratoire associé au CNRS dont les recherches portèrent sur la synthèse de longues chaînes carbonées et leur étude spectroscopique infra-rouge (IR) et de résonance magnétique nucléaire (RMN). L’étude de la polymérisation de diènes conju-
gués fit aussi partie du domaine exploré. Mathilde Brini a pris sa retraite en 1981. Après sa retraite, Mathilde Brini se souvient de son séjour dans les camps et a participé à de nombreuses séances de témoignages (lycées, collèges, médias, divers..). Elle fait partie de la
Commission historique du Mémorial d’Alsace-Moselle de Schirmeck. Collaboratrice du
NDBA. Chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite ; Palmes académiques.

Un nombre important de thèses et de diplômes d’études supérieures ont été soutenus sur ces sujets. Les résultats de ces recherches ont été publiés dans diverses revues scientifiques :
Bulletin de la Société Chimique de France (BSCF), comptes rendus de l’Académie des Sciences ; Journal of Organo Metallic Chemistry (en anglais) ; Journal de Chimie Physique ; Colloque international de spectroscopie, Strasbourg, 1965 : (RMN Spectroscopie of some diphenyl-alkanes).

Participation à la publication de témoignages strasbourgeois : De l’Université aux camps de concentration : De Ravensbrück à Zwodau (1947 ; 4e édition, 1996, p. 407-418).

Thèse de doctorat : Synthèse et étude physique de quelques composés aléphatiques à longue chaîne, Strasbourg.

Jean-Pierre Kintz (2007)

BRINI Mathilde (complément)

† 22.3.2011.

« Hommage à Mathilde Brini », L’Actu, journal électronique interne de l’Université de Strasbourg, n° 42, 6.5.2011.

Philippe Legin (février 2017)